Yves Pambou-Loembet: "Je parle souvent des Diables rouges avec Dzon Delarge"

Samedi 26 Novembre 2016 - 16:00

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A tout juste 21 ans, Yves Pambou-Loembet a déjà connu la Série B italienne et totalise près de 30 matchs de première division slovaque. Le milieu de terrain relayeur explique ses choix de carrière, depuis son départ de Nantes et se présente aux lecteurs des Dépêches de Brazzaville. Et affirme son envie de porter le maillot du Congo, le pays de ses parents.

Les Dépêches de Brazzaville : Yves bonjour. En regardant ta fiche technique, on voit que tu fêteras tes 21 ans ce dimanche 27 novembre. Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?

Yves Pambou Loembet : Bonjour. Je suis milieu de terrain relayeur, capable également de jouer en numéro 6. J’ai commencé le football à Villetaneuse, où le FC Nantes m’a repéré à l’âge de 12 ans. J’ai signé avec le Canaris un an (accord de non sollicitation) et un contrat de 5 ans, qui a débuté à mes 14 ans. Entre 12 et 14, j’ai alterné entre le Pôle Espoirs de Reims, avec lequel je m’entraînais en semaine, et la Jeunesse d’Aubervilliers, avec laquelle je jouais le week-end.

LDB : A l’époque, étais-tu déjà numéro 8 ou 6 ?

YPL : Non, à l’époque je jouais plus haut : milieu gauche excentré, numéro 10 ou second attaquant. Quand je suis arrivé à Nantes, l’équipe évoluait en 4-3-3, donc je jouais meneur ou relayeur.

LDB : En juillet 2013, tu as finalement quitté Nantes, un an avant Ravy Tsouka Dozi, également formé au FCN. Comment l’expliques-tu ?

YPL : A la fin de mes trois années d’aspirant, ils m’ont proposé un an « convention », ce qui ne me convenait pas. Ravy, je le connais très bien, on a même joué une saison ensemble, car j’étais surclassé avec les "94". C’était une période compliquée pour les jeunes formés au club : très peu avaient leur chance en équipe première, ce qui n’incitait pas vraiment à y rester. Le dernier exemple en date est celui d’Amara Niane, qui n’a pas eu sa chance à Nantes (ndlr : à 23 ans, il est apparu 4 fois en équipe première entre 2012 et 2016) alors qu’il marquait en réserve (ndlr : 49 buts en 91 matchs), et qui explose aujourd’hui à Troyes, avec qui il est meilleur buteur de Ligue 2. Je savais que ça serait compliqué de rester, et que même en réserve, avec tous les pros qui descendaient, je n’aurais pas eu assez de temps de jeu.

LDB : Tu mets donc le cap sur l’Italie et la Reggina, alors en Série B…

YPL : Oui, mais j’ai dû attendre d’avoir 18 ans pour évoluer en équipe première. J’ai donc joué 3 matchs avec la réserve avant de faire mes débuts en janvier 2014 : après, j’ai pris part à 20 matchs (ndlr : il n’a manqué qu’un match, pour suspension, lors de cette 2e partie de saison, avec 16 titularisations). Une belle expérience qui ne s’est pas prolongée en raison d’un imbroglio avec mes agents et le président de l’époque. Je suis rentré en France et j’ai passé six mois sans club, avant de finir la saison à Trélissac en CFA.

LDB : Aujourd’hui, le football italien n’a plus le lustre qui fut le sien pendant des décennies. Mais au niveau défensif, l’école italienne reste une référence en termes de formation. Qu’y as-tu appris ?

YPL : A la Reggina, on travaillait énormément sur la notion de bloc-équipe. On fonctionne en défense en zone, comme en France, mais l’accent est davantage mis sur le travail défensif collectif. Tu ne vois pas un joueur qui part à gauche ou un autre à droite : il y a une dimension défensive très tactique. Tout est travaillé à l’avance et sur le terrain, chacun sait ce qu’il doit faire, sur n’importe quelle phase de jeu et quel que soit le système de jeu. Pendant mes six mois en Italie, j’ai eu des séances vidéo quasi-quotidiennes. C'est très formateur.

