Aide humanitaire : le Cavour boucle son tour de l’Afrique

Lundi 31 Mars 2014 - 15:12

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Le porte-avion italien termine l’odyssée entamée en novembre 2013 au port d’Alger

C’est mardi prochain, 8 avril, que les bâtiments du 30e groupement naval de la marine militaire italienne encadrant le porte-avion Cavour, viendront sagement se ranger au port de Civitavecchia, au nord-ouest de Rome, terme de leur mission. Pendant cinq mois, le navire ravitailleur Etna, la frégate Bergamini et le patrouilleur Borsini, avec le porte-avion Cavour, ont littéralement caboté le long des côtes d’Afrique dans une idée originale de porter aide et assistance gratuites aux riverains de la Méditerranée, de l’Océan Indien et de l’Atlantique.

Le périple se termine par le port d’Alger où les navires italiens resteront en escale humanitaire jusqu’à ce jeudi. Puis ce seront cinq jours de traversée jusqu’à Civitavecchia, le mardi 8 avril. Les résultats de ce voyage inédit donneront lieu à une conférence de presse à bord du Cavour, au cours de laquelle sera présenté le bilan, jugé positif, de cette mission. En 20 étapes autour de l’Afrique, la marine militaire italienne a pu effectuer des visites médicales de patients pauvres, opérer, soigner, ainsi qu'apporter de l’aide à des personnes indigentes.

À l’escale d’Accra, au Ghana, le nonce apostolique (l’ambassadeur du pape), Mgr Jean-Marie Speich, est monté à bord pour communiquer les félicitations du pape François pour cette mission hautement altruiste. Ces félicitations tranchent pourtant avec les suspicions qui, mi-novembre dernier, avaient été avancées par des milieux humanitaires – et même religieux ! - italiens lors du lancement de cette opération. Des associations n’avaient pas hésité à soutenir que le fameux « système pays en mouvement », par lequel l’Italie partait livrer aux populations africaines son savoir-faire humanitaire, cachait en fait une opération de vente d’armes. La revue des missionnaires comboniens, Nigrizia, s’était même fendue d’une caricature féroce proclamant : « Africains, ne venez plus mourir chez..., nous apportons de quoi le faire à domicile ».

Cinq mois après, ce genre de critiques semble un lointain souvenir. À Djibouti, au Kenya, au Mozambique, en Angola, à Pointe-Noire (Congo), au Nigéria, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Maroc … et maintenant en Algérie : rares sont les voix discordantes sur le travail accompli par les bénévoles italiens au cours de cette opération. Le Cavour, équipé de matériel médical dernier cri, a ausculté, visité, nettoyé, cousu … et même nourri toutes les personnes qui ont bien voulu faire le déplacement vers le port pour y exposer leurs ennuis de santé ou y recevoir des visites spécialisées quand ce n’était pas un supplément d’apport en nutrition !

Pour le commandant du 30è groupement naval italien, l’amiral Paolo Treu, « à travers cette campagne, c’est une partie de cette Italie qui veut oser qui est présente ; une Italie qui ne veut être derrière personne, consciente de disposer de grandes qualités humaines et professionnelles ; une Italie qui a compris que tout est possible si on dépasse les divisions et que l’on se met au travail d’ensemble comme une équipe soudée et serrée ; et un vrai équipage ». Des propos pas inutiles, lorsque l’on sait qu’au milieu des médecins, italiens et étrangers, l’opération comptait aussi de nombreux humanitaires embarqués dans une campagne dite « One Smile » (un sourire).

La campagne a impliqué une armada de talents, si l’on peut dire, allant des entrepreneurs aux diplomates ; des hommes et des femmes : en tout 1.200 volontaires de l’excellence qui sont allés à l’approche des personnes dans le besoin, dans une campagne où la meilleure publicité a été assurée par les résultats obtenus sur leur sillage. Une campagne qui a vu aussi se démarquer une femme d’exception, Mme Emma Bonino, passionaria de la cause féminine alors ministre des Affaires étrangères et aujourd’hui débarquée du dernier gouvernement formé il y a quelques semaines en Italie.

Lucien Mpama