Voies navigables : Alain Robert au terme de 40 ans d’entretien du réseau Oubangui - Sangha

Mercredi 9 Décembre 2015 - 16:00

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L’ingénieur coordonnateur du Service commun d’entretien des voies navigables (SCEVN) quitte ses fonctions en cette fin d’année 2015, après avoir, plus de 40 ans durant, aidé le Congo et la Centrafrique à tenir en état de navigabilité  le réseau fluvial Oubangui-Sangha. Le départ d’Alain Robert arrive alors que de grands défis se posent au Groupement d’intérêt économique  qu’il dirigeait de main de maître, posant de facto la question de l’avenir de cette structure.

A la question de savoir que deviendra le Groupement d’intérêt économique pour le Service commun d’entretien des voies navigables – (GIE- SCEVN) après son départ, Alain Robert a paru perplexe. Sans doute, reconnait-il qu’entre l’entité et lui, les liens sont plus qu’inextricables. « 40 ans, on peut dire que le service s’est beaucoup personnalisé », reconnait-il, avant d’avouer qu’il aurait voulu quitter l’entreprise dans une conjoncture différente de celle d’aujourd’hui.

Au bord de la crise ?

Le SCEVN a mission de maintenir en état de navigabilité les rivières Oubangui et Sangha au profit des armateurs du Congo et de la République centrafricaine (RCA). A cet effet, il s’est doté d’un matériel approprié qui lui permet de baliser ces cours d’eau, procéder au dérochage, au dragage des seuils sablonneux et aux travaux hydrographiques.

Depuis sa création en 1970 sur les cendres de l’Agence Trans équatoriale (Atec), la coordination du SCEVN est tenue essentiellement par des « coopérants ». Ce sont des ingénieurs et techniciens européens installés à Brazzaville et à Bangui. Alain Robert est à leur tête depuis 1974. Ce service a bénéficié du soutien financier de la coopération française, et de l'aide de l’Union européenne.

Au titre de la coopération française, le port de Rouen accompagnait jusque-là techniquement la structure en mettant à sa disposition des spécialistes. Ce partenariat montre désormais un air d’essoufflement, dû notamment aux problèmes financiers. Car, même si l’UE, à travers le 10e Fed, accompagne le service jusqu’à fin 2016, même si une nouvelle convention de financement de plus de 4 milliards FCFA venait d’être signée le 13 octobre dernier  avec la BDEAC, la tendance est à l’africanisation du SCEVN et les efforts financiers du Congo et de la RCA sont de plus en plus sollicités.

Mais, compte tenu de la conjoncture économique, les contributions financières des deux pays manquent souvent à l’appel depuis 2014, mettant à mal le partenariat avec le port de Rouen. Conséquence, des techniciens français sont sur le point d’être rapatriés. Ainsi, alors qu’il doit amorcer le tournant de son africanisation, le SCEVN perd à la fois en capacité financière et en ressources humaines, d’où des inquiétudes sur l’avenir de l’entretien des voies navigables.

Néanmoins, Alain Robert reste optimiste sur la capacité des cadres africains à mener à bien la mission, « car à Bangui comme à Brazzaville, j’ai travaillé avec des collaborateurs compétents », a-t-il estimé.

Une longue histoire d’entretien des voies navigables

Le Service commun d’entretien des voies navigables a été créé en 1970 par le Congo et la RCA qui l’ont placé sous la tutelle de leurs agences nationales de transport respectives (ATC et ACCF). Il devait ainsi prendre le relais de l’Agence Trans équatoriale qui assumait la mission d’entretien des voies navigables sur les réseaux Congo – Oubangui – Sangha depuis l’époque coloniale et mettre en place une coopération régionale.

« Je suis arrivé dans ce service en juin 1973 à Bangui. Des opportunités m’ont amené à Brazzaville en mars 1974 par le fleuve et j’ai vécu alors le premier arrêt de la navigation sur l’Oubangui », explique Alain Robert. D’abord adjoint, il est vite devenu coordonnateur de ce service dont il est aujourd’hui le témoin de toutes les mutations.

Suite aux difficultés des agences nationales, le SCEVN s’est mué en Groupement d’intérêt économique en 2007, avec les mêmes voies navigables à entretenir. Pendant plus de 40 ans, le service a été financièrement soutenu par la coopération française et l’Union européenne à travers les 3e, 5e, 6e, 9e et 10e Fonds européen de développement (FED).

Que de souvenirs ont jalonné le parcours que nous a évoqué Alain Robert, bien au-delà des tâches répétitives d’entretien des voies navigables. Le remblaiement de Mossaka fait partie de ces moments. « Nous le faisions depuis longtemps dans les années 70, 80…, on mettait du sable à la demande des autorités. Puis en 2005, une étude a été réalisée pour faire à la fois le remblaiement de Mossaka et la protection des berges. Nous avons commencé les travaux en septembre 2006 et avons travaillé comme sous-traitant dans ce marché avec l’Etat congolais (la société GNCAC étant titulaire) jusqu’en 2013. C’est le grand marché que le SCEVN-GIE a eu avec l’Etat congolais », s’est rappelé l’ingénieur coordonnateur qui va quitter l’entreprise et le Congo non sans pincement au cœur. « Ce pays pour moi c’est plus de 40 ans de ma vie, je me suis marié ici, j’ai eu des enfants… On ne part pas comme ça sans regret ».

Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Alain Robert, crédit Adiac

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