Parc national de Conkouati Douli : les populations du Kouilou sollicitent l’assistance de l’État

Mercredi 29 Janvier 2014 - 17:00

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Créé par le décret présidentiel n° 99-136 bis du 14 août 1999, ce Parc national représente un véritable problème pour les habitants des villages de la sous-préfecture de Nzambi, dont les activités principales sont la chasse, l’agriculture et la pêche

Depuis sa création dans le département du Kouilou, à une centaine de kilomètres au nord de Pointe-Noire sur la côte atlantique du Kouilou, en bordure de la frontière gabonaise, sur une superficie de 504.950 ha, les habitants des villages situés le long du parc parmi lesquels, Mpélla, Sia-Louvakou et Tchibota, vivent dans la misère et l’angoisse. Le chef du village Sia-Louvakou, Antoine Boulou, et celui de Mpélla, Gilbert Magnoungou, ont fait entendre la détresse de ces populations lors d’un entretien avec les Dépêches de Brazzaville.

« Nous ne chassons plus depuis quelques années à cause du parc qui a été créé dans notre district et nous avons respecté la loi pour conserver les espèces. Mais le problème, c’est que même la culture de manioc, qui est notre aliment de base, on ne peut plus en faire à cause des éléphants qui dévastent nos champs », s’est indigné le chef du village Mpélla, Gilbert Magnoungou. D’après lui, les habitants dépendent totalement de Pointe-Noire où ils vont s’approvisionner en riz, en foufou et en poisson salé pour survivre. « Aujourd’hui pour avoir même 5.000 FCFA par famille, il faut attendre au moins 4 mois. Un autre problème est la scolarisation des enfants que nous n’arrivons pas à assurer par manque d’activité », a-t-il ajouté. « Je demande au gouvernement d’envoyer une délégation pour venir toucher du doigt la réalité car nous avons déjà présenté plusieurs fois nos doléances auprès du préfet et du sous-préfet mais nous n'avons pas eu de suite favorable », a-t-il conclu.

De son côté, Antoine Balou a souligné : « Nous avons aussi proposé au gestionnaire du parc de nous nourrir avec l’argent des touristes en remettant chaque mois à toutes les familles un sac de riz, du foufou et du poisson salé. Il ne veut pas. En revanche, il a essayé de nous mettre en groupement mais malheureusement ces activités ne répondent pas et finalement nous n’avons aucune autre activité en dehors de la pêche. » Il s’inquiète pour l’avenir du village Sia-Louvakou, car de nombreuses familles quittent les villages pour la ville ou pour d’autres districts. En outre, le transport est difficile entre Pointe-Noire et Nzambi, et il faut compter 6.000 FCFA pour le billet aller-retour.

Esther Makosso optimiste pour l’indemnisation des familles victimes

Interrogée sur la question, le sous-préfet de Nzambi, Esther Makosso, reste optimiste quant à l’indemnisation des populations victimes des champs dévastés par les pachydermes. « De nombreuses familles sortent en masse pour aller vers des endroits meilleurs puisque leur principale activité qui était l’agriculture, leur manque, mais nous faisons tout pour les retenir. Par ailleurs d’autres attendent l’indemnisation par l’État de leurs champs dévastés. C’est pourquoi, je lance un appel pour que les ministères concernés pensent à l’indemnisation des populations victimes », a-t-elle indiqué, tout en rappelant qu’une première tranche avait été versée en 2009. « J’espère que la deuxième tranche va arriver », s’est-elle rassurée.

Situé à une centaine de kilomètres au nord de Pointe-Noire, le Parc national Conkouati Douli est géré par World Conservation Society avec le gouvernement congolais. Sa particularité est d’être ouvert sur l’océan et d’accueillir aussi bien des poissons d’eau douce que des poissons d’eau salée, paradis des pêcheurs sportifs. Son intérêt consiste en la présence de lamantins et de tortues de mer, parmi lesquelles, la tortue luth, la plus grosse espèce de tortue marine connue, pouvant atteindre 2 mètres pour 350kg et dont le parc de Conkouati représente la deuxième zone de nidification au monde. Les mammifères sont également très présents, en dehors des éléphants. On y trouve des chimpanzés, des buffles et des antilopes.

 

Charlem Léa Legnoki

Légendes et crédits photo : 

Gilbert Magnoungou, chef du village Mpélla (à gauche) et Antoine Boulou, chef du village Sia-Louvakou. "photo adiac"