Infrastructures : les complexes sportifs de l’hinterland à l’abandon

Mercredi 27 Septembre 2017 - 18:00

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Le manque d’entretien a mis les installations sportives construites dans l’arrière-pays dans un état de délabrement très avancé. L’insécurité autour empire la situation. Constat du ministre des Sports et de l’éducation physique, Hugues Ngouélondélé.

Le processus tournant de la municipalisation accélérée a doté les départements du Congo d’infrastructures sportives de qualité. Objectifs : faire émerger les talents sur toute l’étendue du territoire national; former dans les meilleures conditions les champions de demain… Malheureusement, certaines d’entre elles se délabrent. D’autres, à ce jour, ne sont ni fréquentées ni fréquentables.

Au complexe sportif de Ouesso notamment, l’herbe a pris de la hauteur. Possible de réaliser une partie de chasse. Le mur de clôture est, par ailleurs, rongé par l'érosion. Il pourrait s'écrouler si on n'y prend pas garde. Quelques bureaux des gestionnaires du stade portent les griffes du vandalisme : vitrines cassées, ordinateurs emportés... La piste d’athlétisme, couverte de graviers, est impraticable pour la discipline, d’autant plus que le tarton tarde à venir. Les 16 000 places assises sont intactes, tout comme la pelouse synthétique. Pourtant au stade annexe, une partie du mûr sur lequel reposent les gradins se décape et menace de s’effondrer. « La sonorisation ne marche pas, la machine à eau non plus », a expliqué le directeur départemental des Sports et de l’éducation physique du département de la Sangha, Guillaume Ndomba.

La réalité est la même à Ewo dans le département de la Cuvette-Ouest. Dans les bureaux et vestiaires, les plafonds en liège sont à terre. « C’est à cause de la chaleur », s’est justifié le chef de bureau étude et formation du stade, Guy Ongouka. Ici également, l’herbe a pris la place du tarton sur la piste d’athlétisme. Au stade annexe, les aires de jeu de handball, de volleyball et de basketball se détériorent. Les équipes de ces différentes disciplines n’existent quasiment pas dans cette localité. Le complexe sportif Marien-Ngouabi d’Owando (Cuvette) n’est pas épargné. Sur l’aire de jeu, les termitières ont formé des dos d’âne comme à Ewo. Pourtant, le stade abrite régulièrement les rencontres du championnat national de football, puisque le club Otoho, vice-champion du Congo, y évolue cette saison. A Oyo, le gymnase qui a abrité nombre de compétitions internationales n’est plus en bon état. Le tarton est à changer, le toit et bien d’autres compartiments aussi. 

A Djambala, département des Plateaux, le constat est amer. Impossible de quitter le stade de football pour se rendre à l'annexe sans plonger dans l’herbe. La piste ayant permis à la délégation ministérielle et départementale d’y accéder a visiblement été débroussaillée quelques heures avant pour la circonstance. Les bureaux du stade ne sont pas occupés alors que les structures sportives départementales pouvaient s’y installer.

Raisons évoquées

Les autorités sportives départementales qui ont échangé avec le ministre des Sports et de l’éducation physique ont évoqué des raisons qui, selon eux, expliquent l’état délabré de ces infrastructures. « Depuis 2013, nous n’avons reçu que deux trimestres de crédits », a indiqué Romuald Otélé, directeur du complexe sportif d’Ewo. Ses collègues de Ouesso, de Djambala, d’Oyo, d’Owando ont abondé dans le même sens. Sans crédits, il n’est difficile d’assurer l’entretien.  Les tacherons engagés se sont, en effet, retrouvés avec des mois impayés. Plus personne ne veut travailler.

A cela s’ajoute, la qualité du personnel qui doit entretenir ces complexes sportifs pour lesquels l’Etat a consenti efforts et sacrifices. A dire vrai, l’entretien ne se limite pas au désherbage. La maintenance des installations sportives concerne des domaines purement techniques qui nécessitent la formation. Par ailleurs, les ligues départementales de plusieurs disciplines sportives sont quasiment inexistantes. Il est à souligner que celles-ci se dégradent aussi du fait de leur non- utilisation. Les enseignements d’éducation physique et sportive peuvent avoir lieu sur ces aires de jeu qui se décomposent. Mais, c'est loin d'être le cas.

Les choses doivent changer

 « Il n’est pas admissible que ces installations sportives mises à la disposition de la jeunesse congolaise demeurent dans cet état », a déclaré Hugues Ngouélondélé, s’adressant aux différents responsables sportifs rencontrés dans les localités précitées. Le ministre a expliqué que l’action à mener repose sur les réformes et la formation. « La situation économique et financière que traverse le pays nous oblige de faire beaucoup avec peu. On va se battre pour avoir des moyens afin que ce patrimoine sportif rayonne et que les grands champions de demain y soient formés », a-t-il fait savoir. « Puis, nous allons tirer les conclusions qui s’imposent, car dans un délai relativement court ces infrastructures ne doivent plus être comme elles sont aujourd’hui », a conclu le ministre des Sports.

Complexe sportif Marien-Ngouabi d’Owando : construit en 2009 à l’occasion du 49e anniversaire de l’indépendance. Stade : 13037 places. L’infrastructure a déjà abrité des matchs internationaux : Congo-Kenya (éliminatoires de la CAN 2017, Etoile du Congo-MK Etanchéité de la RDC, Coupe de la CAF 2015) ;

Complexe sportif d’Ewo : construit en 2011 à la faveur du 51e anniversaire de l’indépendance. Stade de football : 3 800 places ;

Complexe sportif de Djambala : construit en 2013 (53e anniversaire de l’indépendance). Stade : 7 000 places;

Complexe sportif de Ouesso : construit en 2015 (55e anniversaire de l’indépendance). Stade : 16 000 places.

 

Reportage de Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : le ministre des Sports visitant le complexe sportif de Djambala Photo 2 : une vue du stade de Djambala Crédit photo Adiac

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