Burundi : le gouvernement demande le remplacement du médiateur de l’ONU

Mardi 15 Novembre 2016 - 12:25

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Ne voulant plus continuer à traiter avec le médiateur des Nations unies Jamal Benomar, Bujumbura a demandé son remplacement. Les autorités burundaises ont notamment souhaité que son successeur soit trouvé à l’occasion de l’arrivée en janvier du nouveau secrétaire général, Antonio Guterres.

Pour l’ambassadeur burundais à l’ONU, Albert Shingiro, une lettre a été adressée la semaine dernière au secrétaire général, Ban Ki-moon pour demander le remplacement de Jamal Benomar parce que le Burundi veut être consulté avant l’envoi d’un quelconque envoyé spécial de l’organisation dans le pays. « Dans cette période de transition entre les deux secrétaires généraux, le Burundi ne voudrait pas être pris au dépourvu », a-t-il expliqué. Le diplomate a souhaité des « consultations tous azimuts entre le gouvernement du Burundi et les deux secrétaires généraux pour penser à son remplacement ».

Réagissant à la demande du Burundi, le porte-parole adjoint de l’ONU Farhan Haq a affirmé que Jamal Benomar qui « gardait toute la confiance du secrétaire général » restera en fonction.

Notons que ce n’est pas pour une première fois que Bujumbura demande le départ d’un représentant de l’ONU. En juin 2015, l’envoyé spécial des Nations unies pour les Grands Lacs Saïd Djinnit avait dû abandonner son rôle de médiateur au Burundi. Son départ avait été demandé par les opposants à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, réélu en juillet.

Depuis sa réélection, les relations entre l’ONU et Bujumbura ne sont pas bonnes en raison des violences décriées dans le pays. Ces relations se sont dégradées après la publication fin septembre d’un rapport d’experts onusiens qui ont pointé la responsabilité de la police et des forces de sécurité dans ces violences. Ces experts sont allés jusqu’à évoquer un risque de génocide si des mesures préventives hâtives ne sont pas prises pour faire face à ces violences qui s’y poursuivent depuis plus d’un an.

Agacés par ce rapport, le gouvernement burundais a, en représailles, suspendu sa coopération avec le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme. Il s’oppose aussi au déploiement de 228 policiers de l’ONU au Burundi, réclamé par le Conseil de sécurité dans une résolution adoptée en juillet.

Le mois dernier, Jamal Benomar avait effectué une visite au Burundi. Il avait ensuite rendu compte de ses discussions devant le Conseil de sécurité, qualifiant de « constructives » les rencontres qu’il avait eues avec les dirigeants burundais. Le médiateur s’était dit prêt à les poursuivre.

Le Burundi, rappelons-le, est plongé dans une grave crise depuis que Pierre Nkurunziza avait annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé, qu’il a obtenu en juillet de la même année au terme d’une élection boycottée par l’opposition. Cette crise, née de l’annonce de sa candidature puis de sa réélection a fait plus de 500 morts et poussé plus de 300.000 personnes à fuir dans des pays voisins et ailleurs.

 

 

Nestor N'Gampoula

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