Bruxelles : les attentats à la base d’un séisme politique

Jeudi 24 Mars 2016 - 16:28

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Le Premier ministre Charles Michel a refusé les démissions des ministres de la Justice Koen Geens et de l’Intérieur Jan Jambon.

Selon la Libre Belgique Koen Geens aurait remis sa démission la nuit dernière tandis que Jan Jambon remettait la sienne ce jeudi. Pour le ministre de l’Intérieur belge « Quand on met tous les faits les uns après les autres, on peut se poser de sérieuses questions sur un certain nombre d'affaires concernant la Justice ainsi que ses conséquences ». Jan Jambon pointe également du doigt de possibles dysfonctionnements du côté de la police. C'est pourquoi, indique la Libre Belgique, il estimait devoir assumer ses responsabilités politiques. Il a accepté le refus de sa démission par le Premier ministre Charles Michel et s'engage à poursuivre son travail dans une « situation de guerre ». « Si je ne le sentais pas, je n'aurais pas accepté la réponse de Charles Michel » a-t-il indiqué, cité par le journal belge. La mise en lumière de plusieurs erreurs dans la lutte contre le terrorisme a provoqué un choc politique, souligne le quotidien. Le Premier ministre Belge, explique-t-on, souhaiterait au contraire resserrer les rangs de son équipe gouvernementale dans ce combat prioritaire. Il a affirmé que « Le gouvernement est prêt à faire toute la lumière, éviter les zones d'ombre et travailler avec le parlement ».

Le dossier Ibrahim El Bakraoui

Le comité ministériel restreint s'est réuni jeudi midi pour se pencher sur le dossier Ibrahim El Bakraoui, dont l'expulsion de Turquie à l'été 2015 aurait été communiquée aux autorités belges, avait affirmé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Depuis ces révélations, tous les regards se tournent vers le gouvernement fédéral. A-t-il commis de graves erreurs? Mercredi soir, le ministre de la Justice - indirectement mis en cause par Erdogan - a précisé que le djihadiste avait été remis aux Pays-Bas et non à la Belgique. Cependant, le ministre CD&V n'a pas apporté d'élément neuf. Les Affaires étrangères sont également pointées du doigt, car le président Erdogan affirme dans son discours que l'Ambassade de Belgique en Turquie était informée - le 14 juillet 2015 - de l'expulsion du combattant islamiste vers les Pays-Bas et du danger qu'il pouvait représenter. Cette révélation est confirmée par plusieurs sources aux Pays-Bas selon le journal néerlandais NRC. Des informations publiées par le quotidien israélien Haaretz alimentent également les doutes quant à de graves dysfonctionnements politiques, policiers et judiciaires en Belgique. Haaretz affirme que "les services de sécurité belges disposaient d'avertissements précis relatifs à une attaque terroriste ce mardi. Les services de sécurité savaient, avec un haut degré de précision, que des attaques étaient planifiées dans un futur proche et visant l’aéroport, ainsi que, apparemment le métro également". Il importe de préciser que Haaretz est généralement bien informé, notamment par des sources du Mossad, les services secrets israéliens.

Réaction au Parlement et commission d'enquête

Benoit Lutgen, président du parti politique CDH, estime qu'il doit y avoir des explications à ces deux propositions de démission et demande que ces explications soient "fournies à l'ensemble de la population".  Une commission d'enquête parlementaire doit être mise en place en vue  de faire la lumière sur la libération d'Ibrahim El Bakraoui, l'un des deux kamikazes qui s'est fait exploser mardi à l'aéroport de Zaventem, alors que la Turquie l'avait arrêté sur le chemin de la Syrie et l'avait expulsé vers les Pays-Bas. Le cahier des charges de cette commission d'enquête sera défini vendredi après-midi, au terme de la tenue d'une commission réunie de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères au cours de laquelle les trois ministres concernés par ce dossier - Jan Jambon (N-VA), Koen Geens (CD&V) et Didier Reynders (MR) seront mis sur la sellette par les députés.

Avec Belga et la Libre Belgique

Légendes et crédits photo : 

Koen Gees à gauche, Charles Michel au milieu et Jan Jambon à droite

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