LDB : Aujourd’hui, tu es au DAC Dunajska Streda (ndlr : depuis juillet 2015), où a évolué, il y a quelques années, Dzon Delarge. A quel niveau estimes-tu le championnat slovaque, dont on ne connaît que Zilina, le Slovan Bratislava ou Trencin, habitués des tours préliminaires en Europa Ligue ?

YPL : Par rapport à l’Italie, je pense que la Série B est plus relevée. Déjà, il y a 22 équipes en Série B, contre 12 en première division slovaque. Et il y a énormément de joueurs de Série A qui y sont prêtés. Après, la Super Liga slovaque se développe petit à petit, car les clubs investissent dans les infrastructures. Sur le plan sportif, le jeu pratiqué est assez offensif, car, avec un seul club rétrogradé en fin de saison, la pression n’est pas trop élevée. Les équipes ne refusent pas le jeu, car elles ne jouent pas avec la peur au ventre.

LDB : Et par rapport à la France, réputée justement pour son jeu fermé ?

YPL : Bon, je ne pourrais pas trop comparer par rapport à la France, puisque je n’y ai pas joué en professionnel. L’an dernier, notre préparateur physique, Nicolas Charton, qui a travaillé pendant 7 à l’AJ Auxerre, estimait que la Super Liga était à cheval entre la deuxième partie de tableau de Ligue 2 et le haut de National.

LDB : Dans un plan de carrière, la Slovaquie n’est pas une fin en soi et on imagine que tu as d’autres ambitions pour la suite de ton parcours. Mais comment juges-tu ton expérience au DAC ?

YPL : A partir du moment où j’ai décidé de quitter Nantes pour avoir du temps de jeu en pro, le DAC s’inscrit dans cette logique. J’ai bientôt 21 ans, mon temps de jeu progresse (ndlr : 15 matchs la saison dernière, déjà 11, dont 9 comme titulaire, cette saison), on rencontre régulièrement les meilleures équipes locales, qui disputent les tours préliminaires de la Ligue Europa, avec des internationaux dans leurs rangs. Je pense que c’est un bon apprentissage et j’espère suivre l’exemple de mon ami Dzon, que je connais bien. Après Dunajska, il est allé au Slovan Liberec, où il a été régulier sur la scène européenne, et il continue sa carrière dans le haut de tableau turc. A moi de continuer à bien travailler pour suivre sa trace.

LDB : La Slovaquie n’est pas très suivie en France. Penses-tu qu’un retour en Ligue 1 ou Ligue 2 soit compromis ?

YPL : La visibilité en France n’est pas énorme, c’est vrai. Par contre, en Slovaquie, il y a pas mal de joueurs prêtés par des clubs néerlandais, donc les clubs hollandais suivent de près le championnat. Les clubs autrichiens viennent aussi y recruter, les Belges aussi.

LDB : Le championnat n’est qu’à son premier tiers, mais as-tu déjà des pistes pour la saison prochaine ?

YPL : C'est un peu tôt pour y penser. En même temps, mon président m’a clairement dit qu’il comptait me mettre en avant pour faire un bon transfert, donc je profite de cette situation pour faire une saison pleine et franchir un palier plus tard, même si je ne sais pas encore où.

LDB : Comment expliques-tu votre mauvais début de saison (ndlr : 12e et dernier entre les 7 et 10e journées, le DAC est 9e après 16 matchs joués avec 5 points d’avance sur le dernier) ?

YPL : En début de saison, le coach (ndlr : Kriztian Nemeth) avait décidé de privilégier les joueurs slovaques et avait réduit le temps de jeu des étrangers. A titre personnel, il m’a envoyé en réserve lors des 4 premières journées. La concurrence n’était pas saine et il y a une cassure dans le groupe. Depuis fin octobre, le Hongrois Csaba Lazlo a repris la gestion de l’équipe. Depuis la qualité des entraînements a progressé, car tout le monde doit mériter sa place à l’entrainement.

LDB : Quel peut être l’objectif du club pour cette fin de saison ?

