Assurances : nécessité d’accélérer la « libéralisation effective »Samedi 16 Septembre 2017 - 15:25 Contacté par la rédaction, un cabinet spécialisé, qui suit ce dossier depuis plusieurs années, a affirmé tout l’intérêt pour les autorités congolaises de classer cette importante réforme du système financier parmi les grandes actions à parachever à court terme pour améliorer l’accès au crédit, la véritable clef du développement économique de la RDC. Il espère un deuxième « succes story » dans le secteur financier après l’expansion fulgurante des banques au début des années 2000. Une nouvelle échéance devrait être établie au courant de cette année, certainement le dernier trimestre de 2017, pour le démarrage des demandes d’agrément des compagnies intéressées. Dès l’enregistrement du dossier par l’organe de régulation, en l’occurrence l’Autorité de régulation et de contrôle des assurances (Arca), la compagnie agréée aura deux années pour lancer effectivement ses activités. À plein régime, l’on estime que le secteur de l’assurance devrait générer plus de 300 millions de dollars américains de recettes fiscales par an, voire 500 millions pour les projections les plus optimistes. Juste avant de lancer cette réforme, la Société nationale d’assurance (Sonas) qui exerçait à cette époque un monopole absolu dans le secteur, avait un chiffre d’affaire estimé à seulement 80 millions de dollars américains (année 2014). Il s’agit d’un chiffre qui ne représente nullement le potentiel réel du secteur pour la simple raison qu’aucun contrôle n’était exercé sur les licences et autorisations des courtiers étrangers non enregistrés. Selon le secteur privé, plus précisément la Fédération des entreprises du Congo, la majorité des assurances était placée dans l’informel. L’on s’imagine mieux l’ampleur du manque à gagner pour le pays. Avec la Loi 15/005 portant Code des assurances, cette faiblesse est en voie d’être ciblée rapidement. En effet, la création de l’Arca permet de promouvoir une concurrence loyale dans un secteur capable de booster le développement économique grâce à une meilleure canalisation des investissements conséquents dans le deuxième pilier de l’écosystème financier congolais. Par ailleurs, le pays peut désormais assurer un contrôle plus rigoureux sur les courtiers qui sont, il faut le rappeler, les intermédiaires importants du secteur des assurances. L’idéal est d’avoir des compagnies agréées très actives dans les assurances obligatoires et des affaires qui seront proposées systématiquement dans les secteurs aussi stratégiques que les mines, l’industrie et même le commerce. Tout le sens du défi est de pousser les acteurs à la compétition. Avec la fin du monopole, les sociétés doivent désormais séduire leurs clients par des offres alléchantes et se battre pour les garder. Dans ce nouveau paysage des assurances en RDC, il n’y a plus de place pour les compagnies insolvables. Chacune d’entre elles doit dévoiler ses capacités : risques couverts, couverture géographique, échéance de rentabilité, etc. L’autre impact attendu de cette réforme cruciale est plutôt social. Cependant, la multiplicité d’acteurs aura sans aucun doute des effets inexorables sur le recrutement et la formation de la main d’œuvre locale. Des opportunités intéressantes ne manqueront pas pour pousser l’expertise congolaise dans les domaines d’assurances jusque-là inexplorés. Mais le vrai défi pour le pays est d’arriver à proposer enfin aux assurés congolais un service qui répond à leurs différentes attentes. Cela a manqué cruellement à ce jour. Pour toutes ces raisons et d’autres non évoquées précédemment, les experts estiment que l’assurance est véritablement une priorité pour le pays. À cet effet, ils ont invité le gouvernement central à bien prendre la mesure de la question de l’assurance dans la définition de la stratégie de développement économique de la RDC. Amorcé depuis 2005, le processus de libéralisation du marché des assurances ne peut qu’aboutir à des résultats encourageants, du moins espèrent-ils. Pour eux, tous les ingrédients sont réunis pour faire une belle sauce. Le bon goût dépendra de la dextérité du cuisinier. Pour autant, cette réforme contribuera à apporter des réponses durables aux inquiétudes liées au faible taux de couverture des risques, à la fuite des capitaux vers l’extérieur et aux difficultés d’accès à certains types de financement par manque d’assurance appropriée. À terme, les différentes opportunités aideront le pays à se doter d’un secteur financier viable, avec les banques d’affaires spécialisées, un marché financier structuré, des institutions de micro-finances partout sur l’étendue du territoire national, les sociétés de leasing et les compagnies d’assurance, de réassurance, de mutuelle d’assurance et d’intermédiaires en assurance privées. Nous y reviendrons. Laurent Essolomwa Notification:Non |