Centrafrique : trois défis majeurs pour Catherine Samba-Panza

Climat détendu, pas de check-point ni de cantonnement des forces de la Misca et des troupes françaises de la Sangaris, c’est dans cette atmosphère que s’est déroulée la cérémonie d’investiture de la présidente de la transition, en présence du président gabonais, Ali Bongo Ondimba, ainsi que des représentants des chefs d’État de la Cééac. Le ministre d’État Firmin Ayessa, qu’accompagnait le ministre des Affaires étrangères, Basile Ikouebé, représentait le président Denis Sassou N’Guesso.

« Au regard du tableau sombre et face aux énormes défis auxquels seront confrontés le gouvernement en attente et moi-même, les défis les plus urgents sont d’ordre sécuritaire, humanitaire et socioéconomique », a indiqué Catherine Samba-Panza. Dans l’immédiat, la présidente de  transition, qui dit compter sur l’apport de la communauté internationale, notamment la Cééac, estime qu’il faut d'abord rétablir la sécurité et l’autorité de l’État dans l’ensemble du pays. En effet, plongée depuis des décennies dans une instabilité institutionnelle, la Centrafrique, où le calme semble revenir à Bangui, doit aujourd’hui barrer la route aux démons de la division en rejetant toutes les formes de discriminations fondées sur l’appartenance ethnique et religieuse.

En vue d’y parvenir, les nouvelles autorités entendent placer la transition sous le signe de la tolérance, de l’espérance et du dialogue constructif. Ainsi, pendant la période de transition jugée courte par la nouvelle élue, l’une des  tâches qui attendent la présidente et son gouvernement consistera à procéder au désarmement, à la démobilisation et la réinsertion des groupes armés.

« Aux combattants des ex-Séléka et anti-balaka, je demande avec instance d’observer un comportement patriotique en déposant les armes. Il ne sera plus toléré la permanence d’un désordre dans le pays », a souligné Catherine Samba-Panza.

Par ailleurs, face aux multiples défis à relever, le président de la Cour constitutionnelle, Honoré Ndouba, a, dans son discours, rappelé à la nouvelle élue que son serment n’est pas une simple convention des règles de bonne conduite, mais un engagement pris devant le peuple centrafricain qui attend d’elle la prise des décisions courageuses. « En ce jour où vous êtes investie, vous symbolisez la République centrafricaine dans toute sa diversité. Des mesures politiques très courageuses vont s’imposer. Nhésitez pas à les prendre, car le temps est venu de consolider les piliers qui guideront votre action durant la période de transition », a-t-il précisé.  

Le rôle du Congo salué par la nouvelle élue

Tout en exprimant sa reconnaissance à la communauté internationale et parlant de l’aide dont a besoin son pays, la présidente de transition a exhorté le Congo à œuvrer davantage dans sa médiation. De son côté, le ministre Firmin Ayessa  a réitéré, au nom du président de la République, l’engagement du Congo d’accompagner au mieux la Centrafrique dans son nouveau départ. « Aujourd’hui la Centrafrique n’est toujours pas sortie de l’ornière. Elle est en train de s’enfoncer. D’où l’appel du président Denis Sassou N’Guesso à soutenir financièrement la RCA. Le Congo s’engage davantage aux côtés de la Cééac sur le plan financier et sécuritaire », a-t-il déclaré ajoutant que son pays a déjà accordé, sous forme de prêt, 25 milliards FCFA ayant permis de faire face à la situation des fonctionnaires qui accusent à ce jour quatre mois de salaires impayés.

Catherine Samba-Panza a appelé solennellement ses compatriotes à reprendre le travail dès lundi.