Grands lacs : cent millions de dollars d’exportations informelles entre 2012 et 2014Jeudi 7 Mai 2015 - 20:41 Il s’agit d’une des nombreuses opportunités pour arriver à bâtir une économie solide dans la région. Profitant de sa visite en RDC, la directrice générale et directrice des opérations de la Banque mondiale (BM), Sri Mulyani Indrawati, plaide en faveur d'une intégration régionale pour préserver la paix et la stabilité. Les statistiques des exportations informelles sont une preuve de la capacité de la région des Grands lacs à produire autre chose que la guerre. Ces chiffres se rapportent précisément aux échanges informels entre la RDC, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et l’Ouganda. Au total, 100 millions de dollars américains US générés entre 2012 et 2014. Par conséquent, le commerce régional fait vivre des millions de familles dans ces pays. Selon une étude sur le commerce transfrontalier dans la région, les femmes représentent la majorité des petits commerçants transfrontaliers. « Elles sont trop souvent victimes d’harcèlement et de violences sexuelles. Elles sont contraintes de payer des pots-de-vin pour vendre leurs produits », a renchéri Sri Mulyani Indrawati. Pour la directrice générale et ancienne ministre des Finances de l’Indonésie, les attentes existent bel et bien. « L’intégration régionale ne doit pas rester un concept abstrait, ni une opération périlleuse ». C’est son message essentiel à l'endroit des autorités congolaises. En effet, elle reste convaincue que la RDC trouvera un moyen de réduire la pauvreté et d’accentuer sa croissance économique en renfoçant son commerce international avec ses voisins et bien au-delà. La réhabilitation de l’aéroport de Goma, par exemple, représente une opportunité de créer un véritable réseau de transport vital pour les habitants de la région. Cela brisera leur isolement et renforcera leur moyen de contact avec les communautés voisines. Mais le plus important est sans doute l’impact réel sur le développement du secteur privé et le rétablissement des échanges commerciaux. La nouvelle approche de la BM consiste justement à recentrer l'action sur la prévention et la mise en place des solutions adaptées pas seulement à un pays mais à l’ensemble des pays de la région. C’est donc une approche plus globale. Concrètement, il faut rappeler à cet effet que la BM et les Nations unies ont lancé depuis 2013 l’Initiative en faveur de la région des Grands lacs. « Nous apportons un appui financier de près de 1,3 milliard de dollars amérciains en faveur des projets de développement de production d’électricité hydraulique, de transports, des technologies de l’information, du commerce, des services de santé et de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes et contre les déplacements forcés". a dit Sri Mulyani Indrawati. La BM apporte aussi un appui sans faille aux projets touchant le secteur de l’énergie pour accroître l’accès à cette précieuse source aux habitants de la région des Grands lacs. Pour le groupe de la BM, il est important que cet appui soit maintenu pour préserver la paix et la stabilité. Il est important aussi de continuer à améliorer les moyens de subsistance dans les zones frontalières, à favoriser les échanges transfrontaliers et à renforcer les relations économiques. Et cela exigera des investissements dans des secteurs aussi stratégiques que les infrastructures aéroportuaires et les principaux axes de circulation. À l’instar de la communauté des pays d’Afrique de l’est qui a réussi à doubler et à intensifier leurs échanges commerciaux, les Grands lacs se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins. Certes les accords de paix sont cruciaux pour mettre un terme aux conflits mais leur impact sera fort limité si l’on ne cherche pas à garantir la paix durable, à améliorer les moyens de subsistance, à développer l’emploi et à redonner confiance en l’avenir, a-t-elle conclu. Laurent Essolomwa Légendes et crédits photo :Photo 1 : Sri Mulyani
Photo 2 : La carte des Grands lacs |