Course à l'Elysée. La France en onze visages

Vendredi 21 Avril 2017 - 10:45

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Dimanche prochain, à 20 heures, sans doute, il ne restera plus que deux noms sur la liste des candidats à l’élection présidentielle française. Deux noms pour le second tour prévu le 7 mai, qui livrera son verdict le soir-même à la même heure. Les Français seront alors fixés sur la personnalité qui présidera aux destinées de leur pays les cinq prochaines années, l’Europe le sera sur l’allié avec qui elle aura ou n’aura pas affaire, le monde sur son nouvel interlocuteur, l’Afrique sur le partenaire avec qui améliorer les rapports historiques en attente de l’être dans plusieurs domaines.  

Il est vrai qu’à quelques heures de ce scrutin que l’on dit indécis, les électeurs français ne savent pas qui des onze prétendants prendra leur destin en main. Ce n’est pas pour dire que chacun d’eux ne sait pas pour qui il votera, au contraire, et cela a toujours été ainsi dans ce genre d’exercice chacun placera toute sa confiance dans l’acte qu’il posera et dans le fait de voir son préféré l’emporter. Au bout du compte, il restera à celui ou à celle que ses compatriotes auront choisi (e) au second tour, de se mettre au travail immédiatement.

Durant la campagne électorale minée un temps par les « affaires » avant de prendre de l’envol dans sa dernière semaine, des projets et programmes des onze concurrents ont été dévoilés. Sans vraiment que les tendances présentées par les différents instituts de sondage ne bougent fondamentalement. L’ultime sortie du groupe le soir du jeudi 20 avril devant les caméras de télévision aura-t-elle prise sur les électeurs encore partagés entre le refus de se rendre aux urnes et l’embarras de choisir pour qui ils voteront ? Tel peut être l’intérêt de ce dernier réglage avant que n’interviennent les choses sérieuses dimanche.

En attendant, le quinté de tête n’a pas changé répètent les enquêtes d’opinion. Il affiche Macron, Le Pen, Fillon, Mélenchon, Hamon, ou variablement Le Pen, Macron, Fillon, Mélenchon, Hamon. Il y en a nécessairement parmi les cinq qui ne se laissent pas démonter par les sondages et puisent dans leur conviction personnelle en gardant l’espoir de passer l’obstacle de 23 avril avec succès. Ils s’appuient pour cela sur les ratés des expertises lors des « primaires » françaises et, plus accablant, lors de la présidentielle américaine, Donald Trump donné perdant ayant ensuite gagné haut la main.  

Ce qui est vrai, il y aura beaucoup de déçus au soir du 23 avril parmi les partisans des candidats recalés. En même temps, le moment sera venu pour ces derniers d’envisager des ralliements ou des alliances avec les deux challengers du tour final. Il est une coutume en France qui n’a pas été démentie au long des dernières élections à la magistrature suprême : une sorte d’« union sacrée » pour la République fait se retrouver la Gauche, la Droite et leurs excroissances autour d’un candidat de l’un des deux camps, arrivé au second tour, et ayant pour adversaire celui de l’extrême droite. Ce fut le cas en mai 2002, quand pour battre Jean Marie Le Pen, Jacques Chirac reçut l’appui de la Gauche et de toutes les autres forces politiques françaises. Il réalisa un score dépassant les 80% de voix.

L’histoire se répétera-t-elle dans l’hypothèse d’une finale Le Pen-Macron, Le Pen-Fillon, Le Pen-Mélenchon, Le Pen-Hamon ? Tout laissant croire que la candidate du Front national, Marine Le Pen, a toutes les chances d’accéder au second tour, il est donc de bon aloi de songer aux scénarii des alliances. Au nom de cette « union sacrée » pour la République, on pourrait peut-être assister à des ralliements tous azimuts en faveur de l’adversaire de cette dernière.

Il a pourtant été vu que les critiques en direction d’Emmanuel Macron ont fusé de partout, notamment de la part de François Fillon, le candidat LR, Benoit Hamon, le candidat PS et Jean-Luc Mélenchon, le porte-étendard de la France Insoumise. C’est bien pourtant autour de ces cinq « grands candidats » - quitte à se laisser encore une fois malmener par les sondages- que pourrait se jouer l’élection du 23 avril. A eux tous seuls, ils accapareraient presque 92% des suffrages, la petite portion restante de 8% revenant aux six autres. 

Nous l’écrivions il y a quelques semaines à propos des défis qui attendent le prochain locataire de l’Elysée. A écouter parler les onze, plus rien ne va en France, et cela ne daterait pas du dernier quinquennat. Autant dire que celui qui succédera à François Hollande héritera d’une société en profonde crise, qui a besoin d’être réformée.

Etant une puissance, évidement que l’Hexagone travaillera aussi à améliorer son influence sur la scène internationale tant les crises en cours dans le monde, notamment au Proche-Orient et en Afrique, ont montré qu’elle n’avait pas toujours pris les bonnes décisions les dix dernières années. Elle a même échoué à se faire entendre en certaines occasions. Mais toutes les puissances ont souvent les intelligences et les opportunités à disposition pour rebondir.

Gankama N'Siah

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