Rapports État-Église : le pasteur protestant David Ekofo en exil forcé

Depuis qu’il avait pris la liberté d’interpeller la classe politique congolaise lors du culte célébré le 16 janvier, à l’occasion de la commémoration du 17e anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le pasteur protestant David Ekofo avait de bonnes raisons de craindre pour sa sécurité. Ses proches affirment que depuis lors, il avait été abandonné par sa hiérarchie et livré à la merci des éléments de sécurité qui, selon des indiscrétions, étaient à ses trousses.

Le discours osé et interpellateur du pasteur, articulé sur l’inexistence de l'État sur fond d’un appel pressant au véritable nationalisme, n’était décidément pas du goût des autorités qui l’ont mal digéré. Craignant les représailles pour avoir dit tout haut ce que les autres pensent tout bas, le pasteur Ekofo a carrément pris l’option de quitter le pays pour se mettre à l’abri de toute déconvenue.

Dans la pure discrétion, alors qu’on s’attendait le moins, l'homme de Dieu qui s’est mis involontairement au devant de la contestation, s’est donc envolé pour les États-Unis d’Amérique après un court transit à Goma, et à Entebbe, en Ouganda. C’est à bord d’un vol de la Monusco qu’il a quitté Kinshasa, laissant dans l’expectative toute la communauté de l'Église protestante demeurée depuis le 4 février sans ses nouvelles. Ce qui a justifié le cri d’alarme lancé par l'Église du Christ du Congo (ECC), informant l’opinion nationale sur l’absence du pasteur Ekofo.

Dans son communiqué, l’ECC demande aux autorités de ne ménager aucun effort pour l’informer de la situation de son pasteur et aux fidèles protestants de prier pour lui et pour la paix en République démocratique du Congo. Doit-on conclure que le pasteur Ekofo se trouverait en état d’exil forcé ? La question reste posée.