Micro-finance : ça chauffe à la CBCO

Mercredi 25 Octobre 2017 - 15:39

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Le processus de liquidation, en cours depuis 2014, a pris une autre tournure depuis que les épargnants, qui déplorent la passivité du liquidateur dans le remboursement des épargnes bloquées, ont saisi officiellement le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC).  

 

 

 

 

 

 

Entre 2015 et 2016, le secteur de la micro-finance a enregistré au moins trois failles. Récemment encore, I-Finance annonçait à ses clients la reprise de leurs épargnes à la Finca, la première institution de micro-finance du pays. A la Coopérative de la communauté baptiste du Congo ouest (CBCO), la tension est loin de baisser entre son liquidateur et le Collectif des épargnants toujours en colère trois ans après le démarrage du processus de liquidation en juillet 2014. Dans une correspondance publiée le 24 octobre dernier, ce collectif a sollicité officiellement l’implication de la BCC pour accélérer le remboursement de leurs épargnes bloquées. Il estime que depuis 2014, le liquidateur empêche les membres du collectif d’avoir accès à leurs épargnes. Le processus de liquidation, a-t-il martelé, accuse une lenteur préjudiciable aux intérêts des épargnants.

S’exprimant en des termes très durs dans cette correspondance, le collectif a noté l’absence manifeste d’effort dans la communication régulière avec les épargnants. Par ailleurs, a-t-il ajouté, aucun épargnant n’a pu obtenir des informations sur la situation des épargnes après la dépréciation de la monnaie nationale. Pour rappel, l’on parle d’une dégradation de près de 40 % du Franc congolais au cours de l’année 2016 mais la tendance a débuté bien avant cette période.

En effet, un profond malaise s’est emparé du secteur financier congolais au lendemain de la crise économique qui a commencé à se faire ressentir sur les fondamentaux depuis la seconde moitié de l’année 2015. Par rapport à ses attentes inassouvies, le collectif a exigé une amélioration de la communication du liquidateur. Il est décidé, par ailleurs, à obtenir une intervention de la BCC car ses membres n’ont plus accès aux guichets de la coopérative CBCO après leur fermeture.

Une telle situation risque de freiner l’émergence d’une classe moyenne en République Démocratique du Congo (RDC). Les coopératives brassent énormément d’argent, d’où leur importance stratégique dans la définition d’une politique nationale de développement du secteur financier. Toutefois, le secteur de la micro-finance a payé un lourd tribut du marasme économique actuel. Bien implantée dans l’est, la première coopérative du pays, en l’occurrence la Mecreco, a été frappée par une mesure de liquidation de la BCC en octobre 2016. Il s’agit d’une institution qui comptait près de 200 000 clients répartis dans 7 provinces congolaises. D’autres chiffres, plus effrayants, ont révélé l’augmentation du taux moyen de risque pour les institutions de micro-finance, partant de 5 à 15 % en 2016.

Il est difficile d’éluder l’urgence de lancer un vrai débat sur l’avenir de la micro-finance en RDC. Il y va, d’ailleurs, de la sécurité des millions et des millions de Congolais qui fréquentent quotidiennement ces institutions. Beaucoup, parmi eux, ont perdu et continuent à perdre leur argent sans que les décideurs ne s’en émeuvent outre mesure.

Laurent Essolomwa

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