Assassinat de Zaida Catalan et Michael Sharp : les éléments du puzzle se mettent en placeJeudi 17 Août 2017 - 17:18 L’ONU a bouclé la première phase de ses enquêtes et rendu public un rapport, le dimanche 13 août, qui confirme le caractère prémédité de l’assassinat le 12 mars 2017 des deux experts de l’ONU dans la localité de Bukonde alors qu’ils étaient en mission de travail au Kasaï. Le dossier du double assassinat des deux experts onusiens tués dans le Kasaï, à savoir Michael Sharp Zaida et Catalan respectivement chargé des groupes armés et spécialiste des questions humanitaires, vient de refaire surface. Et de quelle manière ? Deux rapports complémentaires remis ces dernières semaines au Conseil de sécurité de l'ONU apportent quelques détails sur les circonstances du meurtre de ces deux enquêteurs sans toutefois donner des indications précises sur l’identité des auteurs de ce crime abominable. Le tout dernier publié le dimanche 13 août par le groupe d’experts de l'ONU s’inscrit dans la continuité du travail préliminaire effectué par leurs collègues assassinés tout en mettant un point d’honneur dans la recherche de la vérité liée à leur assassinat. Alors que le rapport de la commission d'enquête indépendante mise en place par l'ONU publié en juin dernier reste bien plus prudent dans ses conclusions, celui du groupe d’experts confirme, sans ambages, le caractère prémédité de cet assassinat. Ces experts onusiens n’excluent pas l’implication, dans ce dossier, de différents acteurs (favorables ou non au gouvernement) des factions Kamuina Nsapu, d’autres groupes armés ainsi que des membres des services de sécurité de l’État. Toutes ces composantes seraient intervenues à divers degré dans ce double meurtre qui procéderait d’un plan bien ficelé. Bien que les éléments de preuve préliminaires en leur possession ne permettent pas à ce niveau de déterminer les responsables du meurtre, celui-ci constitue néanmoins une attaque contre le Conseil de sécurité et une violation grave du droit international humanitaire, se convainquent-ils. Tentant de reconstituer les faits, ils notent que dans l’après-midi du 12 mars 2017, Zaida Catalan et Michael Sharp tenaient à répondre à un rendez-vous obtenu la veille avec un petit groupe de représentants de la milice des Kamuina Nsapu. Alors qu’ils se rendaient dans la localité de Bukonde, ils sont tombés dans une embuscade, à dix kilomètres de la destination finale. Des coups de feu auraient été tirés dans leur direction et c’est dans cette confusion que Zaida Catalan et Michael Sharp furent assassinés. En attendant que les enquêtes complémentaires que mènent concomitamment la police suédoise et le FBI américain sur le terrain pour identifier formellement les auteurs de ces crimes n’aboutissent, le groupe d’experts révèle que les victimes cherchaient, à travers leur visite de terrain, à mieux comprendre la structure des Kamuina Nsapu, ses réseaux de soutien ainsi que le recrutement et l’utilisation éventuels d’enfants. Une thèse appuyée par les éléments sonores contenus dans une cassette audio datée du 11 mars 2017, dans laquelle Zaida Catalan et Michael Sharp s’entretenaient avec des délégués du clan Kamuina Nsapu. Qui a porté la main sur les deux experts de l’ONU pour leur ôter la vie ? Difficile d’y répondre tant le groupe des présumés auteurs est hétéroclite. Même la diffusion répétée par le gouvernement d’une vidéo du meurtre des deux experts n’a pas fait avancer les investigations. Pour sa part, le gouvernement souvent accusé, à tort ou raison, de manque de coopération via ses services de sécurité participant aux enquêtes, met en relief les efforts consentis dans la quête de la vérité avec, en prime, l’arrestation par la justice militaire de certains suspects dont deux sont actuellement en instance de jugement. D’autres suspects en cavale font l’objet des recherches des forces de sécurité congolaises, apprend-on. Lentement mais surement, les éléments du puzzle se mettent en place. Alain Diasso Notification:Non |