CPI : le leader des jeunes patriotes ivoiriens comparait devant les jugesLundi 29 Septembre 2014 - 12:13 Proche de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo qui est incarcéré à la Cour pénale internationale (CPI), Charles Blé Goudé, le leader des jeunes patriotes ivoiriens, comparait ce lundi 29 septembre devant la juridiction. Il est accusé de crimes contre l’humanité commis durant les violences post-électorales de 2010-2011 en Côte d’Ivoire. Durant quatre jours, la CPI devra prouver si les éléments qu’elle a pour poursuivre Charles Blé, en tant que co-auteur indirect de meurtres, viols, persécutions et actes inhumains sont suffisants. Il s’agira pour l’accusation de démontrer que le leader des jeunes patriotes est passible d’un procès pour des chefs d’accusation portés contre sa personne. En attendant de connaître la décision du parquet de la CPI sur ce sujet dans les soixante jours, la procureure, Fatou Bensouda a déjà fait savoir que l’ancien leader des jeunes patriotes, qui a été remis à la cour en mars dernier, avait durant les violences post-électorales suscitées, engagé sa responsabilité indirecte dans des meurtres, des viols et des actes de persécution. Elle a parlé des crimes perpétrés entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Charles Blé Goudé est aussi accusé d’avoir recruté et armés des jeunes pro-Gbagbo au lendemain de la présidentielle de novembre 2010. Par ailleurs, la défense devra contester les faits et présenter des éléments à décharge et le prévenu pourra en personne s’exprimer au terme de cette audience. Si la CPI a déjà annoncé qu’il y aura bel et bien un procès contre l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, l’on attend donc encore sa décision concernant la tenue ou non d’un procès dans l’affaire Charles Blé Goudé. Au cas où les charges contre le prévenu s’avèrent insuffisantes ou incomplètes, le procès ne pourra pas avoir lieu. Ce qui sera à l’avantage du leader de la jeunesse du Front populaire ivoirien (FPI) qui, lors de sa présentation devant la CPI en mars dernier, avait dit ne pas craindre un procès et s’estimait persuadé de rentrer chez lui innocenté. Sous la présidence de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé était ministre de la jeunesse. Avant sa nomination à ce niveau de responsabilité, il était déjà surnommé « général de la rue » pour sa capacité à mobiliser les jeunes. C’est à la fin des années 1990 lorsque Charles Blé Goudé assuma les responsabilités de secrétaire général de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’ivoire qu’il s’était fait connaître. Il sera arrêté et emprisonné à plusieurs reprises. Quelques années plutard, soit en 2002 pendant qu’il faisait des études en Grande Bretagne, Charles Blé Goudé quitta tout pour revenir en Côte d’Ivoire pour soutenir Laurent Gbagbo qui faisait alors face à une rébellion. Pour s’engager dans sa lutte politique, il créé un mouvement de jeunesse dénommé Alliance des jeunes patriotes pour le sursaut national. Deux ans plus tard, c’est à dire en 2004, il mobilise des milliers de jeunes qui manifestent violemment contre les ressortissants français, lorsque la France détruit les avions militaires ivoiriens. Les années qui suivent, lui permettront de se rapprocher de Laurent Gbagbo et d’accroître son influence parmi la classe politique de son pays. Et durant la crise post-électorale ivoirienne, il continue de mobiliser la jeunesse et la pousse à s’enrôler dans l’armée. Peu avant la chute de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé s’enfuit au Ghana. Il y sera arrêté en début 2013 et extradé immédiatement vers Abidjan en vertu d’un mandat international émis par la Côte d’Ivoire. Au mois de mars de l’année dernière, les autorités ivoiriennes le remettent à la CPI qui avait également émis un mandat contre lui.
Nestor N'Gampoula |