Après-Ébola : des milliers de survivants errent encore

Mercredi 18 Mars 2015 - 16:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Ayant échappé à la crise sanitaire la plus meurtrière qui a frappé l’ouest africain et dans une moindre mesure la RDC, les rescapés d'Ébola éprouvent de sérieuses difficultés à réintégrer leurs sociétés respectives, selon le constat de la Banque mondiale (BM). Car ils  souffrent des syndromes post-Ébola, notamment les douleurs, la paralysie et les problèmes de vue.  

Globalement, il se pose partout le problème de la stigmatisation et du rejet pour les survivants de la plus terrible maladie qu’a connue l’Afrique ces dernières décennies, avec des manifestations spectaculaires : bouche desséchée, yeux injectés de sang, vomissements et diarrhées, etc. Entre-temps, dans les pays situés jadis dans l’épicentre de la maladie, les efforts se poursuivent pour gérer les nouveaux cas. Au Libéria, pays le plus touché par Ébola, les autorités s’activent pour ramener à zéro le nombre de nouveaux cas de contamination.

À présent, le plus grand défi est d’arriver à remettre sur pied les services de santé. Entre-temps, les bailleurs de fonds se sont impliqués dans le redressement et la reconstruction des pays frappés par Ébola. La Banque mondiale a débloqué à cet effet 518 millions de dollars américains. Mais la tâche de réinsertion n’est pas facile. En effet, les témoignages des rescapés sont préoccupants. Certains malades ont porté les séquelles de la maladie plusieurs jours après leur autorisation de sortie, notamment l’affaiblissement physique et les troubles de la vision. En dépit d’un certificat confirmant la guérison, la confiance envers les rescapés d’Ébola tarde à revenir. Au contraire, les proches des rescapés évitent tout contact.

D’autres survivants ne sont plus autorisés à fréquenter les lieux publics pour y puiser de l’eau ou faire la lessive. Au Libéria, l’on compte, au 3 mars, plus de 1 500 survivants. Mais le ministère libérien de la Santé va plu loin en avançant le chiffre de 2 000 survivants. Il faut préciser que 4 612 personnes ont péri au plus fort de l'épidémie. Mais le dernier patient a quitté l’hôpital le 5 mars. Si aucun nouveau cas n’est identifié dans quarante-deux jours, le Libéria sera officiellement débarrassé d’Ébola. Quant à la Guinée et à la Sierra Léone, la riposte se poursuit toujours, et les deux pays éprouvent des difficultés à ramener les nouvelles infections à zéro et réhabiliter les services de santé.

Pour bien gérer l'Après-Ébola, il faut continuer à délivrer des traitements et soins, déployer les agents de santé, remonter tous les contacts des malades et rouvrir les écoles ainsi que les commerces. Dans l’ensemble, l’Afrique de l'ouest  a enregistré environ 10 000 morts, sans oublier les écoles fermées, les exploitations agricoles abandonnées, le chômage, etc. Aujourd’hui, il faut arriver à une réintégration socioprofessionnelle des rescapés. Au-delà, ces derniers pourront fournir de précieuses informations aux agents de santé en formation dans les différents centres médicaux locaux pour améliorer la prise en charge médicale des nouveaux cas d'Ébola.       

 

Laurent Essolomwa