France : le Cran poursuit l'État et Spie pour crime contre l'humanité

Mercredi 26 Février 2014 - 10:45

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Selon l’AFP, le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a assigné, mardi 25 février, pour « crime contre l’humanité » l’État et le groupe Spie, accusés d’avoir recouru au travail forcé au Congo dans les années vingt pour construire une ligne ferroviaire

Louis-Georges Tin, président du Cran

Le Chemin de fer Congo-océan (CFCO), qui relie Brazzaville au port de Pointe-Noire (512 km), a été construit entre 1921 et 1934 par la Société de construction des Batignolles pour le compte de l'État français.

« Des civils ont été embarqués de force pour alimenter les chantiers », a expliqué l'historien Olivier Le Cour Grandmaison lors d'un point-presse. « Au moins 17 000 indigènes sont morts en raison des conditions de transport et de travail ».

« Le travail forcé était une forme de l'esclavage déguisée », a ajouté Louis-Georges Tin, président du Cran. L'association agit donc sur la base de la loi Taubira de 2001 qui, en qualifiant l'esclavage de crime contre l'humanité, l'a rendu imprescriptible.

Elle a engagé une action au civil devant le tribunal de grande instance de Pontoise contre l'État et les trois entités issues de la société des Batignolles : Spie, Spie-Batignolle et Clayax Acquisitions.

« Nous demandons au président du TGI de nommer un collège d'experts judiciaires aux frais de Spie pour évaluer l'ampleur du préjudice subi », a expliqué Me Norbert Tricaud, avocat de l'association. Le Cran demande aussi la création « d'un fonds d'indemnisation des victimes », qui finance un travail de mémoire.

Le travail forcé n'a été interdit qu'en 1946 par une loi portée par Félix Houphouët-Boigny, l’ancien président ivoirien. Selon Olivier Le Cour Grandmaison, « l’essentiel des infrastructures réalisées dans les colonies l'ont été en recourant au travail forcé, qui a vraisemblablement concerné des millions de personnes ».

Le Cran, qui milite pour obtenir des réparations pour les descendants d'esclaves, multiplie les actions judiciaires - dont l'issue est très incertaine - pour faire avancer sa cause.

En mai, il avait assigné la Caisse des dépôts et consignation (CDC) et l'Etat, accusés de s'être enrichis grâce à l'esclavage. Le dossier vient d'être retiré du greffe par Me Tricaud qui compte le compléter.

Conseil représentatif des associations noires de France (Cran)

http://www.le-cran.fr/

Contact : tin@le-cran.fr

Tél. : 00 336 19 45 45 52

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Louis-Georges Tin, président du Cran (© DR).