Gestion du fichier électoral : la classe politique face à ses responsabilités

Mercredi 7 Septembre 2016 - 19:16

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Entre la proposition la plus longue, mais la plus fiable de la Céni de refondre le fichier complètement et celle consistant à aller aux élections avec le fichier 2011 en l’état, à défaut d’une fiabilisation partielle, les délégués au dialogue sont appelés à trancher.

Après les préliminaires liés aux détails d’ordre organisationnel, les participants au dialogue ont vite fait de prendre le taureau par les cornes en s’attaquant d’emblée à la question sensible du respect des délais constitutionnels quant à l’organisation, cette année, des élections présidentielle et législatives. La plénière du 6 septembre à la Cité de l’UA a donné le ton en posant les prémices d’un débat qui semble cristalliser tout l’enjeu de ce forum. L’opposition qui refuse d’entériner une quelconque perspective de glissement du mandat présidentiel est appelée à en découdre avec une majorité qui y est plutôt favorable sous l’œil vigilant d’une société civile aux aguets.

Aujourd’hui plus qu’hier, l’impératif de trouver un compromis politique pour recadrer le processus électoral par rapport aux contraintes techniques et temporelles s’impose d’emblée. C’est à juste titre que la Céni a, par l’entremise de son président, présenté les différentes options qui s’offrent désormais à la classe politique pour décanter l’impasse actuelle. Il s’agit précisément de se prononcer sur les trois recettes en  rapport avec le fichier électoral susceptibles d’amener les Congolais aux élections. Soit que les délégués au dialogue acceptent une refonte totale du fichier électoral qui passe par la reprise des opérations  d’enrôlement et d’identification des électeurs, auquel cas il y aura forcément un glissement dans l’organisation de la présidentielle avec les opérations d’enrôlement pouvant prendre seize mois et un jour. Toute analyse faite, si une telle option est confirmée, la présidentielle ne pourra se tenir qu’après juillet 2017. 

Soit encore que le dialogue lève l’option d’une fiabilisation partielle du fichier électoral de 2011 en vue d’intégrer près de 8,5 millions de nouveaux majeurs, sans forcément résoudre la question des omis, des décédés et des Congolais de l’étranger. Soit enfin que les délégués se décident d’aller aux élections avec ce fichier électoral nonobstant ses imperfections et en tirer les conséquences en termes de non-participation des nouveaux majeurs et des Congolais de l’étranger. Toutes ces options présentent des avantages et des inconvénients. Une chose est au moins sure, c’est que le fichier électoral de 2011 qualifié jadis  de corrompu et d’indigeste à la suite des faiblesses qu’il présentait (doublons, omissions, groupements sans électeurs, mauvais rattachement des électeurs dans le site de vote, etc.) ne pourra garantir des scrutins fiables et crédibles.

Ce fichier de 2011, à en croire les experts, aurait eu tout son sens si un accord politique avait été trouvé en juin 2016 sous-tendu par l’obstination de tenir l’échéance constitutionnel de novembre 2016 pour la présidentielle. Or, rien n’a été fait rendant caduque toute possibilité de recourir à ce fichier électoral tombé en désuétude. Tout porte à croire que ce vieux fichier de 2011 ne sera pas de mise dans les nouvelles perspectives électorales qui se dessinent. La tendance qui s’est dégagée, à la lumière des interventions du 6 septembre, est d’entériner l’option d’une révision complète du fichier électoral. C’est, d’après Corneille Naanga, « la seule possibilité d’avoir des listes électorales fiables ». Le président de la CENJ a été appuyé dans cette approche par le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU mais aussi par le représentant de l‘Organisation internationale de la Francophonie.

Cependant, la divergence est apparue au niveau du temps que prendront les opérations de refonte du fichier électoral, dix mois et demi à partir de la fin juillet 2016 selon l’ONU et seize mois et un jour à partir de février 2016 d’après la centrale électorale. L’opposition s’est trouvée fortement embarrassée, elle qui a toujours prôné le respect du délai constitutionnel sera forcément contrainte, par réalisme, d’entériner malgré elle le glissement dans un dialogue où la majorité semble tenir le bon bout. « Nous avons dit aux délégués que s’ils ne prennent pas de nouvelles options, même en 2030, les mêmes problèmes resteront d’actualité », avait déclaré à la presse Corneille Naanga. Plus que jamais, il importe à ce jour de trouver un compromis politique pour tirer le pays de l’impasse actuelle en se mettant d’accord sur un schéma plausible capable de garantir un atterrissage en douceur du processus électoral.

Alain Diasso

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