Les eaux usées, le nouvel or noir

Samedi 14 Octobre 2017 - 14:25

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Les eaux usées doivent être considérées comme une ressource et non une nuisance. Au Congo, la valeur de cette denrée se fait sentir qu’en cas de pénurie ou encore dans les quartiers où les systèmes d’adduction en eau potable sont quasi inexistants.

La croissance démographique exerce de nouvelles pressions sur la consommation d’eau. Mais pourtant nombre de Congolais ne prennent pas conscience. Il faut craindre à l’avenir que cette denrée vitale ne devienne un « luxe » dans le monde. Pénurie par ci, manque d’eau par-là, il n’est pas rare de voir dans certaines villes du continent des citoyens promenant leurs bidons pour s’approvisionner en eau. Les villes du Congo n’en sont pas épargnées, en dépit des cours d’eau qui jalonnent le pays.

La solution consiste à éviter le gaspillage et recycler, une condition difficile pour le pays, car le Congo ne dispose d’aucun système de stockage et de recyclage des eaux usées. Une perte qui pourra sans doute aider à desservir Brazzaville et Pointe-Noire où dans de nombreux quartiers, les habitants peinent à trouver cette denrée de première nécessité. Selon le dernier rapport des Nations unies sur l'eau, à l'échelle mondiale, plus de 80% des eaux usées sont rejetées dans la nature sans traitement, alors qu’elles pourraient être réutilisées et servir à résorber la crise de l’eau.

Une source de pollution

Après la pollution des sacs plastiques, les eaux usées constituent également une menace pour notre environnement. La pollution par les eaux usées - sujet d’inquiétude - est un danger pour la santé publique. En général, les eaux domestiques (lessive, vaisselle, douches…) sont déversées dans la rue. En cause : manque de système de traitement collectif des eaux usées à l’instar du système de collecte et de transformation des ordures ménagères par la société Averda.

Mais pas seulement. Pour lutter contre ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur rendant insalubres certaines artères de nos villes, il est de mise de mener des campagnes de sensibilisation sur l’hygiène afin d’éviter certaines habitudes comme le curage local des toilettes où les résidus, exposés dans un trou pendant quelque temps, représentent un danger pour la population environnante. Cette pratique, bien que moins coûteuse, est une importante source de contamination bactériologique surtout pendant les pluies. L’eau issue des toilettes est un bel exemple.

Au vue des réalités, un programme d’assainissement des eaux s’impose dans les principales villes du pays. Il est opportun, malgré les efforts d’assainissement des villes, d’instaurer dans les municipalités un système d’égouts reliant les résidences, les commerces, les institutions et les industries pour canaliser les eaux vers une station d’épuration afin d’éviter la pollution due au déversement des eaux usées.

800.000 décès par an

Les experts estiment que les eaux usées, qu’elles proviennent des ménages, de l’agriculture ou de l’environnement, ne doivent pas être perçues comme une nuisance, mais comme une source potentielle d’énergie et de nutriments pour une population mondiale en pleine croissance. « Ne pas tenir compte des opportunités découlant de l'amélioration de la gestion des eaux usées n'est rien de moins qu’impensable », a déclaré Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco, l'un des nombreux organismes du système des Nations unies impliqués dans le rapport, publié à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau.

Intitulé « Wastewater: The Untapped Resource - Eaux usées: la ressource inexploitée », ce rapport attire l’attention sur le fait que plus de 800.000 personnes meurent chaque année à cause de la consommation d’eau contaminée et de l’impossibilité de se laver convenablement les mains. Il recommande une gestion soigneuse à chaque étape du cycle de l’eau : prélèvement, prétraitement, distribution, consommation, collecte et post-traitement, utilisation des eaux usées traitées et retour dans l’environnement où un nouveau cycle peut alors commencer. À l’horizon de 2050, la population mondiale devrait croître d'un tiers et atteindre plus de 9 milliards d’âmes. Le monde aura alors besoin de 55% de plus d'eau et 70% de plus d'énergie, estiment les Nations unies.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 et 2: DR

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