Enjeux de l’heure: les manifestations publiques toujours interdites à KinshasaMardi 3 Avril 2018 - 17:24 D’après le ministre provincial de l’Intérieur, toute demande d’autorisation devra dorénavant être sujet d’analyse approfondie de la part du gouvernement provincial et des services de sécurité qui lui sert de conseil. Alors que nombreux étaient les congolais qui avaient cru en la décision de la ministre des Droits humains de lever la mesure portant suspension des manifestations publiques sur le territoire national, le ministre provincial de l’Intérieur de la ville-province de Kinshasa est venu tout chambouler. D’après cette autorité urbaine qui s’est exprimée à la presse le 3 avril, Kinshasa n’est pas concernée par cette mesure gouvernementale que la ministre Marie Ange Mushobekwa avait solennellement annoncée, le 20 mars dernier, à la tribune du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. A en croire Emmanuel Aketi, Kinshasa n’a jamais levé cette mesure tout en nuançant sur le fait que les demandes à manifester sont analysées de manière approfondie au cas par cas, avec notamment l'implication des services de sécurité. Le ministre provincial a expliqué que la ville était bien obligée de surseoir à toute demande d’autorisation de la part de tout requérant qui voulait rassembler des gens sur la voie publique, les précédentes autorisations ayant occasionné beaucoup de pertes en vies humaines. « Cette mesure n’est pas encore levée », a-t-il indiqué, tendant à ignorer la décision de la ministre des Droits humains. « La mesure de suspension des manifestations politiques sur la place publique a été levée afin de permettre à tous les partis et regroupements politiques de mieux se préparer aux élections du 23 décembre prochain. Ces dites manifestations doivent se tenir dans le respect de l’ordre public ainsi que les valeurs républicaines comme la tolérance, la coexistence pacifique et la non-violence », avait alors affirmé Marie Ange Mushobekwa. Prenant le contre pied de la ministre, l’exécutif provincial de la ville de Kinshasa tient à jouer sa partition dans un dossier où il veut avoir voix au chapitre. En synergie avec les services de sécurité qui lui sert de conseil, il entend gérer sa capitale en toute indépendance, loin des injonctions du gouvernement central. « Nous étudions la température et les dossiers sont examinés au cas par cas », a laissé entendre Emmanuel Aketi. Entre-temps, sur le terrain, le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement, au pouvoir, poursuit avec ses meetings populaires dans la ville pour sensibiliser aux élections, rassemblant des milliers des personnes sur la place publique. Le quitus accordé par l’autorité urbaine à cette demande vaudra-t-il aussi pour les partis politiques de l'opposition qui voudraient se soumettre au même exercice ? La question est posée. Alain Diasso Notification:Non |