COP21 : l’Afrique doit définir une politique énergétique

Mercredi 9 Décembre 2015 - 14:00

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Le continent africain comptera plus de deux milliards d’habitants d’ici à une trentaine d’années. Ce boom démographique, sans précédent, confronte l’Afrique au défi majeur du développement d’une énergie durable, dont les fondements permettront d’accompagner sa transformation économique, tout en intégrant les préoccupations environnementales de la planète, souligne un rapport

Intitulé: « L’énergie en Afrique à horizon 2050 », ce rapport donne les différentes orientations qui permettront à l’Afrique de répondre à ses besoins en matière d’énergie. Alors que les discussions de la COP 21 visent à un accord mondial tentant de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, l’Afrique entend peser sur le débat.

Le continent africain est la première victime des conséquences du dérèglement climatique, alors qu’il émet moins de 3,8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Le constat est accablant pour un continent qui concentre 15% de la population mondiale, mais représente seulement 3% de la demande mondiale en énergie primaire. Cette faible consommation constitue un véritable frein à son « décollage » économique et social. L’accès à l’électricité est indispensable pour sortir le continent africain de la pauvreté et améliorer ses infrastructures de santé et d’éducation.

Il y a urgence : l’Afrique doit définir une politique énergétique  lui permettant de s’engager sur le chemin d’une croissance durable. Mais comment éviter que le réveil industriel de l’Afrique ne passe par une consommation massive d’énergies fossiles, comme en Chine ou en Inde ?

La sous-alimentation en énergie, un défi vital pour l’Afrique

 Sur l’ensemble du continent, plus de la moitié des 54 pays africains affichent un taux d’électrification de moins de 20%. Les taux sont notamment très bas pour la Centrafrique (3%), le Tchad (4%), le Congo Kinshasa (9%), mais atteignent 85% en Afrique du Sud. Au niveau géographique, alors que l’Afrique du Nord affiche un taux d’électrification de 99%, celui de l’Afrique subsaharienne se limite à 32% et il est de seulement 14% en zone rurale. Seuls 42% des Africains ont accès à l’électricité, contre 75% dans les pays développés.

De fortes disparités à l’intérieur du continent

30 % de la population africaine vit en Afrique du Nord ou en Afrique du Sud, mais ces deux régions représentent à elles seules 80 % de l’énergie consommée par l’ensemble du continent (hors biomasse). L’électricité produite en Afrique est très onéreuse pour les ménages : le coût de revient d’un kWh pour un ménage africain peut monter jusqu’à 4 €, contre 0,15 € pour un ménage européen. C’est pourquoi la consommation de la biomasse, énergie gratuite, représente 80% de l’énergie consommée en Afrique subsaharienne (principalement bois de chauffe et charbon de bois).

L’énergie  consommée est polluante et néfaste pour la santé

Bien qu’elle soit polluante et néfaste pour la santé, la consommation de charbon représente ainsi 60% environ de la consommation d’énergie de l’Afrique subsaharienne, principalement destinée à la cuisson et au chauffage. Mais en ce qui concerne l’énergie commerciale, le pétrole reste la plus importante en Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud.

Gouvernance et financement énergétique en Afrique

Il n’est pas possible d’envisager à court terme la disparition de l’utilisation du bois de feu. Il apparaît donc urgent de développer sur une échelle massive la distribution de foyers améliorés, une mesure simple et peu coûteuse. Pour favoriser l’électrification rurale, l’une des solutions réside dans la production et la distribution décentralisée, à partir de solutions hors réseau et mini réseaux, via (solaire photovoltaïque, micro-hydraulique,  méthanisation). Mais  il reste des difficultés à surmonter: sur le plan technique, politique et financier, la distribution, la production.  

Sur le front de la gouvernance,  le rapport recommande le renforcement des cadres réglementaires  pour la sécurisation des investissements et l’instauration d’une fiscalité transparente. Sur le plan des financements, il faut un investissement  de 50 milliards de dollars par an, d’ici à 2030, pour atteindre un taux d’accès à l’électricité proche de 80%.

Qui paiera la transition énergétique en Afrique ? Le rapport demande que la part du Fonds vert de l’ONU consacrée à l’Afrique, soit portée à 50% contre 27% aujourd’hui.

Le rapport « L’énergie en Afrique à horizon 2050 », est le travail  de l’Association pour le développement de l’énergie en Afrique (ADEA) et Eurogroup Consulting et la participation du think tank Club 2030 Afrique.

Noël Ndong

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