Nord-Kivu : le nouveau mode opérationnel de la Monusco inquiète

Jeudi 20 Juillet 2017 - 17:52

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Avec cette fermeture annoncée des cinq bases fixes de la Monusco dans cette partie du pays, d’aucuns redoutent une recrudescence de l’insécurité dans plusieurs endroits où l’absence de l’autorité de l’État est manifeste.  

La décision prise par la Monusco via un communiqué publié le mercredi 19 juillet annonçant la fermeture, d’ici fin juillet, de cinq de ses bases fixes au Nord-Kivu continue à faire jaser dans l’opinion. En clair, les casques bleus jadis en faction permanente dans les territoires ciblés par cette mesure sont astreints de les quitter pour une nouvelle localisation. Déjà, le fait d’y penser donne des sueurs froides aux populations de Walikale (Walikale centre et Bunyapuri), de Masisi (Masisi centre et Nyabiondo) et de Lubero (Luofo), territoires concernés par cette fermeture. L’inquiétude est donc perceptible dans le chef des habitants qui redoutent la résurgence de l’insécurité dans leurs territoires souffrant déjà d’un déficit criant de l'autorité de l’État.

Dans les cinq territoires où la Monusco entend retirer l'essentiel de ses déploiements permanents - cas de Masisi et Walikale -, les groupes armés pullulent encore et continuent de semer la désolation parmi la population. Bien que repoussés vers le nord-est, les rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont toujours très actifs dans ce coin du pays à travers quelques éléments résiduels. L’on note aussi la présence des Maï-Maï Guidon ou Sheka qui n’arrêtent de malmener une population qui a déjà trop souffert. Aussi la décision de l’ONU de fermer cinq de ses bases dans le Nord-Kivu est-elle mal vue par la population qui craint, à juste titre d’ailleurs, la recrudescence de l'insécurité. Ce, d’autant plus que l’absence d’autorité de l’État, dans plusieurs endroits, de la région étaient compensée jusque-là par ces bases qui faisaient office d’une certaine présence étatique. Plusieurs ONG de la société civile sont également montées au créneau pour récuser ces fermetures des bases de la Monusco qui risque de donner des ailes aux groupes armés pour continuer à traquer la population.

Balayant toutes ces craintes, la Monusco a, pour sa part, assuré que la fermeture de ces cinq bases militaires ne laissera pas un vide sécuritaire dans les territoires concernés. L’expérience avait déjà été tentée dans plusieurs autres coins du pays où la Monusco avait eu à fermer ses bases ou ses détachements temporaires sans que cela n’entraîne une résurgence de la violence comme elle existait précédemment. Pour le cas d’espèce, la Monusco fait remarquer que cette décision avait été prise « après une étude sérieuse de la situation sécuritaire autour de ces régions ». Le retrait des casques bleues dans les régions ciblées fait suite au changement de mode de fonctionnement de la Monusco qui, par ailleurs, est appelée à faire face aux coupures budgétaires qu’impose la demande de réduction de troupes exigée par le gouvernement congolais. Notons que le Conseil de sécurité de l’ONU avait, en son temps, demandé à la Monusco de réduire ses effectifs de 2.500 hommes. Dans le Nord-Kivu, cela s’est traduit par la disparition de l’équivalent d'un bataillon entier, 750 casques bleus et, aujourd’hui, de cinq bases permanentes fermées.

C’est donc pour des raisons d’efficacité que la Monusco aurait pris une telle décision consistant à privilégier la mobilité et la flexibilité de ses interventions militaires. Elle est en droite ligne avec la stratégie adoptée par le département des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Le nouveau dispositif opérationnel de la Monusco comprendra des patrouilles longues distances, des patrouilles de démonstrations de présence, la surveillance aérienne ainsi qu’un déploiement rapidement en cas d’incident de sécurité. Toutefois, la Monusco veillera à continuer à remplir son mandat, c’est-à-dire qu’elle poursuivra le soutien aux autorités congolaises dans la protection des civils, a tenu à rassurer son chef Maman Sidikou.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des casques bleus

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