Centrafrique : regain de tensions au moment où la force française Sangaris s’apprête à quitter le pays

Mercredi 29 Juin 2016 - 12:27

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Après plusieurs mois d’accalmie, la Centrafrique renoue avec les violences. Cela se passe au moment où l’opération Sangaris s’en va : la mission de cette force française doit s’achever en décembre prochain.

Des sources concordantes parlent de villages attaqués dans les provinces, d’enlèvements de policiers à Bangui, la capitale, mais aussi de rebelles qui continuent de semer la terreur à travers le territoire national.

Réagissant à cette recrudescence de  violences, le ministre de la Sécurité du territoire et de l’administration publique, Jean-Serge Bokassa, a condamné ses auteurs et autres commanditaires. « Ces groupes sont des criminels et rien d’autre, ils se livrent à des activités de grand banditisme et tuent impunément mais n’ont pas d’agenda politique », a estimé le ministre, qui espère qu’avec la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (Minusca), le pays arrivera « à neutraliser tous ceux qui défient l’autorité de l’Etat ».

« Nous sommes face à des groupes armés qui détiennent toujours des armes de guerre en quantité, tant qu’ils ne seront pas désarmés, il n’y aura pas d’accalmie durable et on continuera d’enregistrer des pics de violences », a poursuivi Jean-Serge Bokassa.

Il n’y a donc plus l’ombre d’un doute, la situation sécuritaire demeure fragile en Centrafrique comme en témoigne le regain de tensions à Bangui la semaine dernière, où une opération des Casques bleus de la Minusca dans un quartier musulman s’était soldée par sept morts et une vingtaine de blessés. Pourtant, après le message de paix délivré par le pape François en novembre 2015, la trêve fut réelle, et Faustin-Archange Touadera a été élu comme nouveau président.

Ces violences reprennent alors que l’état-major des armées françaises a annoncé la semaine dernière la réduction du contingent de l’opération Sangaris. Les 350 soldats qui vont rester sur place en attendant la date butoir de la fin de la mission constitueront désormais la force de réserve tactique au profit des 12 500 Casques bleus déployés en Centrafrique.

Sur un total de 2500 soldats mobilisés au plus fort des tensions lors de l’opération d’urgence Sangaris lancée en décembre 2013, les effectifs de cette force avaient déjà été ramenés à 900 hommes. C’était au cours des mois précédant l’élection présidentielle, censée marquer la fin de la transition politique, scrutin qui avait été remporté par l’actuel président en février.

La présence de la force française en Centrafrique est encore nécessaire en raison des violences intercommunautaires qui se poursuivent. L’on se souvient qu’entre 2013 et 2015, des milices majoritairement chrétiennes appelées anti-balaka et des ex-rebelles à dominante musulmane de la Séléka avaient mis le pays à feu et à sang. Les affrontements entre les deux parties et les violences perpétrées tant à Bangui que dans les départements ont ravagé l’économie du pays, déjà l’un des plus pauvres au monde.

C’est grâce à l’intervention française et au déploiement des Casques bleus de la Minusca que les violences étaient quelque peu retombées ces derniers mois. Malgré cela, il faut noter que la réputation de l’armée française a été entachée de plusieurs accusations. Ses soldats ont été mis en cause dans des scandales de viol, d’abus ou d’exploitation sexuelle présumés, notamment sur des mineurs.

Nestor N'Gampoula

Notification: 

Non