Nord-Kivu : deux cents familles rwandaises s’installent dans la zone contrôlée par le M23

Mercredi 2 Octobre 2013 - 18:25

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À en croire la société civile du Nord-Kivu, le M23 se livrerait pour l’instant  au recensement des maisons et champs dont les propriétaires sont en fuite à cause de la guerre pour les confier à ces rwandais venus de la Tanzanie.

Les autochtones de la province du Nord-Kivu, précisément ceux habitant Chengerero aux confins du Rwanda et de l’Ouganda en territoire de Rusthuru (Nord-Kivu), côtoient depuis le dernier week-end, près de deux cents familles nouvellement installées dans leur localité. Ils s’en plaignent déjà d’autant plus qu’ils n’arrivent pas à identifier ces hommes et ces femmes dont on dit, sans trop de précision, être des refugiés rwandais. À peine qu’ils ont franchi le territoire congolais, les deux cents familles se sont immédiatement établies dans la zone contrôlée par la rébellion du M23 au grand dam des autochtones. D’après des sources locales, le M23 empêcherait tout contact avec ces familles installées dans le camp de lépreux de Chengerero. « Nous avons eu peur de les identifier parce que les militaires M23 étaient tout autour du camp », a confié à l’AFP un activiste des droits de l’homme qui aurait, sans succès, tenté une incursion dans les périmètres où campent les familles concernées.

En tout cas, les avis divergent quant à l’identité de nouveaux venus. Pour le M23, « ce sont des familles de tutsis congolais qui avaient fui » les persécutions dont elles étaient victimes au Nord-Kivu pour se réfugier au Rwanda. Une thèse que refuse d’avaler la société civile du Nord-Kivu pour qui il s’agit là des réfugiés rwandais venus de Gikongoro, au Rwanda après leur refoulement de la Tanzanie début août. Appuyant cette assertion, le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku précise pour sa part que ces familles rwandaises étaient en situation irrégulière en Tanzanie d’où elles étaient chassées dans la foulée de la tension ayant envenimé sous peu les rapports diplomatiques entre Dodoma et Kigali. Pour les autochtones du Nord-Kivu, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il s’agit des familles rwandaises qui n’ont d’autre motivation que de s’installer en terre congolaise au nom de l’expansionnisme qui sous-tend l’action du pouvoir de Kigali.

C’est dans cette optique, soutient un communiqué de la société civile du Nord-Kivu, que le M23 procède actuellement au recensement des maisons et des champs dont les propriétaires sont en fuite à cause de la guerre. D’après cette source, l’objectif visé est de confier ces espaces demeurés vacants à ces rwandais venus de la Tanzanie. Il appartient donc aux autorités administratives du pays de veiller au grain pour ne pas cautionner une nouvelle colonie de peuplement au Nord-Kivu à l’instar de celle de 1994 opérée sous le mandat des Nations unies dans le cadre de l‘opération turquoise aujourd’hui devenue source d’instabilité pour l’est de la RDC.                

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Un camp des réfugiés rwandais expulsés de la Tanzanie