Autonomisation de la femme : les artisanes de la N’sele déplorent le manque de financement

Mardi 27 Mars 2018 - 17:30

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Les membres de l’Association des femmes couturières et menuisières (AFCM) à Mikonga II peuvent aujourd’hui assurer leur autonomie financière en prenant en charge leurs familles mais l'absence de soutien de la part de l'État constitue un handicap au développement de leurs activités.

L’ingéniosité des femmes rurales de la N’sele étonne  bien de personnes. Ces femmes qui ont suivi une formation en tricotage, tissage et fabrication des détergents dont le bateriole  sont devenues aujourd’hui des formatrices d’autres femmes.  Et la toile s’agrandit, parce que plusieurs d'entre elles manifestent le souci d’apprendre ces métiers à première vue anodins mais générant des revenus.

Les membres de l'AFCM que dirige Bernadette Kudiakubanza se sont plus spécialisées dans le tricotage des sacs en sachet plastique.  Elles fabriquent aussi des porte-clés à base des cauris en plastique, des nappes, pochettes pour les téléphones. « Les prix varient d’un article à un autre. Nos prix sont à la portée de tout le monde. Nous vendons des sacs à 20 000 FC, des porte-clés à 2 000 FC… », explique Bernadette Kudiakubanza.

« Ce que nous faisons est un véritable travail d’artiste »,  indique, pour sa part, Patience Kufinda qui a aussi appris ce métier à sa fille, Grâce Ndiba. Cette dernière affirme que le tricotage lui permet aujourd’hui de financer ses études en esthétique. « Avant, je ne m’intéressais pas à ce travail. Mais au fil des années, grâce à l’insistance de ma mère qui m’a appris à tricoter, je forme aujourd'hui d’autres filles.  Ce que je gagne me permet de payer mes frais scolaires et subvenir à mes besoins en tant que jeune fille », déclare Grâce, exhortant les jeunes filles à apprendre un métier pour ne pas se livrer à la débauche.

Outre la fabrication des articles en sachet plastique, les femmes rurales de la N’sele se consacrent aussi à l'agriculture. « Je fais un peu de tout. Avec le concours de l’ONG Cosces, j’ai appris à tricoter, à faire des sacs, des nappes.  Je sais aussi faire le bateriole », souligne Léonie Belesi.

Quant à Francine Kafundika, elle avoue qu’après son examen d’État, elle s’est intéressée à l’agriculture. «   Je viens de passer les examens d’État et comme je n’ai rien à faire, je préfère m'adonner à l'agriculture que de courir derrière des garçons », témoigne-t-elle.

 Il est vrai que les femmes rurales de la N’sele ont appris des métiers qui leur permettent d’être autonomes. Cependant, elles sont confrontées  au manque de financement qui constitue un frein au décollage de leurs activités commerciales. « Nous nous organisons avec  nos maigres moyens pour acheter ce qu’il nous faut pour fabriquer des sacs et autres biens. Nous n’avons pas des partenaires. L’État ne nous donne pas de crédits. Nous avons mené plusieurs démarches qui malheureusement n’ont pas abouti. Nous sommes abandonnées à nous-mêmes… nous assistons dans les foires de femmes mais le gouvernement ne nous appuie pas »,  regrette Bernadette Kudiakubanza. « Si nous n’avons pas de financements, comment allons-nous progresser ? », s’interroge Patience.

 Au manque de financement s’ajoute celui de débouchés pour écouler leurs produits. « Nous avons la force de travailler, mais sans marché et sans finacement, on ne se sait pas comment avancer », se plaint Bernadette Kudiakubanza. Il va donc de l’intérêt du gouvernement d’organiser ces femmes qui, à travers leur métier, contribuent au développement de l’économie et luttent contre la pauvreté, premier objectif de développement durable auquel le pays a souscrit.

Aline Nzuzi

Légendes et crédits photo : 

La présidente de l'ACFM, Bernadette Kudiakubanza

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