Fati Niang : « Il faut croire en ses rêves ! »

Lundi 3 Mars 2014 - 1:30

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C’est aux Dépêches de Brazzaville que la star montante de la gastronomie africaine se confie sur son parcours, son expérience et ses projets. Cette mère entrepreneuse est à l’origine du premier food-truck africain (camion adapté vendant de la nourriture) sillonnant Paris

 

Fati NiangLes Dépêches de Brazzaville : Présentez-vous en quelques mots…
Fati Niang : Je suis la fondatrice de Blackspoon. J’ai grandi et je suis née en région parisienne. J’ai fait des études commerciales et plusieurs formations pour affiner mon parcours. Étant l’aînée d’une grande famille, j’ai appris à cuisiner les plats sénégalais très tôt. Je connais les recettes sénégalaises grâce à ma mère, et c’est elle qui m’a enseigné mes premiers pas en cuisine et qui m’a donné l’envie de transmettre ce savoir.

LDB : Comment avez-vous eu l’idée du food-truck ?
Au départ, je voulais créer un restaurant africain, mais les quartiers parisiens dans lesquels je voulais m’installer coûtent extrêmement cher. Le phénomène des food-trucks est venu des New-Yorkais qui ont créé les premiers camions de burgers dans les quartiers d’affaires. Je me suis dit pourquoi ne pas l’adapter à la gastronomie africaine ! Après avoir eu cette idée, il y a un peu plus d’un an, j’ai commencé à travailler ce nouveau projet professionnel et j’ai fait de nombreuses études de marché pour découvrir avec étonnement qu’il n’y en avait pas en France. Cette solution était donc la meilleure. Je garde en tête mon projet initial qui est d’ouvrir un restaurant de gastronomie africaine digne de ce nom. Mais je suis heureuse de constater que le food-truck fonctionne bien et que les investisseurs s’y intéressent.

LDB : Comment est composée votre équipe et comment avoir une cuisine de qualité à bord d’un camion ?
Je travaille avec une équipe nouvelle et dynamique. Nous voulons montrer que la gastronomie africaine peut être élégante et ne se sert pas dans des assiettes en plastique (rires). Comme la restauration n’est pas mon métier de base, je voulais prendre des raccourcis efficaces tout en faisant les choses bien. Je travaille avec un chef cuisiner qui a 25 ans d’expérience. Le chef prépare tous les matins les plats que je vais chercher avant de les vendre à l’heure du déjeuner. En plus de cela, nous faisons une petite cuisine dans le food-truck. Nous travaillons avec la société Moriba saveurs d’Afrique qui a un packaging design, et c’est ce que l’on recherchait pour nos boissons.

LDB : Que pensez-vous des restaurants « africains » en France ?
Honnêtement, je ne les trouve pas bien représentés… Cela reste un repas d’exception. Les gens n’y vont pas pour y manger quotidiennement, c’est toujours une sortie de découverte. Malgré nos grandes communautés en France, nous ne représentons qu’une niche sur le marché de la gastronomie. Par exemple, je ne connais pas les plats sud-africains. Nous sommes tout petits sur le marché de la restauration, alors qu’avec tous nos pays nous devrions avoir un large choix. C’est pour cela que je veux promouvoir la gastronomie africaine.

LDB : Est-ce dur d’être une femme noire dans ce milieu de l’entrepreneuriat et de l’innovation ?
Effectivement, j’ai dû redoubler d’efforts, car les investisseurs sont méfiants et n’ont aucune confiance dans notre projet, ils pensent vraiment que les femmes ne savent pas compter (rires). Avec la banque, c’est toujours compliqué : pour eux, c’est toujours risqué. L’État m’a été d’une aide précieuse. L’important, c’est de porter son projet à bout de bras.

LDB : Vous avez des conseils à donner à tous les jeunes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Il faut persévérer, vraiment s’accrocher : cela demande beaucoup de travail. En plus d’être maman de deux enfants, je suis mon propre boss à plein temps, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept ! Cela nécessite beaucoup d’ajustements et d’organisation. En tant que femmes, nous devons prouver que nous sommes capables en redoublant d’efforts. Pour ne pas se laisser déstabiliser, il faut montrer deux fois plus de rigueur et toujours rester professionnelle quand on est une femme. Il faut croire en ses rêves !

Fati Niang est une jeune entrepreneuse d’origine sénégalaise, fondatrice du premier food-truck de gastronomie africaine dénommé Black Spoon.

Propos recueillis par Grâce Loubassou

Légendes et crédits photo : 

Fati Niang, restauratrice ©DR