Thierry Ghislain Maguessa : «On ne peut pas transformer un lycée de 3000 places en lycée d'excellence »

Samedi 17 Octobre 2015 - 13:10

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La 2ème session ordinaire administrative du Conseil municipal de Ouesso s’était ouverte le 29 septembre 2015. De nombreuses affaires ont été examinées avec, à la fin, d’importantes délibérations et recommandations à l’instar de celle relative au statut du nouveau lycée de Ouesso élevé au rang de « lycée interdépartemental » par le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire. Une initiative que les conseillers de Ouesso réprouvent. Pourquoi ? Le maire de Ouesso, Thierry Ghislain Maguessa, s’explique. Mais non sans commenter les autres décisions prises et l’actualité politique nationale.

La session du Conseil municipal de Ouesso vient se tenir. Quels ont été les grands points débattus ?

Thierry Ghislain Maguessa : Effectivement, le 29 septembre j'ai ouvert la deuxième session ordinaire dite administrative du Conseil municipal de Ouesso qui avait inscrit à son ordre du jour 16 affaires à caractère administratif et le budget rectificatif de la Commune de Ouesso exercice 2015. Parmi les affaires essentielles, je citerai, entre autres : la nouvelle tarification des courses de taxis et taxis-bus sur le périmètre urbain de la ville. En effet, nous avons écouté nos électeurs, nous avons écouté les transporteurs. Chacun nous a écoutés. Nous avons pu résoudre l'épineux problème des courses de taxis à Ouesso, car c'était, il faut le dire, assez cher.

Il y a eu l'institutionnalisation de la Coupe de la ville de Ouesso ; la fixation des tarifs de ramassage des ordures professionnelles et ménagères ; la dénomination de l'école primaire de Mboma, désormais école Ebongadjala, et du Collège Pilote de Ouesso, désormais collège pilote Auguste Mouenga ; la délibération fixant le taux de l'autorisation des manifestations publiques ; la délibération sur le taux de la taxe du séjour hôtelier. Enfin, le budget de la commune de Ouesso a connu une augmentation de 50 millions de Francs Cfa.

Entre autres recommandations prises par le conseil, il y a celle  concernant le lycée moderne de Ouesso. Qu'en est il exactement ?

TGM : En effet, à l'occasion de la municipalisation accélérée, la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) a fait don d'un lycée moderne à la jeunesse de Ouesso après avoir constaté que l'actuel lycée de Ouesso ne remplissait pas des conditions de meilleur travail. C'était un ouf de soulagement pour les autorités locales et pour la population scolaire. Le nouveau lycée a une capacité d'accueil de 3000 élèves.

Nous sommes surpris de constater que le ministre de l'Enseignement primaire et secondaire a pris un arrêté qui fait de ce don à la jeunesse scolaire de la Sangha un lycée interdépartemental dont l'accès est conditionné au test. Nous pensons que le Ministre s'est trompé d'approche. Les tests sont faits pour des lycées d'excellence. On ne peut pas transformer un lycée de 3000 places en lycée d'excellence. Si le lycée doit être interdépartemental, il doit d'abord recevoir tous les lycéens de l'enseignement général de la Sangha, qui ne dépassent pas 1000, auxquels viendront s'ajouter ceux des autres départements. Nous ne pouvons pas accepter que les élèves et les enseignants qui ont jubilé de voir ce lycée sortir de terre travaillent dans les conditions exécrables. Le Conseil recommande au ministre de l'Enseignement primaire de suspendre son arrêté.

Par ailleurs, considérant que l'enseignement est de la compétence conjointe de l'Etat et des collectivités locales, nous avons conçu un plan de délocalisation de certains établissements scolaires qui squattent encore des bâtiments. En effet nous envisagions, et cela est encore d'actualité, d'installer sur l'ancien site du lycée, le collège pilote de Ouesso qui squatte des bâtiments de l'école primaire Mambéké Boucher. Comble de pléthore, cet établissement abrite deux écoles primaires, un collège, un centre d'éveil et une école maternelle.

 Lors de votre prise de fonction, vous annonciez certaines actions porteuses d'espoir. Comment se présente votre bilan à ce jour ?

TGM : A l'occasion de notre dernière session, le bureau exécutif, sous ma responsabilité, a présenté le rapport d'intersession qui est presque un rapport bilan à mi-parcours. Le Conseil nous avait prescrit 47 tâches. A ce jour, le taux de réalisation est de 47%, les projets en étude représentent 30% et 23% de projets n'ont pas connu de réalisation à ce jour. Nous pensons être sur la bonne voie. Cet effort a été fait dans un contexte très difficile pour les collectivités locales qui manquent des subventions. Les choses sont en train de s'améliorer. Nous tiendrons très prochainement  la première conférence de développement de la Commune de Ouesso. On croit tenir la promesse.

La gestion foncière constitue un vrai problème pour nos villes. La ville de Ouesso connait-elle des problèmes fonciers ?

TGM : Le foncier est un véritable problème à Ouesso, surtout avec la course à la terre qui s'est réalisée pendant la municipalisation. Chaque jour, nous interpelons les terriens qui sont en réalité de vrais fossoyeurs du foncier local. Nous interpelons les services administratifs du foncier, le cadastre et le domaine de l'État. On doit mettre de l'ordre.

À l'occasion de notre dernière session, le Conseil a interpellé Monsieur le Préfet de la Sangha à propos de la gestion du village Maboko où il y a une vraie pagaille foncière. Ce village, qui relève du périmètre urbain, était jusque-là géré par le district de Mokéko. Nous avons été rétablis dans nos droits perdus pendant près de 15ans.

L'horizon politique est chargé. Le référendum constitutionnel fait couler encre et salive. Comment vous situez-vous ?

TGM : C'est vrai, il y a des frictions au sein de notre société. Mais jusque-là le jeu démocratique se joue calmement, chaque partie prenante au jeu justifiant sa position.

Pour ma part, je suis Maire, donc responsable de l'administration, et tenu par le devoir d'impartialité. j'en profite pour appeler l'administration comme la force publique à jouer la partition républicaine. Pour ma part, je travaillerai pour que, quoiqu'il arrive, la ville de Ouesso soit un îlot de paix. Je suis jeune, ma voix est dans la paix, dans la position médiane et réconciliatrice.

Pour terminer, vous venez de séjourner à Tunis. Quel était le sujet phare de cette rencontre des maires francophones ?

TGM : J’ai participé à la 35è assemblée générale de l'Association internationale des maires francophones et au colloque qui l'a précédée sur le thème "Apprendre les villes innovantes". Si l'assemblée générale, tenue le 09 octobre, a été un moment pour faire l'état de lieux de notre instrument international, tel que d'usage, le colloque a permis d’approfondir la réflexion sur l'engagement des élus locaux, particulièrement des maires des villes du Sud, dans leurs prises de responsabilités et de recherches d'initiatives, et tout particulièrement dans leur rôle de médiateurs à l'international. En un mot, il a été question du rôle des maires et des villes dans le dialogue interculturel. Donc, à mon sens nous étions à une expérience de maturation des convictions relatives au développement de nos villes. Comme à l'occasion des grands rendez-vous de ce type, la ville de Ouesso s'est ouverte aux autres villes du monde. Nous avons glané dans leurs expériences respectives pour affiner nos ambitions et surtout tenir notre promesse.

Propos recueillis par Jocelyn Francis Wabout

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