Stratégie politique : Joseph Kabila tient encore le bon boutJeudi 13 Avril 2017 - 17:45 Se faisant l’arbitre d’une crise provoquée par son maintien au pouvoir, le chef de l‘Etat congolais parait détenir seul les clés du processus politique et démocratique dans son pays en se présentant comme le seul rempart contre le chaos et la décadence. On reconnait un homme d’Etat par sa capacité à gérer des chocs et des mutations. Cette pensée s’applique parfaitement au personnage Joseph Kabila Kabange qui, au fil des années, a fini par acquérir un sixième sens, celui de la maitrise du temps et des enjeux. Plus d’une fois, il a été présenté comme affaibli politiquement par ses détracteurs qui n’hésitent pas à lui prédire une fin de règne sans gloire. La rengaine longtemps ressassée par des opposants en mal de sensation a consisté à ne pas accorder la moindre chance à Joseph Kabila de demeurer au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel. Certains ont poussé l’outrecuidance jusqu’à ne pas lui donner une seule seconde après le 20 décembre, date boutoir qui devrait consacrer la fin légale de sa mandature. Nonobstant les pressions internes et externes exercées sur sa personne sur fond de l’épouvante que représentait l’échéance du 19 décembre 2016 sur laquelle surfait l‘opposition pour obtenir son départ avec le concours de la rue, Joseph Kabila est resté sur son piédestal, couvert par l’arrêt de la Cour suprême de justice rendu le 11 mai 2016. Pour éviter un vide institutionnel consécutif à la non tenue des élections et préserver la continuité de l’Etat, « le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu ». Nonobstant la controverse suscitée par cet arrêt et les multiples exégètes de ses moindres codicilles, le chef de l’Etat est resté imperturbable affichant même une sérénité qui contrastait avec la tension qui couvait dans le pays. Aujourd’hui, il tient encore et toujours la dragée haute après l’échec des négociations directes Opposition-Majorité tel que consacré par la non signature des arrangements particuliers portant sur les modalités d’application de l‘accord du 31 décembre. L’église catholique qui avait pris fait et cause pour l’opposition lors des discussions de la Cité de l’Union africaine au point de claquer la porte en surfant, entre autres, sur le déficit d’inclusivité, s’est vue justement confiée la mission de ramener notamment à la table de négociations l’opposition non signataire de l’accord du 18 octobre. Ne voyant pas venir le piège, le clergé catholique s’est engagé dans une voie sans issue, ne misant que sur la bonne foi des parties prenantes. Au finish, l’église catholique est sortie déplumée et presque discréditée d’une partie dont elle n’avait pas la maitrise, aidée dans sa débâcle par une classe politique fébrile, scissipare et en déficit permanent de convictions. L’échec de la mission de bons offices des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a permis à Joseph Kabila de reprendre le contrôle de la situation en initiant de nouvelles consultations en vue d’obtenir le consensus sur les deux sujets restés en suspens, en l’occurrence, la nomination du Premier ministre et la désignation du successeur d’Etienne Tshisekedi à la tête du Conseil national de suivi de l’Accord (CNSA). Joseph Kabila a pu gérer cette séquence avec habileté laissant sur les carreaux l’opposition pure et dure incarnée par le Rassemblement (aile Félix Tshisekedi) dont la fixation sur la candidature du fils Tshisekedi comme Premier ministre, devenait à la limite ennuyeux et insipide. Les dés sont jetés Les querelles byzantines du Rassemblement de l‘opposition dont les cadres se sont fourvoyés dans des luttes de positionnement avec, à la clé, des approches divergentes sur la restructuration de la plate-forme, ont donné des ailes à Joseph Kabila dont honneur et l’orgueil ont été sauvegardés. Son coup de force, c’est justement d’avoir réussi d’infantiliser l’opposition au point que celle-ci semble avoir lâché la proie pour bondir sur l’ombre qui n’est autre que le poste de Premier ministre. La nomination de Bruno Tshibala à la Primature a davantage fissuré le Rassemblement empêtré dans des envies et des ambitions personnelles souvent hors de contrôle des instances dirigeantes. En s’entredéchirant autour des postes, l’opposition tend à oublier l’essentiel, c’est-à-dire, l’organisation des élections qui, paradoxalement, sont reléguées au second plan. Se faisant l’arbitre d’une crise provoquée par son maintien au pouvoir, Joseph Kabila parait, plus que jamais, détenir seul les clés du processus politique et démocratique en RDC en se présentant comme le seul rempart contre le chaos dans un pays qui l’a trop connu. Celui à qui le Congo doit d’avoir tenu en 2006 ses premières élections libres depuis quarante ans parait être l‘homme de la situation et à se demander si la frange radicale du Rassemblement a encore les moyens de l’obliger à revenir sur sa décision. Les dés sont jetés. Tous ceux qui avaient sous-estimé Joseph Kabila et pris son mutisme pour une faiblesse devront dorénavant se raviser et reconsidérer l’homme dans ses qualités et ses atouts. Devant l’ouragan de l’histoire, il a réussi à sortir la tête haute là où d’aucuns le présentaient pour perdant à l’image de Jésus Christ dont la quiétude à l’épreuve de la tempête qui menaçait leur embarcation, contrastait avec la panique qui avait étreint ses disciples en plein lac de Tibériade (Marc, 4-35). Ce qui fait dire aux nombreux observateurs que tout ceci procède du surnaturel. Joseph Kabila puiserait sa force de régénérer politiquement dans la divinité du christ, se convainc-t-on. Il s’est fixé une vision et un objectif, quitte à la communauté nationale de s’en imprégner. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Joseph Kabila Kabange Notification:Non |