Femmes et société en mutation : les domaines réservés tombentSamedi 15 Mars 2014 - 3:42 « C’est un métier d’homme, ça ! » Combien de fois n’a-t-on pas entendu une telle réflexion dans les familles ? Et combien de fois, partant de ces présupposés bien machistes, nos enfants – les filles surtout – n’ont-ils pas été mal orientés dans la vie parce que ceux à qui revient la décision les ont fermement conduits vers des carrières qui ne correspondent ni à leurs aptitudes ou aspirations ni, surtout, à la réalité d’une société qui ne devrait plus trouver anormal de voir une femme maçon, conductrice de bus ou de taxi ?
Les patronnes d’Adra sont des battantes dont le parcours les a fait se rencontrer en France, au sein d’une grande société d’assurances dépannage et sanitaire, AXA. Estelle-Nadège Ipangui, une femme chauffeur Cette Congolaise d’une trentaine d’années est basée à Florence, en Italie. Revenue au pays pour lancer des activités commerciales, elle se prend au jeu et se retrouve chauffeur ! La faute… aux hommes ! Parce qu’au début, elle avait fait comme de nombreux Congolais : confier son véhicule à des hommes pour faire le taxi. Mais les affaires ont commencé à mal tourner : les recettes se faisaient de plus en plus petites, elle se faisait arnaquer de mille manières et, surtout, son véhicule était souvent en panne. D’où l’idée de se jeter à l’eau elle-même, étant détentrice d’un permis de conduire à trois cachets. Et la métamorphose financière se voit bien vite : recettes régulières, véhicule en meilleure santé et n’allant pas de panne en panne : « Je m’étonne moi-même de voir comment les choses vont aujourd’hui. Depuis que je conduis mon véhicule, je ne tombe plus en panne. Cela, je l’explique par le fait que je fais attention lorsque je conduis. Les hommes à qui j’avais confié mon véhicule ne roulaient pas avec la même prudence, vraisemblablement. » Dans l’exercice de son activité, ce sont surtout les femmes qui l’encouragent le plus. Ainsi, une dame lui a remis jusqu’à 25 000 FCFA en plus du prix de la course. De la part de certains hommes, c’est surtout le mépris qui prédomine de voir un champ d’action où ils sont majoritaires occupé par une femme. Mais Estelle-Nadège Ipangui a tout de même reçu récemment les encouragements de l’Unité de circulation routière. Cet organisme de la police envisage même d’organiser dorénavant une formation pour les femmes désireuses d’obtenir la catégorie de permis requis pour ce genre de métier, les permis B,C et D. Luce-Jennyfer Mianzoukouta Légendes et crédits photo :Photo 1 : Christine Braumann, 34 ans, responsable comptabilité et finances d’Adra, basée en France. (© DR) ;
Photo 2 : Dolwen Otto-Domoraud 34 ans, responsable administration agence Adra Brazzaville. (© DR) ;
Photo 3 : Ysée Dappe, 28 ans, gérante associée agence Adra Pointe-Noire, responsable communication et marketing. (© DR) ;
Photo 4 : Sabrina Mbobi, 34 ans, gérante associée agence Adra Pointe-Noire. (© DR) ;
Photo 5 : Lynelle, 38 ans, gérante associée agence Adra Brazzaville. (© DR) |