Présidentielle 2018 : la classe politique à couteaux tirés

Lundi 6 Novembre 2017 - 15:00

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Alors que la majorité présidentielle demande à l'ensemble des acteurs du pays de se mettre à l'œuvre pour matérialiser le nouveau chronogramme électoral et assurer son plein succès, l’opposition, elle, rejette tout en bloc, estimant qu’il accorde un sursis à Joseph Kabila tout en prolongeant la misère du peuple.

Il a fallu attendre près de dix jours après le départ de l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, qui avait exigé des élections en 2018 pour voir la Commission électorale nationale indépendante (Céni) se mettre au pas et publier le calendrier électoral tant attendu par la communauté nationale qu’internationale. Autant dire que la pression ( externe et interne) a été si forte que la Céni ne pouvait que fléchir face aux diverses revendications exprimées autour de la publication du calendrier électoral qu’on voulait urgente.       

Initialement prévue le 4 novembre, la divulgation de ce document-choc, censé donner un aperçu de la suite du processus électoral et dont le point culminant demeure la tenue de la présidentielle, a été repoussée d’un jour, soit le 5 novembre. Devant la presse, les partenaires politiques, les membres de la société civile ainsi que d’autres invités, Corneille Naanga a déballé le contenu du fameux calendrier. Globalement, la Céni prévoit la tenue de l’élection présidentielle couplée aux législatives nationales et provinciales au 23 décembre  2018. Les trois scrutins auront donc lieu en une seule séquence à cette date. Dans la foulée, le nouveau chef de l’Etat élu prêtera serment le 12 janvier 2019. Selon ce nouveau chronogramme, le président Kabila restera au pouvoir au moins un an de plus alors qu’il était censé rendre le tablier fin 2016, conformément à la Constitution et fin 2017 selon l’Accord de la Saint-Sylvestre. Il aura donc gagné deux ans, soit près d'un demi-mandat. Autres échéances à retenir, celles du 1er juillet 2018 et du 8 mai de la même année consacrées respectivement à la promulgation de la loi sur la répartition des sièges et à l’enrôlement des Congolais vivant à l'étranger.

Par ailleurs, il faudra attendre le 6 mars 2019 pour voir le Sénat être renouvelé, une élection qui n'a plus eu lieu depuis 2006. Et quinze jours plus tard, devrait avoir lieu l'élection des gouverneurs et vice-gouverneurs.

Des réactions en sens divers

Pour le président de la Céni, ce calendrier respecte les prescrits de l’accord politique de la Saint-Sylvestre qui, quoiqu’ayant fixé les élections fin décembre 2017, avait aussi prévu qu'il y ait une évaluation du processus pour éventuellement amender le calendrier initial. Ce qui, dans son entendement, fut fait avec le report des élections tel que consacré par le nouveau chronogramme. En tout cas, à la majorité, l’on se félicite de ce dénouement pour autant qu’il lève tout malentendu autour du processus électoral en cours. Afin d'éviter que ce calendrier électoral global ne connaisse le sort des précédents publiés dans des conditions quasi similaires sur fond de pression et de tension sociale, le porte-parole de la majorité présidentielle, Alain Atundu, a exhorté la communauté internationale et la classe politique congolaise à tout mettre en œuvre pour assurer son succès.

Cette famille politique estime que Corneille Naanga a vu juste car il est insensé d’imaginer une « transition sans Kabila », en vertu de l'article 70 de la Constitution dont la Cour constitutionnelle avait éclairé l’esprit et la lettre, par le biais d’un arrêt en interprétation, en indiquant que le président de la République ne pourra quitter son fauteuil que si l’élection est organisée et qu’un nouveau président est élu puis investi solennellement.       

Du côté de l’opposition, c’est à une levée de boucliers à laquelle on a assisté, quelques instants après la publication du calendrier électoral. Aussitôt a-t-il été rendu public, aussitôt a-t-il été rejeté par les opposants politiques qui ont dénoncé un « nouveau sursis » accordé au président Joseph Kabila. « C’est un schéma attentatoire à la Constitution et au peuple congolais, destiné à maintenir indéfiniment, en toute illégalité et toute illégitimité, Joseph Kabila au pouvoir », a déclaré UDAO, un parti politique affilié au Rassemblement. Même réaction du côté de l'UDPS et du G7 qui, faisant fi du calendrier publié, continuent d’exiger une « transition sans Kabila ». Selon eux, la légitimité dont bénéficie ce dernier prendra fin le 31 décembre. Pour Moïse Katumbi et son allié Félix Tshisekedi, l'organisation des élections sera confiée à une ou des personnalités indépendantes.

D’autres opposants, à l'instar de Martin Fayulu, ce calendrier électoral est considéré comme une provocation. Ils ont appellé les Congolais à l’application de l’article 64 de la Constitution qui prohibe toute tentative de renversement du régime constitutionnel. Faisant siennes les dispositions dudit article, le coordonnateur de la Dynamique pour l’unité d’action de l’opposition exhorte ses compatriotes à « faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la Constitution ».      

Alain Diasso

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