Centrafrique : Joseph Kony négocie avec les autorités du paysJeudi 21 Novembre 2013 - 13:00 Les autorités centrafricaines ont annoncé, le 20 novembre, au représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique centrale, Abou Moussa, être entrées en contact avec le chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), qui souhaiterait sortir de la clandestinité « Le gouvernement de Bangui pense qu’il est en République centrafricaine. Le président Michel Djotodia nous a dit qu’il était en contact avec Kony, qu’il était peut-être malade, et qu’il lui avait fourni des sacs de nourriture à sa demande », a déclaré Abou Moussa, ajoutant que le chef rebelle ougandais aurait demandé, selon le chef de l’État centrafricain, un endroit où s’installer en Centrafrique. Les dirigeants centrafricains estiment que c’est « une chance pour la paix et la stabilité » dans la région que Joseph Kony et ses hommes aient l’intention de déposer les armes et de se rendre. En effet, la communauté internationale essaie vainement de mettre la main sur eux. « Ni les États-Unis, ni l’ONU n’ont réussi à l’attraper, il faut saisir cette opportunité », a dit un agent de la présidence centrafricaine qui a requis l’anonymat, ajoutant qu’il fallait craindre que le chef de guerre ne s’évanouisse dans la nature. Des sources sûres indiquent que les premiers contacts avec le chef rebelle initiés au mois d’août ont finalement permis aux nombreux membres de la LRA de s’installer en Centrafrique, notamment dans les environs de N’Zako (préfecture de la Haute Kotto) au sud-est de la RCA. Les autorités gouvernementales centrafricaines ont fait savoir qu’elles avaient déjà apporté une aide alimentaire aux éléments restés fidèles au chef rebelle. « C’est l’équivalent des habitants d’une commune. Ceux qui suivent Joseph Kony, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’enfants, n’ont rien à voir avec le conflit », a ajouté le même agent de la présidence centrafricaine. À en croire ce qui se dit dans les coulisses, les négociations entre les deux parties seraient bloquées par les exigences de Joseph Kony qui souhaiterait qu’une amnistie générale lui soit accordée ainsi qu’à ses hommes. La communauté internationale s’y refuse, arguant de la cruauté dont la LRA a fait preuve en tuant des milliers de personnes. Depuis longtemps, l’armée ougandaise, appuyée par une centaine de soldats américains des forces spéciales, pourchasse les rebelles de la LRA, un mouvement armé originaire d’Ouganda. Cette traque s’est poursuivie loin de son territoire, en République démocratique du Congo, au Soudan et en République centrafricaine sans parvenir à les arrêter. Un récent rapport de l’ONU estime que la LRA a tué plus de 100 000 personnes en Afrique centrale ces 25 dernières années. Le texte souligne que le mouvement a enlevé 60 000 à 100 000 enfants et déplacé 2,5 millions de personnes depuis 1987. Joseph Kony et plusieurs de ses lieutenants sont depuis lors recherchés par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Active dans le nord de l’Ouganda depuis 1988, la LRA a lancé ses opérations depuis 2005 dans le nord-est de la République démocratique du Congo, ainsi qu’en Centrafrique et au Soudan du Sud. Ses combattants sont tristement célèbres pour se livrer à des pillages, des viols, mutilations, meurtres et enrôlements forcés d’enfants utilisés comme soldats ou esclaves sexuels. Nestor N'Gampoula |