WWF : l'ONG appelle l’Italie à contrer l’importation de bois tropical illégalLundi 9 Mars 2015 - 17:00 Le bois tropical coupé hors normes finance des guerres oubliées et accélère la déforestation. Il est devenu « le terrain de jeu de la criminalité organisée ». L’organisation non-gouvernementale WWF, le fonds mondial de préservation de la nature, brandit chiffres et menaces. Si rien n’est fait pour inverser la tendance des coupes de bois tropical actuellement, la superficie des forêts du Bassin du Congo et d’Amazonie se réduira de 50% dans seulement vingt ans ! Car n’importe quel bois est aujourd’hui abattu, tronçonner et mis au bateau pour un marché extérieur gourmand en bois. Un marché d’autant plus glouton que les bois d’œuvre et, surtout, l’industrie du papier, restent en surchauffe constante. Et, affirme le WWF, cette industrie prospère sur le dos des pauvres. Les pays développés ont érigé des normes en principe drastiques, mais la volonté politique fait jusqu’ici défaut pour les accompagner et amorcer un retournement vertueux de la situation. Ou, ce qui n’est pas peu, instillé une peur du gendarme suffisamment dissuasive. WWF-Italie attaque de front son gouvernement. « Le contrôle et la responsabilisation sont indispensables si l’on veut freiner la déforestation » qui ronge les deux bassins forestiers les plus importants, véritables poumons à oxygène de la planète. Or « l’Italie est l’un des cinq marchés majeurs de bois et de pâte à papier de l’Union européenne », accuse l’organisation. « C’est l’un des marchés principaux pour le bois provenant du Gabon, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, de la RD Congo, de Malaisie, d’Indonésie, de Russie, d’Ukraine et de Bosnie-Herzégovine. Autant de pays où subsiste une sérieuse préoccupation quant à la coupe illégale des forêts et la commercialisation des bois sans origine spécifiée » à leur arrivée dans les ports italiens. L’ONG interpelle donc le ministre de l’Agriculture, Maurizio Martina, l’invitant à « accélérer le processus devant conduire vers une application concrète de la règlementation européenne si l’on veut éviter que notre marché soit submergé par le bois et le papier de provenance douteuse devenu le terrain de jeux de la criminalité organisée. Elle reste intéressée par nature aux trafics illicites, un marché qui génère quelque 190 milliards de dollars par an ». WWW appelle à donner un sérieux coup d’accélérateur aux renforcement des contrôles. Cela passe notamment par l’urgence de la prise des décrets d’application qui dorment depuis des années dans les tiroirs. La colère des militants écologistes est allée grandissante la semaine dernière, conduisant notamment à la rupture des pourparlers que WWF-Asie menait avec le géant asiatique de la pâte à papier APP (Asia pulp & paper) pour une production papetière plus éthique. Or, le groupe est accusé de ne pas avoir fourni des explications convaincantes sur l’assassinat par des forestiers indonésiens d’un villageois de Jambi, dans l’île de Sumatra. WWF dénonce avec virulence ce qu’il appelle « du bois imbibé de sang ». Il appelle, par conséquent l’Italie, à ne pas conforter sa peu enviable position de « trou de la maille européenne par lequel transitent les bois illégaux ou de provenance douteuse ». L’organisation appelle à ne plus se contenter des vérifications superficielles. Elle fait part de sa perplexité devant la découverte, chaque jour, de bois précieux comme le teck de Birmanie, le wenge du Bassin du Congo et des bois indonésiens maculés de sang dans les ports italiens en Toscane ou en Sicile. Lucien Mpama |