Réflexion : plaidoyer pour une autonomie africaine !Mardi 8 Novembre 2016 - 15:11 Le continent africain est entré dans une nouvelle dynamique de consolidation de son unité longtemps sacrifiée sur l’autel des intérêts disparates de ses États manipulés par un Occident prédateur toujours enclin à exploiter ses ressources naturelles au détriment de ses populations. Les Africains qui ont mis du temps pour s’affranchir de la tutelle occidentale sont aujourd’hui fiers de clamer haut et fort leur souveraineté arrachée de haute et concrétisée par l’émergence des organisations régionales et sous-régionales. Le dernier sommet international sur la crise politique en RDC tenue à Luanda en Angola est révélateur de ce que les Africains sont capables de faire lorsqu’ils transcendent leurs divergences pour se mettre résolument au service de leur continent. À Luanda, les Africains, qui se retiennent de moins en moins pour dire leur ras-le-bol face aux ingérences occidentales à leur seul profit dans leurs affaires internes, ont fait chorus contre les prises de position européennes et américaines sur la RDC. Les résolutions issues de ce forum initié par la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (Cirgl) et la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc) sont symptomatiques d’une Afrique qui se réveille. Dans un monde qui bouge, où les géostratégies se transforment, l’Afrique sait qu’elle a des atouts pour s’émanciper. Elle veut respirer à travers de nouvelles pulsions que lui tracent ses propres concepts pour son présent et pour son futur. Affranchie désormais de l’hégémonie occidentale, il est plus que significatif que les pays africains participent en bloc dans ces genres de sommets sous l’égide de l’Union africaine, et non plus en rangs dispersés. En entérinant les négociations politiques entamées en RDC via le dialogue ayant débouché à la signature de l’accord signé le 18 octobre 2016 avec, à la clé, le report de la présidentielle en avril 2018, les chefs d’État présents à Luanda ont joué leur partition en toute liberté, faisant fi des positions prises par des partenaires extérieurs souvent intransigeants. Dans la capitale angolaise, les réminiscences du gâchis occidental en Libye ont pesé lourd sur la balance au point de convaincre les participants sur l’opportunité de faire les choses à la manière africaine. La Sadc, la Cirgl et l’UA qui ont piloté le processus du dialogue en RDC ont, par ce geste, affiché leur désir d’autonomie en soutenant notamment, envers et contre tout, le facilitateur désigné par l’UA, le Togolais Edem Kodjo et en rejetant l’idée d’un deuxième round des négociations tel qu’envisagé par le tandem USA-UE. Quand bien même des formes de domination occidentale ont changé via les mécanismes de néocolonialisme qui tentent de maintenir l’Afrique sous le joug d’assujettissement et d’exploitation par le truchement d’aides humanitaires ou des financements divers, le temps d’émancipation a sonné. Le temps est venu pour que l’Afrique s’émancipe de ses liens coloniaux avec l’Europe et qu’elle se définisse elle-même sur la scène internationale. L’heure est venue de jeter les bases d’un développement africain authentique, centré sur les besoins du continent et respectant les mentalités de ses populations et de leur vision du monde. C’est partant de ce principe que le président de la République, Joseph Kabila, a pensé organiser un dialogue politique entre Congolais afin de résoudre l’équation résultant de la non-organisation des élections dans les délais constitutionnels. Une approche typiquement africaine de résolution des crises fondée sur la palabre africaine et qui tranche nettement avec la mécanique figée à l’occidentale qui laisse peu de place aux arrangements qu’imposent les circonstances. Le dialogue de la Cité de l’UA a eu le mérite de calmer tant soit peu les esprits et de re-booster le processus électoral pour plus de lisibilité. Ce schéma innovant inspiré des réalités sociopolitiques congolaises permet aujourd’hui au pays d’avancer au grand dam de l'Europe coloniale des métropoles aujourd’hui muée en une puissante Union européenne face à laquelle aucun Etat africain ne fait le poids tout seul. Une façon d’accréditer la thèse selon laquelle l’Afrique en général et la RDC en particulier dispose suffisamment d’atouts et de génie pour concevoir ce qu’il y a de mieux pour elle, sans se référer aux modèles outre atlantique plutôt inadaptés. Plus concrètement, il s’agit, pour l’Afrique, de réinventer sa culture de dialogue et de palabre africain et de dégager un consensus quant à la direction commune à prendre sous l’impulsion des solides structures d’intégrations régionales et sous-régionales. D’où, pensent maints analystes, l’heure est venue de reformer les bases de la coopération UE-Afrique à l’aune d’une éthique discursive permettant une meilleure communication des enjeux et des intérêts de chaque partenaire. Il est donc de la responsabilité des autorités africaines de veiller à ce que les nouveaux partenariats soient davantage civilisés et bénéficient pleinement aux populations locales. Ce n’est qu’à ce prix que l’Afrique pourra se faire respecter et pourra prétendre à une émergence de qualité avec des citoyens vivant dans la dignité financière et humaine. Alain Diasso Notification:Non |