Congo- Italie : Mission fructueuse du ministre Jean-Jacques Bouya à Milan.Lundi 21 Novembre 2016 - 12:00 Plus de 220 millions d’euros pour les contrats signés entre le Congo et l’Italie vendredi dernier. Les deux partenaires inscrivent résolument leur coopération dans la durée. Le Congo a signé vendredi dernier, à Milan, trois contrats importants avec les plus grands groupes industriels italiens dans les domaines de la construction ferroviaire, du matériel portuaire et des infrastructures. En présence du ministre italien du Développement Carlo Calenda, un habitué du Congo, le ministre Jean-Jacques Bouya a signé des contrats qui devraient booster les transports au Congo dans les prochaines décennies : le tout pour une valeur de plus de 220 millions d’euros (plus de 140 milliards). En même temps que les deux parties saluent un niveau exceptionnel d’engagement pour l’Italie au Congo hors du secteur traditionnel du pétrole, ces nouveaux investissements traduisent visiblement une volonté des deux pays de ne pas s’en tenir au verbiage ni à la coopération «habituelle ». Les deux ministres signataires ont fait le point de la collaboration entre l’Italie et le Congo dans le domaine économique, se félicitant que celle-ci aille en se consolidant, surtout à la faveur des visites institutionnelles opérées dans l’un comme dans l’autre pays par les plus hautes autorités. On se rappelle que le Premier ministre Matteo Renzi avait inclus le Congo dans sa toute première tournée en Afrique, en juillet 2014, au cours de laquelle il avait aussi visité le Mozambique et l’Angola. Le Premier ministre avait tenu à signifier aussi la grande estime dans laquelle il tenait le Congo en invitant en hôte de marque exceptionnel le président Denis Sassou N'Guesso à l’inauguration, toujours à Milan, de l’Exposition universelle de cette ville (mai-octobre 2015). Ensuite le gouvernement s’était rendu dans la capitale économique italienne lors de la célébration de la Journée du Congo à l’Expo, le 30 mai. De petits pas en petites touches d’attention, la coopération entre l’Italie et le Congo a continué à monter en puissance depuis deux ans surtout. En février dernier, l’Italie a officiellement remis au Congo son plan national des transports, une demande congolaise exécutée par la partie italienne (et à ses frais) en vue d’un maillage efficient du territoire national. Parmi les artisans de tous ces efforts, l’ambassadeur Andrea Mazzella reste convaincu de la volonté de son pays de voir le Congo devenir un important carrefour logistique en Afrique centrale et même pour l’Afrique de l’Ouest. Aussi n’est-il pas surprenant que les contrats de vendredi dernier aient concerné en particulier la réalisation d’importantes infrastructures ferroviaires et portuaires. Le Réseau Ferré Italien (RFI, à ne pas confondre !) fournira par exemple un train-atelier complet pour « diagnostiquer » la voie ferrée Brazzaville-Pointe-Noire. Il formera des spécialistes à la manutention des infrastructures ferroviaires, à la modernisation et au renforcement de la voie. Les aspects commerciaux de ces contrats signés concerneront un volume de 9 millions d’euros. Les accords portent la signature de l’Administrateur-délégué de RFI, M. Maurizio Gentile, et de celui de l’Italfer, Carlo Carganico. Ils recevront aussi la signature finale du président Denis Sassou N'Guesso. Il est également stipulé que l’Italfer se chargera plus spécialement du renforcement des capacités du CFCO ainsi que le prévoit un mémorandum d’entente signé en février 2015 par les deux parties. Pour l’ambassadeur Andrea Mazzella, le Congo et l’Italie sont appelés à une coopération encore plus forte Les Dépêches de Brazzaville(LDB) : Alors, Excellence: plus de 220 millions d’euros de contrats, c’est fort ! Un succès personnel aussi pour vous, non ? Ambassadeur Andrea Mazzella (AM): Les contrats signés par le ministre Jean-Jacques Bouya ce 18 novembre à Milan au siège de l’ICE (agence des relations extérieures pour les entreprises italiennes, Ndlr) avec des sociétés du calibre des FS (Voies ferrées), Italfer et Leonardo, en présence du ministre du Développement économique Carlo Calenda, découlent de l’engagement de l’Etat italien à soutenir la diversification économique et le développement des infrastructures du Congo. Cet engagement court depuis juillet 2014, avec la visite du président du Conseil (Premier ministre Matteo Renzi) à Brazzaville, et ne s’est pas interrompu