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République Centrafricaine : Catherine Samba-Panza, force et diplomatie

Lundi 3 Mars 2014 - 0:30

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Elue le 20 janvier 2014, présidente de la transition, Catherine Samba-Panza concentre en elle seule la diversité du peuple centrafricain, et de l’Afrique centrale. Cette richesse fait d’elle un espoir de paix en Centrafrique et d’une plus grande intégration en Afrique centrale. 

Catherine Samba-Panza, un concentré de la diversité, signe de modernité

Catherine Samba-Panza a grandi à Bangui et a fait ses études universitaires en France, à l’université Panthéon d’Assas, couronnées par un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en droit des assurances. Bien que de confession chrétienne, Catherine Samba-Panza, a toujours été en phase avec toutes les croyances qui respectent la dignité humaine et le vivre ensemble. Elle parle couramment français, Sango et arabe, les trois langues dominantes en Centrafrique, ainsi que les autres langues locales et d’autres régions africaines.
Catherine Samba-Panza connaît très bien les arcanes politiques de la Centrafrique. Son mari, Cyriaque Samba-Panza, avec qui elle a trois enfants, a été plusieurs fois ministre, notamment sous André Kolingba et François Bozizé. 

Catherine Samba-Panza, une femme de dialogue issue de la société civile

Battante, moderne, Catherine Samba-Panza vient de la société civile. De retour à Bangui en 1990, elle intègre la filiale du groupe d’assurance Allianz, avant d’ouvrir sa propre société de courtage en assurance. Elle milite également au sein de l’Association des femmes juristes de Centrafrique (AFJC), spécialisée dans la lutte contre les mutilations génitales et toutes les autres formes de violences. Parallèlement, elle est formatrice en droits de l’homme au sein du programme Afrique d’Amnesty international, fonction qui l’a amenée à rencontrer régulièrement des ONG des Grands Lacs, et de l’Afrique centrale, qui luttent contre toutes les formes d’atteinte aux droits de l’individu, sans distinction de race, d’origine, et de religion. Cette expérience constitue un atout pour mener à bien sa mission de réconciliation dans un pays déchiré par des hostilités protéiformes.

La Mairie de Bangui, un tremplin à la politique

Catherine Samba-Panza franchit le pas politique en mai 2013 lorsqu’elle est élue première femme maire de Bangui, et participe, le 13 novembre à l’Assemblée générale de l’Association des maires francophones (AIMF). Cette élection lui donne plus de visibilité et de lisibilité des instances francophones. Ce fut d’ailleurs l’occasion pour Catherine Samba-Panza d’entamer une tournée dans plusieurs communes françaises pour sensibiliser les autorités françaises sur l’état de la Centrafrique, et y nouer des partenariats de développement décisifs.
Elle appellera d’ailleurs la France à « un retour d’ascenseur, », à son « devoir de solidarité pour un regain d’espoir, [manifestant] la joie des Centrafricains lors de l’arrivée des forces françaises à Bangui, [et rappelant la] mobilisation des Centrafricains lors de la seconde guerre mondiale pour une France libre.»  

Catherine Samba-Panza face à une mission de pacification nationale, régionale et internationale cruciale

Catherine Samba-Panza est élue le 20 janvier 2014, pour poursuivre à son terme la transition après la démission de Michel Djotodia. Elle est la première femme élue à la tête du pays, la deuxième en Afrique centrale. Elle choisit André Nzapayéké, comme Premier ministre d’un gouvernement de technocrates composé de vingt ministres, dont sept femmes.
Dans son discours d’investiture, la présidente centrafricaine a lancé un vibrant appel à la réconciliation  de tous les Centrafricains et Centrafricaines, y compris ses « enfants anti-balaka et ex-séléka », et s’est fixée comme objectifs : le désarmement des milices ; l’organisation du retour des exilés et la réconciliation nationale. Une mission qui a besoin de la mobilisation internationale.
Après s’être adressée aux Centrafricains, et avoir rencontré les forces de paix de l’opération Sangaris et de la Misca, les différents émissaires du continent africain, les ONG internationales, pour se nourrir de leurs expériences et connaissances, Catherine Samba-Panza s’est rendue à Brazzaville, pour rencontrer le président congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur de la crise centrafricaine. Elle a également reçu plusieurs dirigeants de la communauté internationale, notamment les ministres français des Affaires étrangères et de la défense, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian. La France vient de renforcer son dispositif Sangaris de 400 soldats. Sont attendues les forces Eufor de l’Union européenne UE).

Dans un pays qui compte aujourd’hui près d’un million de déplacés, plusieurs milliers de morts, asphyxié économiquement et entré dans une crise humanitaire, en proie à des violences interconfessionnelles entre des populations manipulées, qui ont toujours vécu en parfaite intelligence et harmonie, sans considération ni religieuse, ni ethnique, ni d’origine, la présidente centrafricaine, l’Onu et la France ont promis des sanctions et des poursuites à tous ceux nuisent à la paix et à la stabilité du pays, aux conséquences régionales incalculables.

A Ndjamena, la présidente de transition a reconnu l’incapacité du moment  de son gouvernement à assurer la sécurité des musulmans, mais s’est engagée à assurer leur retour dans le pays dès que la situation se sera améliorée, tout en prônant le dialogue avec la Séléka.

 «La question primordiale c’est le problème de sécurité, qui a obligé nos frères musulmans vivant en République centrafricaine, à vouloir quitter le pays pour se mettre à l’abri dans un pays qu’ils ne connaissement pas souvent, parce qu’ils n’y sont pas nés, ils n’y ont pas grandi. Beaucoup de Tchadiens vivant en Centrafrique y sont depuis au moins plusieurs générations. Et donc les voir quitter notre pays nous déchire le cœur. […] Le jour où la sécurité reviendra, il m’appartient, avec tout le peuple centrafricain, de revenir vers ces frères et leur demander de revenir à nouveau dans leur patrie », a déclaré Catherine Samba-Panza, le 17 février, à l’issue de sa visite de travail avec le président Idriss Deby Itno.

 

Morgane de Capèle & Noël Ndong

 

 

 

Morgane de Capèle et Noël Ndong