Commémoration : un hommage rendu à Bruxelles aux anciens combattants de la force publique

Samedi 14 Novembre 2015 - 14:30

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La cérémonie s’est déroulée, le 11 novembre, au Square Riga, situé dans la commune de Schaerbeek à Bruxelles, où est érigé un monument en faveur des troupes des campagnes d’Afrique qui ont combattu entre 1885 et 1960

Plusieurs membres de la communauté congolaise de Belgique étaient présents à cette cérémonie pleine d’émotions et rythmée par des chansons, des discours, le dépôt de gerbes de fleurs ainsi que l’évocation de quelques noms de ces anciens combattants. L’un des moments forts de cette commémoration a été le discours prononcé par le doyen de la communauté congolaise, Joseph Mbungu Nkandamana, journaliste et ancien éditeur de la revue  Présence congolaise. « Si nous sommes rassemblés ici en cette journée mémorable du 11 novembre 2015, devant ce monument historique, c’est pour commémorer, à l’occasion des 100 ans de la première guerre mondiale 14-18 et des 75 ans de la Deuxième Guerre mondiale, le souvenir des  vaillants soldats congolais qui ont servi sous le drapeau du Congo belge pendant ces deux guerres et qui ont payé au prix fort de leur sang pour l’instauration de la paix, de la liberté et de la démocratie dans le monde. Birmanie, Éthiopie, force publique, Bongolo, Victoire, Assossa, Gambela, Saïo, Tabora, Mahenge... des noms de rues et avenues à Kinshasa en RDC, mais également dans certaines villes de la Belgique qui rappellent les différentes localités, les différentes batailles où s’illustrèrent nos vaillants soldats », a déclaré le doyen Mbungu.

Des victoires à ne pas oublier

Au cours de la Première Guerre mondiale, a rappelé l’ancien journaliste, des unités renforcées de la force publique combattirent l’empire colonial Allemand durant la campagne d’Afrique de l’Est, au Cameroun, au Rwanda, au Burundi et sur le territoire actuel de la Tanzanie. « Elles remportèrent divers succès militaires, notamment Tabora et Mahenge gagnant le respect de leurs alliés français, portugais et britanniques et même de leurs ennemis allemands. De même en 1942, le 11e bataillon congolais gagna les batailles d’Assossa, Saïo et Gambela en Abyssinie. Durant les deux guerres mondiales, les Congolais se retrouvèrent au front de l’Yser en Belgique, du Rwanda-Urundi, en Tanzanie, au Nigeria, en Égypte, en Palestine et jusqu’en Birmanie. Et partout, ils ont combattu avec bravoure et succès. Mais à leur retour au pays, ils s’opposèrent à leur réintégration au sein de la force publique, à cause du régime discriminatoire régnant au Congo. En guise de remerciement, les autorités coloniales ne trouveront d’autres solutions que la démobilisation immédiate des éléments jugés capricieux et les dispersèrent à travers tout le pays afin d’éviter que leurs idées révolutionnaires ne se propagent au sein de l’ensemble de la force publique », a encore rappelé le doyen de la communauté congolaise de Belgique  

Une compensation à la hauteur des efforts de guerre.

Ce dernier a salué avec émotion la bravoure, le courage et la persévérance des vaillants combattants congolais. Mais il a déploré que ces derniers n'ont jamais reçu aucune récompense après la guerre. À cet effet, il a souligné que pour le gouvernement belge en exil durant ces deux guerres et, par conséquent, pour la Belgique elle-même, le Congo a constitué par deux fois un atout décisif. Cependant, a-t-il regretté, jusqu’aujourd’hui, la Belgique officielle donne l’impression d’ignorer cette vérité historique. « Nous demandons au royaume de Belgique de corriger cette injustice et qu’à l’instar d’autres anciennes puissances coloniales, une compensation à la hauteur des efforts de guerre consentis soit octroyée aux ayants droit et à tout le peuple congolais, sans oublier la diaspora congolaise en Belgique. En ce jour mémorable, nous venons donc non seulement rendre hommage mais nous réapproprier notre histoire, celle de la liberté, celle du respect  du sang versé par nos soldats qui ont été les éléments moteurs de toutes les victoires sur les différents fronts ou ils furent appelés », a martelé Joseph Mbungu.

À la suite de la cérémonie, une conférence a été organisée au sein de l’Église de la Sainte famille, située en face du monument, sur le thème « Le Congo Belge, centre névralgique durant la guerre 40-45 ». Parmi les intervenants figuraient François Ryckmans, petit-fils de Pierre Ryckmans, ancien gouverneur du Congo Belge; Zana Etambala, professeur à la KUL et chercheur au musée royal de l’Afrique centrale ainsi que Joseph Mbungu qui a de nouveau livré un témoignage poignant sur la vie au Congo pendant la guerre.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Joseph Mbungu (au centre) pendant le dépôt des gerbes de fleurs Photo 2 : Une photographie d'anciens combattants congolais exposée lors de la conférence

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