depuis. L’Italie partage la position du gouvernement congolais qui voit dans le renforcement de ses voies d’accès et de communication un instrument essentiel pour lui faire jouer le rôle de ‘grand hub’ logistique en Afrique centrale, en misant sur le port en eau profonde de Pointe-Noire. Dans ce sens, le fleuve Congo représente une grande ressource, une vocation commerciale de premier plan ainsi que le montre le plan des transports nationaux déjà remis au gouvernement en février dernier, mais que nous allons présenter bientôt au cours d’une grande manifestation à Brazzaville en présence du gouvernement. Les contrats qui viennent d’être signés ne représentent, pour ainsi dire, que la première étape d’un parcours plus long, qui concerne très précisément le développement des potentialités stratégiques que permettent aussi bien la conformation que le positionnement de la République du Congo. Dans cette optique, je crois ne pas révéler un secret en vous disant que Italfer est déjà à pied d’œuvre sur le projet de réalisation du pont devant relier Brazzaville à Kinshasa, en RDC, alors que de son côté le groupe Leonardo a déjà ses propres techniciens en mission d’inspection dans certains ports fluviaux. Mais je n’ai pas oublié le deuxième segment de votre question : en diplomatie, vous savez, les succès ne sont jamais personnels, seulement nationaux. La signature des contrats hier (vendredi 18 novembre, NDLR) est donc de ce point de vue un grand succès national qui a vu des institutions italiennes de renom s’unir pour atteindre un objectif important. C’est d’ailleurs la première fois que des sociétés italiennes de premier plan réalisent un investissement aussi important dans un secteur stratégique hors-pétrole et hors-gaz au Congo-Brazzaville. Si je puis en tirer une satisfaction, ce serait celle de l’aboutissement rapide de ce processus complexe. Avec la réouverture par l’Italie de notre ambassade à Mogadiscio (Somalie) le 30 avril 2014, la signature des contrats de Milan représente pour moi, en effet, une très grande satisfaction. LDB : L’engagement de l’Italie au Congo est-il dans une ligne de continuité ou de croissance ? AM : Croissance et continuité, bien entendu ! Parce que l’Italie, grâce à la présence prestigieuse du groupe ENI et de l’ambassade italienne au Congo, accompagne et soutient ce pays depuis son indépendance. Nos activités sont en nette croissance ; elles s’étendent désormais à presque tous les secteurs. Les relations Italie-Congo ont connu une croissance exponentielle après les visites du président du Congo en Italie, en 2015, et du ministre Calenda venu au Congo à plusieurs reprises, sillonnant le pays du nord au sud. LDB: Il en faut du courage pour investir aujourd’hui dans une Afrique qui recommence à souffrir du recul des prix des matières premières. Pour vous, c’est un défi ? AM : Oui, le courage est nécessaire surtout à une époque de grande fluidité politique et économique comme celle que le monde traverse. Mais permettez-moi de dire que nous ne pouvons pas nous empêcher de regarder l’avenir avec optimisme, d’anticiper les changements en profitant des tendances positives qui ne manquent pas. Dans son ensemble, l’Afrique croît à un rythme impétueux et l’Italie a tout ce qu’il faut pour accompagner un tel processus. Il est nécessaire de promouvoir un développement harmonieux de l’Afrique, dans la mesure du possible. Pour y parvenir il faut gagner le défi de la sécurité, et créer les conditions pour faire cesser les flux migratoires. La sécurité existe au Congo ; elle doit être maintenue. C’est pourquoi je ne parlerais pas de défis d’investissements italiens au Congo, mais de compréhension de la réalité. Du reste, comme vous savez, le courage peut être contagieux ! Voyez le pape qui, malgré un contexte sécuritaire absolument détérioré, n’a pas hésité à aller ouvrir la première Porte Sainte de l’histoire du Jubilé de la Miséricorde à Bangui : une extraordinaire leçon pour tous ceux qui n’ont du contexte africain qu’une perception aléatoire. Ce geste de grand courage a insufflé de l’optimisme et permis d’abaisser les tensions en Centrafrique ; aidant les fragiles équilibres locaux à fonctionner. Mais il a également encouragé l’Occident à regarder l’Afrique sans peurs, avec passion et énergie, démontrant s’il en était encore besoin que nous avons vraiment besoin les uns des autres. Propos recueillis à Rome par Lucien Mpama Lucien Mpama Notification:Non |