YPL : A moins de faire une série de victoires incroyable, on sait que ce sera compliqué d’aller chercher une place qualificative pour la Coupe d’Europe par le biais du championnat. Donc on mise beaucoup sur la Coupe de Slovaquie, qualificative pour les préliminaires de la Ligue Europa. Le club aura un nouveau stade l’an prochain : ça serait bien de l’inaugurer avec une compétition continentale.

LDB : Il y a beaucoup de nationalités différentes dans le groupe (Panama, Sénégal, Croatie, Cameroun, Hongrie). Comment communiquez-vous sur le terrain ?

YPL : Avec le coach, c’est facile, car il parle sept langues. Entre joueurs, on s’exprime principalement en anglais, mais la plupart des étrangers, dont moi, ont appris les bases en slovaque. Donc la communication est très internationale, mais plutôt fluide.

LDB : Et la vie quotidienne ?

YPL : Dunajska n’est pas une très grande ville, donc c’est entraînements-matchs-maison. Pour sortir un peu du foot, je vais parfois à Vienne, qui est à une heure de route, ou à Bratislava, la capitale. Malgré l’hiver, la vie est agréable. Mais je suis quand même content d’avoir trouvé un bon restaurant italien. Parce que la nourriture locale, ce n’est pas terrible…

LDB : Tu es né à Paris de parents congolais, c’est bien ça ?

YPL : oui, mes parents sont Congolais et ma famille est à Pointe-Noire.

LDB : Quels sont tes liens avec le Congo ?

YPL : Jusqu’à ma signature à Nantes, à 12 ans, j’y allais régulièrement en vacances. Après, c’était plus compliqué à cause du calendrier footballistique. Mon père y vit, mes cousins aussi. Donc les liens ne sont pas coupés.

LDB : Et la sélection congolaise, c’est quelque chose qui t’intéresse ?

YPL : Oui, bien entendu. Au niveau émotionnel et sportif. J’ai envie de porter ce maillot, devant ma famille. Et puis, j’ai vu que le Congo s’était doté d’un grand stade, à Kintélé: ça donne envie d'y jouer. Même si les résultats actuels sont un peu en berne, c’est un objectif pour moi. J’en parle souvent avec Dzon Delarge, qui ne m’en dit que du bien. Donc dès qu’on fera appel à moi, j’arriverais avec grand plaisir.

LDB : As-tu eu des échanges avec les instances sportives congolaises ?

YPL : J’ai des contacts réguliers avec Salomon Bambendzé (ndlr : membre du staff administratif, il s’occupe du suivi des joueurs de la diaspora) : il prend des nouvelles et suit mon temps de jeu, mes résultats. Sinon, je n’ai pas encore eu de contact avec le staff technique.

LDB : A part Delarge et Tsouka Dozi, connais-tu d’autres joueurs de la sélection ?

YPL : Non. Je connais bien Jules Iloki, qui est Congolais, mais je crois qu’il n’est jamais venu en sélection.

LDB : A quel joueur confirmé penses-tu ressembler dans ton style de jeu ?

YPL : En toute humilité, je dirais Ilkay Gündogan (ndlr : milieu international allemand de Manchester City). Comme lui, j’aime me projeter vers l’avant, donner la dernière passe.

LDB : Depuis le début de ta carrière professionnelle, tu n’as marqué aucun but. C’est un aspect que tu essaies d’améliorer ?

YPL : Oui, c’est clairement le point que je dois travailler et améliorer. J’aime être à l’origine des actions, mais je ne suis pas assez à la finition. Et je suis conscient qu’au haut niveau, je dois être plus décisif. Je travaille ma frappe au quotidien et je sens que ça va venir : j’ai récemment touché le poteau…je sais que ça va payer.

LDB : Tu es gaucher. On dit souvent que le pied droit des gauchers ne sert qu’à monter dans le bus. C’est ton cas ?

YPL : Non, je ne me débrouille pas trop mal avec le droit.

Propos recueillis par Camille Delourme

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Yves Pambou-Loembet: à 21 ans, il dispute sa 3e année professionnelle sous le maillot du DAC Dunajska Streda (droits réservés) Milieu relayeur, le gaucher aime construire les actions, mais doit aussi progresser à la finition (droits réservés)

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