CPI : la Gambie emboîte le pas à l’Afrique du Sud et au Burundi

Mercredi 26 Octobre 2016 - 13:15

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Après Pretoria et Bujumbura, les autorités gambiennes ont annoncé, mardi, le retrait de leur pays de la Cour pénale internationale (CPI), accusant la juridiction internationale de passer sous silence les crimes de guerre des pays occidentaux.

Le ministre gambien de l’Information, Sheriff Bojang, a annoncé le 25 octobre dernier dans une déclaration télévisée, le retrait de son pays de la Cour pénale internationale (CPI). Incriminant cette Cour de « persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants », le ministre a dit déploré de la mauvaise politique de cette juridiction alors que selon lui, au moins 30 pays occidentaux ont commis des crimes de guerre depuis sa création – « sans être inquiétés ».

La décision de la Gambie était prévisible depuis quelque temps, puisque ses dirigeants ont tenté en vain de convaincre la CPI de poursuivre les pays de l’Union européenne pour la mort de nombreux migrants africains en Méditerranée. C’est ce qu’a affirmé Sheriff Bojang, précisant que son pays avait menacé de prendre des mesures s’il n’était pas entendu.

Craignant que d’autres pays africains ne suivent l’exemple des trois pays ci-haut cités, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et le président de l’Assemblée des Etats parties au traité fondateur de la CPI, le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba, ont appelé les pays critiques du fonctionnement de cette juridiction à ne pas s’en retirer. Ils ont plutôt souhaité que les différends, opposant la juridiction internationale avec ses membres soient réglés par le dialogue.

La décision de la Gambie de se retirer de la CPI a surpris tout le monde, car dans une interview accordée en mai à l’hebdomadaire Jeune Afrique, le président gambien, Yahya Jammeh, s’était opposé aux critiques de ses pairs africains envers la juridiction et sa procureure. « Les leaders africains râlent aujourd’hui. Mais pourquoi ont-ils signé (le traité ratifiant la CPI ; NDLR) en sachant qu’ils pouvaient en être victimes ? », avait souligné le chef de l’Etat gambien. Parlant spécifiquement de la procureure, Fatou Bensouda, qui est de nationalité gambienne, il soulignait :« Son job est difficile et, contrairement à ce que j’entends, la CPI ne vise pas spécialement l’Afrique ».

Notons que la décision de la Gambie de se retirer de la CPI constitue un revers personnel pour l’actuelle procureure, qui a été ministre de la Justice du président Yahya Jammeh. Hormis cela, plusieurs observateurs s’accordent pour dire que le retrait de la CPI va profiter à certains régimes dictatoriaux en Afrique, en ce sens qu’ils ne pourraient plus être poursuivis par la Justice internationale, étant donné qu’il n’y a pas de justice indépendante, transparente et fiable dans les Etats concernés.

Nestor N'Gampoula

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