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Linda Ibara-Leckassy : une femme au service de l’entrepreneuriat

Lundi 3 Mars 2014 - 1:15

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Directrice générale de la société cosmétique Kibonit Beauté, elle exploite son savoir-faire pour le bon fonctionnement de sa structure. Elle répond aux questions des Dépêches de Brazzaville

Linda Ibara-Leckassy, directrice générale de la société cosmétique Kibonit Beauté Les Dépêches de Brazzaville : Comment vous êtes-vous lancée dans l’entrepreneuriat ?
Linda Ibara-Leckassy : Quand j’ai terminé mes études à Paris, je travaillais aux Galeries La Fayette. Toutes les femmes qui venaient dans ce grand magasin avaient un problème de peau. C’est à ce moment que l’idée m’est venue de monter une structure de beauté. J’ai fait un mémoire sur les problèmes de peaux noires et métisses, et le jour de ma soutenance j’ai présenté une crème que j’avais faite à base d’un produit naturel, l’huile de kolo. Ce produit fut accepté et encouragé. Pour le faire connaître, il a fallu que je le commercialise, et c’est ce que j’ai fait.

LDB : Où trouvez-vous les produits naturels ?
J’ai une palmeraie au village, qui produit de l’huile de palme, appelée huile de kolo, que je fais venir en France et que je mélange avec des ingrédients naturels français, notamment l’huile de bourache, de noisette, de pépins de raisin, de l’huile marocaine (l’huile d’argan), du miel, etc. C’est avec toutes ces composantes que nous fabriquons le produit Kibonit. Le Kibonit est très riche, il est énormément apprécié tant par les Africaines que par les Européennes. Il donne une couleur bronzée à la peau blanche. Le produit Kibonit contient un principe actif anti-oxydant qui permet à la peau de ne pas vieillir. Du coup, j’ai trouvé une belle clientèle. J’avoue que je réponds à tous les types de peaux maintenant.

LDB : Pensez-vous que le budget beauté des femmes africaines dépasse celui des Européennes et des Asiatiques ?
Le besoin étant permanent, nous ne nous rendons pas forcement compte des sommes que nous investissons. La femme en général ne regarde pas à la dépense. Mais, l’engagement pour arriver à monter une structure n’a rien à voir avec les besoins que nous pouvons avoir. Cet engagement nécessite tout d’abord des idées au plan administratif, ensuite la partie gestion ne doit pas être assimilée à ce que l’on veut proposer aux gens. Aussi convient-il d’associer d’autres compétences ou des partenaires. Les gens ne s’engagent pas facilement dans la création d’une société. Ayant le savoir-faire, il faut également disposer de l’arrière-plan, c’est-à-dire d’une bonne gestion de l’entreprise, notamment la gestion des stocks, la recherche du produit nouveau, l’innovation et l’approvisionnement régulier du marché acquis en fidélisant la clientèle. Voilà pourquoi beaucoup de femmes n’arrivent pas au bout de l’entrepreneuriat. Parce que, par moments, cela peut faire peur, et manquant de formation dans ce domaine, certaines femmes se disent incapables de tenir une entreprise, ce qui n’est qu’une impression.

LDB : Comment avez-vous su gérer jusqu’à ce jour votre société ?
Je suis complète dans mon cursus scolaire. Durant ma formation, on nous expliquait où nous pouvions vendre. Tout d’abord, dans les laboratoires… Il faut donc veiller à la gestion des stocks, à l’approvisionnement, à la bonne gestion. C’est l’un des secrets, parmi tant d’autres, de la réussite. J’essaie de m’organiser du coté administratif ; je suis à l’aise tant dans la partie esthétique que cosmétique.

LDB : Comment gérez-vous foyer et travail ?
J’ai commencé cette aventure il y a onze ans. Je ne peux pas la laisser en chemin, mon mari me connaît engagée, très battante, je crois en ce que je fais ; même l’échec ne me fait pas reculer. Mon époux sait que mon engagement est réel, il me laisse travailler tant que je peux. Cela ne pose aucun problème, je m’en sors.

LDB: Quels sont vos projets pour cette année ?
M’installer de façon régulière au Congo-Brazzaville, créer différents points de vente et, par la suite, démarcher d’autres pays africains. J’ai commencé au Sénégal, au Gabon. Je souhaite faire connaître le produit Kibonit comme numéro un des produits naturels dans la beauté et mettre au goût du jour l’huile de kolo.

LDB : Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui croisent les bras ?
C’est du gâchis, je pense que dans chacune de nous il y a un potentiel, un talent. Il faut l’exploiter, créer son indépendance. Une femme indépendante a le sentiment d’exister. Si elle dépend des autres, cela occulte sa personnalité et crée un mal-être en elle. La femme doit œuvrer pour son indépendance. Pour ce qui est de la nouvelle génération, cela me désole énormément, elle aime bien se prélasser et n’a pas le souci du lendemain. J’espère qu’elle va se ressaisir et qu’elle ne se camouflera pas derrière la prière, car cela peut être un prétexte pour ne pas travailler. Une seule bourse, à mon avis, ne peut répondre à tous les besoins d’une famille. En ce siècle, la parole de la femme est assez libre. Elle a le droit de s’exprimer et de mettre ses idées à la disposition des autres. Partout, même en politique, la femme est libre de donner son point de vue et de le défendre jusqu’au bout de son raisonnement.

Propos recueillis par Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Linda Ibara-Leckassy, directrice générale de la société cosmétique Kibonit Beauté ©DR