Trois tables rondes ont été organisées à l'occasion de la rencontre, à savoir "La lutte contre le changement climatique : comment transformer une contrainte en opportunité pour se développer en Afrique"; '' Les secteurs porteurs de transition énergétique : les atouts français pour relever les défis africains" et le " Financement : comment bailleurs de fonds et investisseurs privés intégrent-ils la priorité "climat""?
Le président du Cian, Alexandre Vilgrain, a rappelé les faits marquants l'année 2017, dont la vision africaine du président français, Emmanuel Macron, à Ouagadougou, au Burkina Faso, où il avait appelé à "révolutionner toute notre façon de penser", qualifiant l'Afrique de continent "incontournable".
Alexandre Vilgrain a invité les entreprises françaises à saisir les opportunités qu'offre l'Afrique, sans oublier le sens du "devoir". Les accords de Paris de la Cop21 avaient suscité beaucoup d'espoirs pour la protection de la planète et pour le nouveau modèle de croissance économique, qu'ils tracent, a poursuivi le président du Cian. Il a regretté que les intentions se soient transformées en inquiétude, à la suite de la dénonciation de l'accord de Paris par le président américain, Donald Trump. L'Afrique, le continent qui émet le moins de gaz à effet de serre (Ges), 4%, en est la première victime.
Au défi du développement, s'ajoute ainsi celui du réchauffement climatique, une lutte qui "coûte cher" à l'Afrique, l'obligeant de tout mener de front, croissance et protection de l'environnement. Ce qui la "conduira à sauter certaines étapes de développement qu'ont connues les pays industrialisés, l'Europe et la Chine, par exemple". Alexandre Vilgrain parle d'une sorte de "leap frog vert" après celui du numérique.
L'enjeu climatique et les avantages politiques
Le président et fondateur de TAC Economics, Thierry Apoteker, a présenté les avantages politiques des enjeux climatiques, qu'il a qualifiés d'une "impérieuse nécessité et une opportunité" pour les économies africaines et pour les entreprises. Grâce au déploiement de nouvelles technologies, aux coûts d'exploitation réduits de l'énergie, une diffusion du progère technique, une création d'emploi, une industrialisation, le développement d'un tissu de PME/PMI africaines, la création de valeurs.
Thierry Apoteker note, cependant, un ensemble hétérogène de risques globaux, intégrant les équilibres économiques et les facteurs politiques et de gouvernance ainsi que les facteurs structurels. Un "cocktail" qui témoigne d'une forte hétérogénéité, bien au-delà des images régionales traditionnelles. Le président de TAC Economics souligne également des défis d'intégration à long terme, source d'incertitudes mais pleins de promesses d'opportunités.
Les spécificités démographiques et le développement de l'Afrique conduisent tous les observateurs à relever l'importance des trois enjeux suivants : La poursuite del'urbanisation avec les enjeux sociaux, environnementaux et sociétaux; la question de l'alimentation en lien avec celle de la gestion des ressources en eau; la question de l'impact du changement climatique et la variabilité des températures et précipitations.
Le plaidoyer du Cian "pour construire l'avenir"
Le président délégué du Cian, Etienne Giros, a fait remarquer un net ralentissement, des deux dernières années, de l'économie africaine, qui "repart" avec une timide reprise, soutenue par une légère remontée des coûts des produits de base, le renforcement de la demande et la fin de la sécheresse dans certaines régions. Au-delà de la vocation traditionnelle au service de l'entreprise, le Cian a évoqué, entre autres, la révision des accords de Cotonou en 2020, le Programme Compact with African, les plans d'investissement extérieur de l'Union européenne (UE - 4,1 miliards d'euros pour des projets privés en Afrique).
La lutte contre le changement climatique en Afrique oblige aussi à faire émerger de nouvelles approches en matière énergétique. Ce qui impacte tout autant l'industrie que l'agriculture, les projets infrastructurels ou les services, ont indiqué les participants. Ils ont souligné l'atout de l'offre française pour répondre à ces défis, rassurant que la "priorité climat" était intégrée dans des stratégies de financement des bailleurs de fonds, à travers, par exemple, les normes de respect de l'environnement ou d'émission de Co2 imposées aux projets et programmes.
L'adaptation, un secteur qui a besoin de financements suffisants
La Banque africaine de développement estime entre dix et trente milliards de dollars par an les coûts annuels de l'adaptation en Afrique, les vingt prochaines années. "Il n'est pas certain que les moyens prévus pour le financement de l'action climatique soient suffisants et bien répartis en général, les fonds étant plus orientés ver l'atténuation que vers l'adaptation", estime la Commission économique pour l'Afrique de l'ONU. L'accès à l'eau étant la pierre angulaire du défi climatique sur quarante-deux projets du Fonds vert pour le climat, seulement deux sont en Afrique. L'Agence française de développement a augmenté ses financements climat aux projets d'adaptation, ceux-là même dont le continet africain a besoin.
Les intervenants ont appelé à intégrer la planifaction territoriale dans le climat, compte tenu du fait que certains territoires font face à des défis sociaux et environnementaux, avec l'accroissement de la population. Pour eux, les collectivités locales sont un maillon essentiel à l'adaption au changement climatique. Ils ont rappélé qu'une quinzaine de villes de plus d'un million d'habitants sont situées en zones côtières.