Jean Baptiste Sitou : « la montée vertigineuse des effectifs scolaires ne va pas avec les structures d’accueil »Mercredi 15 Octobre 2014 - 13:15 Alors que la rentrée scolaire 2014-2015 a démarré le 1er octobre en République du Congo, le directeur départemental de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation de Pointe-Noire, Jean Baptiste Sitou, s’inquiète de l’insuffisance des structures d’accueil dans certains arrondissements. Il l'a fait savoir dans cet entretien. Les Dépêches de Brazzaville (LDB): M. le directeur départemental de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, l’année scolaire 2014-2015 a démarré le 1er octobre sur toute l’étendue du territoire national, peut-on affirmer que celle-ci a été effective à Pointe-Noire ? Jean Baptiste Sitou (JBS): Dès le 1er octobre la rentrée scolaire a été effective en ce qui concerne le personnel enseignant et administratif. Les élèves n’ont pas répondu effectivement les premiers jours, en dehors de quelques conscients qui ont pris les cours dans tous les établissements qui étaient ouverts dans notre département. Quelques jours plutard, les autres ont emboité le pas. Il faut le dire depuis la semaine dernière jusqu’à ce jour, la rentrée est effective dans tous les établissements de Pointe-Noire. LDB. M. le directeur, chaque année, dans tous les départements du Congo, l’on déplore le déficit du personnel enseignant, surtout ceux des langues étrangères; y a-t-il une amélioration cette année, précisément dans votre circonscription scolaire ? JBS. Cela est la toute grande question au niveau de notre système éducatif aujourd’hui, nous avons un réel problème des ressources humaines qui se pose. Les enseignants qualifiés qui ont été formés, jadis vont faire valoir leur droit à la retraite incessamment et les nouveaux qui arrivent sont en nombre insuffisant par rapport à la croissance de la population scolaire dans notre pays où, nous avons un taux de scolarisation très élevé, voir l’un des plus forts dans la sous-région d’Afrique sub-saharienne alors il se pose un problème d’enseignant. Cette année nous avons tenté une action qui a été vite rattrapée pour instituer une fonction publique territoriale. Nous comptons sur cet avenant au niveau de la fonction publique territoriale pour combler le déficit qui est aussi important s’agissant des enseignants des langues. Nous n’avons presque plus d’enseignant de russe, de chinois et d’espagnol. Le déficit est très criard à ce niveau et nous comptons sur ce que le ministre de l’Intérieur a promis, notamment l’institution de la fonction publique territoriale LDB. Le taux élevé des éffectifs scolaires n’est-il pas un problème ? JBS. L’accroissement de la population scolaire engendre le problème de structures d’accueil que nous n’avons pas assez dans le département. L’État congolais fait un effort pour réhabiliter ici et construire quelques salles de classe là mais, cela ne comble toujours pas les attentes des populations scolaires. À tel point que, dans certains quartiers périphériques et arrondissements, il y a des enfants qui ne vont pas à l’école jusqu’à l’âge de 8 ou 9 ans. Le cas de Vindoulou où, il n’y a pratiquement pas une école publique, alors que ce quartier est pris d’assaut par les populations. Il y a juste une petite école privée au début du quartier . Et, même si d’autres existaient, tous les parents n’ont pas les moyens pour inscrire leurs enfants dans ces écoles privées. Les capacités d’accueil ne repondent pas face à la montée vertigineuse des effectifs scolaires, surtout au lycée et à l’école primaire. LDB. Pourquoi les parents et élèves se bousculent-ils vers vos services en début de chaque année scolaire? JBS. Au début de chaque rentrée scolaire, la direction départementale délivre des transferts aux élèves qui changent d’établissement, pour des raisons qui leur sont propre ou, les élèves qui ont réussi au CEPE, concours ou BEPC, qui veulent aller dans d’autres établissements. Ces derniers passent par les services de la direction départementale pour obtenir leur transfert. Quant aux inscriptions, elles se font au niveau des établissements. Cette obligation est réservée aux chefs d’établissement qui connaissent la capacité d'accueil de leurs structures. Toutefois, ces responsables d’établissement nous écrivent pour demander la suspension des transferts, parce qu’il n’y a plus de places. Et, même si nous n’avons plus de place se sont des enfants congolais, nous devons nous débrouiller avec les moyens de bord mis à notre disposition. LDB. Le train étant déjà en marche quel est votre message à l’endroit des parents et surtout aux élèves qui préparent les examens d’Etat et concours? JBS : le message est clair, l’examen se prépare dès le premier jour de la rentrée. Il ne faut donc pas attendre la fin du premier trimestre ou du troisième trimestre pour prétendre préparer un examen d’État. C'est dire que dès le premier jour, le train doit être pris à la gare du départ le 1er octobre et descendre à la gare d’arriver le 30 juin, avec à la clé le diplôme souhaité dans la poche. Les parents doivent alors s’approprier de l’école car, pour qu'elle marche, il faut que cette structure vitale soit accompagnée, notamment les parents d’élèves. Et ensemble, nous allons mener cette action de l’encadrement des enfants à la maison et à l’école. Il s'agit en effet de suivre leurs mouvements, leur travail pour déceler les failles au cours de l’année scolaire au lieu d’attendre la fin de l’année et la rentrée scolaire prochaine pour dire que l’enfant n’avait pas reçu tel ou tel autre bulletin. LDB. Aviez-vous un appel à lancer à l'endroit des pouvoirs publics ? JSB : Notre grand souhait est que le gouvernement s’attèle à nous fournir des enseignants dans le département. Car, Pointe-Noire est un grand département scolaire dont les besoins en matière d’éducation sont énormes et qu’il faut combler. Voilà le message que je peux adresser à tous les usagers de l’école à savoir les pouvoirs publics. Charlem Léa Legnoki Légendes et crédits photo :Jean Baptiste Sitou "crédit photoadiac" |