Agriculture : des acteurs échangent sur les moyens de promouvoir le potentiel agricole nationalSamedi 24 Mai 2014 - 15:14 Une table ronde axée sur la promotion de l’agriculture au Congo s’est tenue le 23 mai dans la salle de conférence de la Chambre de commerce, structure organisatrice de l’activité en partenariat avec l’Ong française AGM (Afrique grenier du monde) Il s’est agi pour les acteurs du domaine, dont Jean Fulgence Mouangou, directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture et de l’élevage et Charlotte Libog, présidente d’AGM (ONG française qui joue le rôle d’accompagnateur et de facilitateur dans la recherche de partenariat et de financement de projets agricoles), de voir comment promouvoir le potentiel agricole et booster l’agriculture du pays. Seulement 4% des sols congolais mécanisables sont utilisés Il ressort des débats que le Congo dispose d’un potentiel agricole important qui n’est malheureusement pas exploité. Sur 100% de terres mécanisables qu’il possède 4% seulement sont utilisées. L’agriculture se pratique encore avec du matériel archaïque (houe, machette…). La production étant faible le pays importe à 85% les produits alimentaires. Comme dans d’autres pays d’Afrique, l’agriculture congolaise est confrontée à plusieurs difficultés : déficit en personnel et en matériel, manque de formation adéquate, difficultés d’accès aux financements et à la terre, absence d’une bonne politique agricole… « Nous élaborons des projets, nous prenons des initiatives mais il nous manque de soutien. Les institutions financières de la place ne veulent pas nous accorder des crédits. Au niveau de Pointe-Noire, les terres qui servaient aux agriculteurs ont été récupérées par les propriétaires fonciers qui les ont vendus», a déploré André Miékoutima, agriculteur dans le village Mongo-Tandou (département du Kouilou). Celui-ci a été soutenu par Wilfrid Koutiki évoluant dans l’agropastoral dans le domaine d’Agricongo : «L’agriculture et l’élevage vont mal dans le pays. Les fonds qui nous sont destinés vont dans les poches de ceux qui ont déjà les moyens et aucun centime n’arrive chez le petit agriculteur. Il faut une réelle volonté politique pour changer les choses», a-t-il dit. Du côté de l’agroalimentaire, les choses ont du mal aussi à se mettre en place. Pour Marcelline Koutatouka, agronome, experte en agroalimentaire, il n’existe pas réllement un secteur agroalimentaire au Congo. L’agroalimentaire artisanal qui se met timidement en place rencontre aussi des difficultés en matière d’équipement, d’emballage et de formation. Il se pose aussi le problème de certification comme l’a mentionné Marcelline Koutatouka: « Nous fournissons beaucoup d’efforts pour transformer les produits et les faire connaître malgré nos maigres moyens mais la population préfère acheter ceux venant d’ailleurs. C’est peut être parce que nos produits ne se font pas selon les normes internationales. Mais nous n’avons pas de moyens pour les certifier.» Certes que l’agriculture congolaise est confrontée à plusieurs difficultés mais, a indiqué Jean Fulgence Mouangou, elle est en cours de modernisation. Pour lui, la volonté politique de soutenir les agriculteurs y est puisque des programmes destinés à développer l’économie du pays ainsi que le secteur agricole ont été mis en place. On peut citer : le DSCERP (Document de stratégie pour la croissance, l’emploi et la réduction de la pauvreté), le PDARP (Projet de développement agricole et de réhabilitation des pistes rurales) et le FSA (Fonds de soutien à l’agriculture) qui, comme la formation, est en cours de restructuration. « L’agriculture est considérée comme la base de l’industrialisation du pays dans le DSCERP », a-t-il dit. Pour ce qui est de l’accès à la terre, il a informé que la zone d’emprise de la nationale N°1 a été retenue. Quels projets ? Parmi les projets destinés à redynamiser le secteur de l’agriculture figure aussi le Pronar (projet national d’afforestation) qui offre des opportunités aux petits agriculteurs ayant la possibilité de présenter des projets bien spécifiques. Il s’agit, a précisé Mankessi du Pronar, des projets agroforestiers (avec association de cultures). Pour pallier les difficultés et booster le secteur de l’agriculture, les participants ont suggéré : la mise en place des chambres froides positives pour la conservation des produits, faciliter l’accès à la terre, refonder et professionnaliser les métiers de l’agriculture, faciliter l’accès aux crédits, doter les agriculteurs de matériel adéquat, réhabiliter plus de pistes agricoles, structurer les marchés, l’organisation des agriculteurs en groupement. Par ailleurs, Jean Fulgence Mouangou a exhorté les agriculteurs à la bonne gestion du matériel mis à leur disposition (tracteurs, chambre froides positives et autres) pour une meilleure production, à prendre en compte les compétences locales. Des stratégies pour avancer Pour Charlotte Libog, il faut redonner de la valeur aux petits producteurs qui a un rôle important à jouer dans la relance de l’agriculture. La présidente de l’AGM a évoqué la nécessité de consommer les produits locaux et encouragé les agriculteurs à avoir une vision à long terme. Pour elle, ceux-ci devraient aussi s’intéresser à l’agroécologie et se constituer en réseau en vue de bénéficier de plus d’appui. L’AGM entend jouer son rôle de facilitateur dans la recherche de partenariat et de financement pour aider les agriculteurs à la réalisation des projets à court et moyen terme. Elle entend aussi contribuer à rendre leurs produits visibles via internet pour des achats directs et sans intermédiaires. Pour ce qui est des financements, la micro finance Microcom, a informé son responsable commercial, est en train de mettre en place un crédit destiné aux agriculteurs pour leur permettre de régler certains problèmes internes. Plusieurs autres projets pouvant contribuer à la promotion de l’agriculture au Congo ont été présentés (énergie solaire, construction de tracteurs sur place…). Lucie Prisca Condhet N’Zinga |