Centrafrique : l’ONU plaide pour l’envoi d’une opération humanitaire de longue duréeMardi 8 Avril 2014 - 13:16 Un rapport d’évaluation des Nations unies rendu public cette semaine souligne qu’à l’heure où la crise continue de dévaster l’économie centrafricaine ainsi que les capacités des populations de satisfaire leurs besoins élémentaires, cette opération humanitaire devra endiguer le lourd tribut payé par la population et jeter les bases d’une reconstruction des moyens d’existence Dans cette étude, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) avertissent qu’il faut déployer en Cenyrafrique, au cours des dix-huit prochains mois au minimum, une vaste opération humanitaire de longue durée de manière à faire face aux besoins d’aide alimentaire. Cette aide devrait comprendre des aliments consommés et disponibles à l’échelon local, tels que le manioc, le riz et le maïs. Les achats locaux permettraient également d’alléger la pression sur les moyens logistiques et de renforcer les liquidités. L’envoi de cette opération s’avère nécessaire, car, d’après le rapport, les conflits généralisés depuis décembre 2012 ont causé la destruction des moyens de subsistance, des cultures vivrières et commerciales, de l’élevage et de biens de production essentiels dans le pays. En conséquence, environ 1,6 million de personnes directement victimes de la crise ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence, soit plus du double du niveau estimé il y a un peu plus d’un an, en février 2013. De plus, fin mars, on comptait quelque 625 000 personnes déplacées par le conflit. Les Centrafricains sont donc accablés par de graves problèmes d’accès à la nourriture depuis le début de l’année dernière, compte tenu des disponibilités réduites, de l’interruption des échanges et de la perte de leur pouvoir d’achat, au moment où le chômage est endémique dans tous les secteurs. « Les perspectives sont sombres pour la campagne agricole de 2014 qui démarre en mars/avril sur fond d’insécurité et de manque d’intrants agricoles », constate le rapport. L’agriculture – secteur porteur de l’économie qui assurait environ 57% du produit intérieur brut – a essuyé les plus graves pertes. Devant cette situation, le directeur de la Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation de la FAO, Dominique Burgeon, a souligné : « Le niveau de misère que j’ai pu constater récemment chez de nombreuses familles de Centrafrique est effroyable, et pourtant, il reste un espoir d’améliorer les perspectives immédiates et à long terme de la population s’il nous est donné de pouvoir intervenir à une échelle suffisamment vaste pour restaurer les moyens d’existence et la sécurité alimentaire. » Le rapport relève que le secteur vital de l’agriculture a subi une contraction de près de 37% en 2013 alors que les entrepreneurs qui géraient l’essentiel des activités commerciales et le transport ont quitté le pays. En plus du manque de véhicules adéquats, cette situation a de graves répercussions sur le commerce interne, les disponibilités vivrières et le marché de l’import-export. La saison des pluies qui débute ce mois-ci constitue un véritable défi pour le réseau routier déjà en mauvais état. Cela risque de rendre certains sites totalement inaccessibles par la route, entravant le pré-acheminement des stocks alimentaires et des intrants agricoles. « Chaque jour qui passe rend l’aide d’urgence plus difficile et plus coûteuse et cause la mort de victimes innocentes », a indiqué Arif Husain, économiste en chef au PAM. Pour pouvoir maîtriser la situation, les auteurs du rapport recommandent des programmes de transferts monétaires dans les zones urbaines disposant de chaînes d’approvisionnement relativement plus sûres. Ces transferts permettraient de revitaliser l’épargne et les prêts communautaires pour faire redémarrer les économies locales. Ils pourraient être associés à une aide alimentaire en nature. En attendant l’envoi éventuel d’une opération humanitaire de longue durée, la FAO envisage une approche à deux volets pour améliorer la sécurité alimentaire dans le pays. Tout d’abord, des intrants essentiels tels que semences et outils seront fournis à quelque 75 000 ménages à temps pour la campagne de semis démarrant en avril. Ensuite, un programme intégré aidera plus de 400 groupes d’agriculteurs et associations de femmes à récupérer leurs moyens d’existence et à renforcer leur résilience. Le PAM vient en aide à 1,25 million de femmes, d’enfants et d’hommes en République centrafricaine. Il fournit une aide alimentaire aux personnes déplacées à l’intérieur du pays, un appui nutritionnel aux enfants sous-alimentés, aux femmes enceintes, aux mères allaitantes et aux personnes vivant avec le VIH/sida, ainsi que des repas scolaires d’urgence aux écoliers. En mars, cette agence onusienne n’avait reçu qu’un tiers des financements nécessaires aux interventions – avec pour conséquence la distribution de demi-rations aux personnes vulnérables et déplacées, comprenant moins de types d’aliments. Nestor N'Gampoula |