Bancarisation de la paie : la phase difficile de la réforme

Mardi 12 Août 2014 - 14:50

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Plus de trois ans après, le processus initié un certain mois d’août devrait franchir une nouvelle étape avec le retrait de l’État de la prise en charge des comptes opérationnels appartenant aux agents et fonctionnaires. 

Après la confiance des bénéficiaires en cette réforme majeure réalisée sans une assistance technique extérieure, la gestion de comptes doit passer désormais sous la responsabilité des bénéficiaires eux-mêmes, en l'occurence les agents et fonctionnaires de l’État. En ce mois d'août d'ailleurs fort symbolique, le bilan tiré jusque-là demeure plutôt positif. En effet, la bancarisation de la paie du personnel public a permis de mettre fin à la perception régulière, en rendant possible le versement des salaires dans leur totalité. Au-delà, l’Etat a pu avoir une maîtrise de ses effectifs et surtout de la masse salariale. Il n’y a plus de prétexte à toute sorte de prélèvements sur les salaires au titre, par exemple, des frais de transports. Auparavant, lors de la paie manuelle, l’on pouvait compter jusqu’à une dizaine d’intervenants entre le trésor et le bénéficiaire.

Cette bancarisation a permis également de mettre fin également au mythe qui voulait que les banques soient considérées en RDC comme l’apanage des riches et des opérateurs économiques, un pas déterminant dans l'intégration financière plus inclusive. L’ouverture des comptes bancaires a eu pour effet de contribuer à la hausse du taux de bancarisation, et même de mettre à la disposition des agents et fonctionnaires tous les avantages possibles, notamment le crédit, les cartes bancaires, le découvert bancaire, etc. Selon les sources bancaires, l’on a approché les 600 000 comptes ouverts, hormis ceux des policiers et militaires. En y intégrant ces derniers effectifs, l’on approcherait le million de nouveaux clients. 

Avec cette vague de nouveaux clients, la réforme n’est pas encore arrivée à son terme d'autant qu'elle doit s'étendre progressivement sur l'étendue du territoitre national. En juillet dernier, près de 74% d’agents et fonctionnaires étaient payés par voie bancaire. S’il est vrai qu’il y a encore du chemin à parcourir, il est tout aussi vrai que l’appropriation du processus par les bénéficiaires eux-mêmes ne sera pas facile. L’idée est de les pousser à profiter du secteur bancaire et à se prendre en charge. Selon l’accord conclu entre l’État et les banques, il était prévu une rétribution des prestations des banques en matière de paie des agents et fonctionnaires. Le montant arrêté couvrait l’ouverture et la gestion des comptes. Pour nombre d'analystes financiers, il est important de mettre toutes les batteries en marche pour sensibiliser suffisamment les bénéficiaires des services bancaires, et il revient au gouvernement de veiller à ce que les frais à dégager ne constituent pas un poids qui viendrait davantage asphyxier les agents à revenu modeste.

Laurent Essolomwa