Afrique du Sud : plusieurs défis à relever pour le nouveau président de l’ANC

Mardi 19 Décembre 2017 - 19:00

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Au terme d’une campagne tendue, Cyril Ramaphosa, jusque là vice-président du Congrès national africain (ANC), a été élu président le18 décembre, à Johannesburg, avec 2440 voix face à Nkossazana Dlamini Zuma  qui en a obtenu 2261.

Cyril Ramaphosa était déjà le favori de Nelson Mandela pour lui succéder. Finalement, il aura dû attendre près de vingt ans pour décrocher la présidence de l’ANC et d’envisager la présidence de l'Afrique du Sud. Fort de ce succès, il pourrait devenir, en 2019, le nouveau chef de l’Etat du pays à la fin du mandat de Jacob Zuma, en cas de victoire de l’ANC aux élections générales.

S’il espère succéder à Jacob Zuma à la tête du pays, Cyril Ramaphosa aura pour devoir de restaurer l’unité au sein de l'ANC, parti au pouvoir, et de gagner les élections générales. En effet, l'ANC domine la vie politique sud-africaine depuis l'élection de Nelson Mandela en 1994, concrétisant la fin officielle du régime d’apartheid qu'il a combattu. Mais ce parti, qui jouait sa survie lors de cette élection, est aujourd'hui profondément divisé et en perte de vitesse, affaibli par un taux de chômage record à 27,7% et les multiples accusations de corruption qui visent Jacob Zuma.
« On a perdu notre rôle de meneur de la société » sud-africaine, déplorait Cyril Ramaphosa, lors de la conférence de l’ANC à Johannesburg. La frustration de millions de Sud-Africains noirs, laissés pour compte de la nation « arc-en-ciel », est telle que ce parti pourrait perdre, en 2019, la majorité absolue qu'il détient depuis vingt-trois ans.

En 2016 déjà, les municipales ont servi d’avertissement : l'ANC a perdu le contrôle de Pretoria et Johannesburg, les capitales politique et économique du pays. « Stoppons le déclin » de l’ANC, avait lancé, en amont de la conférence, Frank Chikane, compagnon de lutte de Nelson Mandela.
A 65 ans, Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d’affaires, est soutenu par l'aile modérée du parti et très apprécié des marchés. Lors de sa campagne, il a dénoncé la corruption du clan Zuma, et a également promis d’y mettre fin car, d’après sa biographie, il n’est associé à aucun scandale. Entre-temps, ses adversaires lui ont reproché son silence face aux malversations de Jacob Zuma.
Cyril Ramaphosa devra marcher sur une corde raide en attendant de lui succéder, comme chef d’Etat, en 2019, si l’ANC remporte les élections.
Pour sa part, Nkosazana Dlamini Zuma, candidate malheureuse, ancienne ministre et patronne de l'Union africaine, a insisté sur la «transformation radicale de l’économie » au profit de la majorité noire.
Le nouveau patron de l'ANC doit aussi convaincre les investisseurs que son arrivée à la tête de ce parti va mettre un terme aux incertitudes politiques qui pèsent sur l’économie très fragile du pays. Croissance désespérément molle, déficits publics en hausse, chômage de masse et devise fragile, la principale puissance industrielle du continent africain peine à surmonter les effets de la crise financière de 2008.
L’élection de Cyril Ramaphosa à la tête de l'ANC marque la fin des deux quinquennats de Jacob Zuma à la tête du parti de feu Nelson Mandela.

Yvette Reine Nzaba

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