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Africajarc 2016 : à la rencontre des éditions ICESLundi 5 Septembre 2016 - 23:14 Alain Kounzilat, directeur des éditions ICES, était présent tout le long du festival Africajarc, le festival des cultures africaines en France. Il a évoqué pour nous l'histoire de la maison et nous a présenté les dernières publications. L' histoire remonte au début des années 1990 à Brazzaville. L'Institut congolais d'études de sondage (le premier nom d'ICES) est créé lors de la conférence nationale en 1991, par un groupe de scientifiques dans le but de contribuer à la recherche scientifique dans le monde et en particulier au Congo car « un pays sans science ni technologie n'a pas d'avenir » selon Alain Kounzilat. Les premières publications d’ICES sont donc scientifiques. Le groupe crée également la revue « Nouvelles congolaises » qui est un espace de réflexion et de communication de plusieurs organismes en Europe et en Amérique, ICES édite aujourd’hui « La Revue congolaise de gestion ». Après avoir migré en France, le groupe ICES décide d’élargir son travail d’édition et de publier différents genres de livres, fiction, théâtre, témoignages… Les deux nouveautés qu’Alain Kounzilat nous a présentées font partie de la collection « Théâtre & fiction ». Il s’agit tout d'abord du recueil « Les Secrets de la colline bleue » du grand conteur congolais Gabriel Kinsa. Il s’essaie ici au roman et le pari est réussi. Cet ouvrage très intéressant nous mène sur les pas d’un jeune garçon dénommé Seyaa à la destinée incroyable. Seyaa est choisi par les esprits des ancêtres pour devenir nganga, s'ensuivront dix années d'initiation avec son maître où il apprendra à soigner et à maîtriser les forces des esprits. Afin d'arriver au terme de son apprentissage, il lui faut réussir une dernière épreuve : connaître les secrets de la colline bleue. Quête ultime, lieu de toutes les rencontres, où il affrontera le doute et entrera en communion avec la nature. Ce parcours initiatique, servi par une écriture forte et poétique, évoque les étapes de la vie et nous amène dans l'univers de Gabriel Kinsa. Il s'attache depuis toujours à travers ses contes (spectacles et livres) à transmettre le patrimoine oral congolais de manière imagée et généreuse. La seconde nouveauté est le récit « L'Histoire secrète de Kimpa Vita » de Dieudonné Nkounkou. Cet avocat, romancier, musicien, poète et essayiste congolais, évoque une figure méconnue sur le continent africain, celle de Béatrice Ndona, alias Kimpa Vita, dans une grande fresque historique sur la monarchie Kongo du 17e siècle entre luttes intestines, volonté de s’affranchir de l’occupation portugaise et haine des missionnaires contre celle qu'ils nommaient l'hérétique : Kimpa Vita, surnommée parfois la Jeanne d'Arc congolaise. C'est une période troublée pour le royaume Kongo où l'unité est mise à mal, entre guerre civile et conflits avec les portugais. Issue de la noblesse, Kimpa Vita se sent investie d'une mission délicate : la restauration de la capitale Mbanza Kôngo afin d'y ramener les populations et les prétendants au trône du royaume et procéder à l'élection du roi. C'est l'une des rares figures de l'époque au sujet de laquelle il existe de nombreuses sources écrites, notamment les journaux de quatre missionnaires capucins italiens. On apprend que Kimpa Vita est, elle aussi, nganga ; elle est initiée au sein de la société secrète kimpasi qui avait pour mission de délivrer les gens des forces du mal à travers des cérémonies d'exorcisme. Elle effraie les capucins ainsi que le roi Kongo Pierre IV car elle crée le mouvement antonien qui reconnaît Antoine Ier comme le véritable roi des Kongo. Elle est arrêtée et brûlée vive sur un bûcher en 1706, après un procès en sorcellerie et hérésie. La publication de ce livre sur cet extraordinaire personnage de l’histoire de l’Afrique centrale survient après d’autres publications, notamment en Angola où se situe aujourd’hui l’historique ville de Mbanza Kongo (le roman d'Henrique Abranches « Misericordia para o Reino do Congo » et la pièce de théâtre de José Mena Abrantes «Kimpa Vita, une prophétesse ardente »). Pauline Pétesch Légendes et crédits photo :Photo 1 : Alain Kounzilat à Africajarc (c) Adiac
Photo 2 : Couverture du livre "Les secrets de la colline bleue" de Gabriel Kinsa Notification:Non |