Portrait : Fine Poaty, directrice du festival des arts de l'oralité Festi'45 à Orléans

Dimanche 8 Mars 2015 - 18:55

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Fine PoatyDe formation comédienne-conteuse-marionnettiste, Fine Poaty est installée à Orléans, en France, depuis 2007 après un bref séjour un an plus tôt à Grenoble. Convaincue que les meilleures passerelles à l’étranger sont constituées grâce à la culture, Fine Poaty s’affirme comme une militante dans le domaine : « Je suis une femme engagée dans la culture ». Son engagement lui a permis d’aller au-delà de la scène, de la production à la diffusion, et jusqu’au public « car, c’est le public qui m’intéresse aujourd’hui pour cultiver nos différences et s’en enrichir », estime l’artiste dont  la passion de l’art lui a été transmis par le professeur Léopold Ngoulou alias Ngougel : « il m’a servi sur un plateau la passion de l’art ».

Pourtant en France depuis une dizaine d’années, Fine a été intermittente du spectacle pendant 4 ans avec la compagnie La fabrique des petites utopies, à Grenoble, en tant que comédienne marionnettiste. Elle repart d’ailleurs en tournée avec la compagnie en mai, juin et août 2015.  Grâce à son travail, elle s’est imposée dans la sphère culturelle. « Il est difficile, dans la société actuelle, de se distinguer quand on est une femme, et pire encore une Noire et que l’on vit en France. J’ai transformé ces handicaps en atouts car la différence crée la richesse ; il faut savoir valoriser ses atouts. Je suis fière d’être Congolaise et je ne le cache pas à travers les projets que je mets en place », constate-t-elle.

Quelle différence entre un habitant et un citoyen ?

Fine s’est aussi armée des enseignements acquis en France. « Mon parcours m’a donné de l’expérience mais n’a rien facilité. La France est un pays de mérite. Rien n’y est facile et tout est à prouver. J’ai dû repartir sur les bancs de l’école pendant trois ans ; avec des diplômes français, on est plus légitime. Je suis une personne très dynamique et, à Orléans, il y a une phrase inscrite sur des grands panneaux que j’admire : « la différence entre un citoyen et un habitant : l’habitant habite, tout simplement, et le citoyen participe à l’amélioration des conditions de vie des habitants ». Et chaque jour, quand je me lève, je me pose la question : en quoi puis-je être utile à cette Franc ? Je ne compte que sur ce que je suis capable de faire, et surtout si c’est avec plaisir ».

Très jeune, estimant détenir la manière de s’exprimer librement par l’art, elle a monté sa compagnie de théâtre de marionnettes. Elle revendique également, avec fierté, avoir été la première personne, à initier le théâtre de la marionnette au Congo. Son travail a permis la création de l’Espace Culturel Marico. Aujourd’hui, plusieurs artistes congolais sont devenus marionnettistes grâce à cet espace.

Dans le même esprit que l’Espace Culturel Marico, Fine Poaty a créé, en France, le festival des arts de l’oralité Festi’45. La prochaine édition se tiendra les 22 et 23 mai à Orléans.

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Fine Poaty Crédit photo : Sébastien Ndjembo