Couleurs de chez nous « Mon cher ! »

Samedi 3 Décembre 2016 - 6:12

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Ainsi s’appellent les Congolais lorsqu’ils sont « amis ». Non ! Lorsqu’ils ne se connaissent vraiment pas. Ou alors, ils préfèrent s’appeler « Mon frère ! », « Mon ami ! », « Ma chère ! », etc.

Derrière ces appellations, on peut lire des sentiments positifs, des marques de respect et de considération pour l’autre. Elles expriment l’amitié et la fraternité au-delà de la dimension biologique, ethnique ou géographique pour ne laisser place qu’à l’appartenance au même pays.

A propos du respect, jamais un Congolais n’a appelé autrui par son vrai nom. Ce comportement est dicté par la coutume qui ne permet pas de s’appeler par les noms. On dira : « Noko » pour oncle ; « tata ya mwasi » pour tante, « mama ya leki » pour la petite-sœur de maman.

Bien sûr que sous d’autres cieux, cette pratique est observée. Mais dans le cas du Congo, sans entrer dans une démarche sociologique, on observe une évolution et, voire, un ancrage de la coutume qui devient une mode. Difficile de savoir qui est qui au Congo.

En effet, en dehors des titres officiels connus ou conférés par les fonctions, les Congolais s’attribuent des substantifs en lien avec ce qu’ils ressentent pour autrui : sympathie, amitié, fraternité, respect ou, comme dit à l’énoncé, lorsqu’ils s’ignorent. On entendra, ici et là : « Président ! », « DG ! », « Conseiller ! », « DI », « REC ! », « SR ! », « Honorable ! », « Vieux ! », « Petit ! », « Ma sœur ! », « L’homme ! », etc.

Où sont passés les prénoms et les noms ?

Ce comportement frise désormais un certain snobisme. Appelée comme telle, la personne concernée se voit pousser des ailes et joue les paons au milieu de la communauté en faisant des autres ses obligés.

On se souviendra de cette anecdote, célèbre entre Brazzavillois, sur le titre de « Maître ». Celui-là se faisait appeler « maître » sans qu’on ne sût de quoi il était réellement maître : en droit, donc avocat, de karaté (ceinture noire) ou couturier ? Or, le respect et la considération dus à l’un ne devraient pas être observés pour l’autre. Cette cacophonie nourrit bien des usurpateurs de titres.

La mode s’étendant, l’appétit venant en mangeant, chacun veut qu’on l’appelle par son grade ou ses fonctions. Les universitaires, jadis appelés « Doc ! » par des étudiants peu au fait des grades académiques, deviennent tous « Professeurs ». Appellation honorable ! Les journalistes, de plus en plus enclins à l’allégeance, distribuent des « Excellences » à qui le veut.

C’est dans l’armée qu’il y a « à boire et manger ». Ici, la culture impose la classification en grades. Et comme tout est changement : le risque est grand de « dégrader » un « vieux frère » en voulant montrer à tous qu’il est « capitaine » alors que depuis une année « l’homme » est passé « commandant »…

Appelez-moi simplement « Van ! », « Francis ! » ou « Ntaloubi ! »

Van Francis Ntaloubi

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