Coopération : Matteo Renzi accueille Meriam Ishag à Rome

L’Italie se dit satisfaite de l’arrivée à Rome de la Soudanaise  Meriam Yahia Ibrahim Ishag. La jeune femme avait été arrêtée dans son pays pour s’être convertie au christianisme alors qu’elle est née d’un père musulman, et pour s’être mariée avec un chrétien américain dont elle a eu un enfant. Pour la loi islamique en vigueur au Soudan, la sharia, c’était plus qu’il n’en fallait pour la condamner à cent coups de fouet pour adultère et à la mort par pendaison pour apostasie.

Meriam Yahia Ibrahim Ishag est arrivée jeudi matin à Rome par un vol affrété par le gouvernement italien. Elle était accompagnée de sa famille ainsi que du vice-ministre italien des Affaires étrangères, Lapo Pistelli. C’est le Premier ministre italien en personne, Matteo Renzi, son épouse et la ministre des Affaires étrangères Federica Mogherini, qui sont allés les accueillir sur le tarmac de l’aéroport militaire de Rome-Ciampino.

« C’est une grande joie pour nous de la savoir ici », a commenté Federica Mogherini en accueillant Meriam. « Nous avons suivi ce dossier dès avant que soit rendue publique la condamnation. Grâce à l’important travail abattu par tous, nous pouvons aujourd’hui accueillir Meriam à Rome. Elle et sa famille ont maintenant besoin de tranquillité », a ajouté la ministre. Lapo Pistelli avait déjà rencontré Meriam Ishag le 3 juillet dernier à Khartoum.

L’affaire de la condamnation de cette chrétienne avait largement défrayé la chronique. Les gouvernements des États-Unis et de Grande-Bretagne, notamment, avaient durement critiqué le Soudan pour sa justice, qualifiée de « barbare » par le Premier ministre David Cameron. Élargie puis de nouveau arrêtée, Meriam, qui est âgée de 27 ans et voulait se rendre aux les États-Unis pour rejoindre son mari, avait finalement trouvé refuge fin juin à l’ambassade américaine à Khartoum.

Née d'un père musulman et d'une mère chrétienne orthodoxe (de la branche copte éthiopienne), qui l'a élevée dans sa confession après le départ du père quand elle avait 5 ans, Meriam Ishag a rejoint l’Église catholique romaine en 2011. C’est l’année où elle épouse, à l’archevêché de Khartoum, le jeune Daniel Wani, un catholique américain d’origine sud-soudanaise. La résolution de son cas a également été rendue complexe du fait que le Soudan lui a nié le droit à un passeport sud-soudanais pendant que les États-Unis se sont donnés le temps de vérifier que sa fille de deux mois, née en prison au Soudan, était bien la fille biologique de Daniel.

Son accueil à Rome règle avec humanité une affaire où se mêlaient droit international, liberté de religion, sanctions contre le Soudan pour violations des droits de l’homme au Darfour et même crédibilité de l’Église catholique au Soudan. L’archevêque de Khartoum, le cardinal Zubeir Wako, a dû intervenir en personne pour confirmer la validité du mariage contracté par les deux jeunes époux…