Sud-Kivu : situation toujours tendue à Uvira

Jeudi 28 Septembre 2017 - 16:54

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De violents affrontements se poursuivent dans la deuxième grande ville de la province du Sud-Kivu entre les Maï Maï Yakutumba et les Fardc qui tentent de reprendre le contrôle des localités passées entre les mains de ce groupe armé.   

Uvira, la deuxième ville de la province du Sud-Kivu située aux abords du lac Tanganyika est le théâtre depuis mercredi d’affrontements à l’arme lourde entre les Fardc et les rebelles Maï Maï Yakutumba de la Coalition nationale du peuple  pour la souveraineté du Congo (CNPSC). Le calme, qui règne actuellement dans cette cité après que les Fardc ont réussi à repousser cette horde d’assaillants dans leur tentative de prise de cette ville, est simplement précaire. Rien ne rassure que ces assaillants, repliés sur les collines surplombant la cité, ont renoncé définitivement à leur plan d’attaque. La situation est encore tendue dans la ville. La ligne de combat se serait déplacé entre Makobola 1 et Uvira distant de plus ou moins 20 kim, renseigne-t-on. La psychose est encore perceptible parmi la population qui ne s’est pas encore remise totalement de ces moments troubles.

La présence des Fardc a été renforcée à certains endroits comme pour parer à toute éventualité. Outre les militaires positionnés un peu partout, les véhicules blindés de la Monusco sillonnent les artères pour dissuader des nouvelles incursions. Tout le monde est, pour ainsi dire, aux aguets avec un sentiment mêlé d’inquiétude, d’angoisse et d’interrogations sur ce qui pourrait arriver. La crainte que cela recommence passe pour un sentiment largement partagé dans la cité, nonobstant les assurances de l’armée qui rapporte avoir le contrôle de la situation. Dans leur repli stratégique, les rebelles Maï Maï peuvent toujours se reconstituer et s’organiser en perspective d’une nouvelle attaque, pense-t-on. La peur au ventre, la population tente tant bien que mal de faire revivre sa ville en rouvrant le commerce, les bureaux, les banques, les écoles, les hôpitaux, les débits de boissons et en reprenant le trafic routier interrompu. L’onde de choc a été également ressentie à Bukavu, le chef-lieu de la province du Sud-Kivu où les habitants sont d’ores et déjà sur le qui-vive.

Pour l’heure, les Fardc tentent de récupérer les localités et groupements passés entre les mains des Maï Maï Yakutumba qui, dans leur croisade sur Uvira, avaient conquis plusieurs villages. L’on parle, entre autres, de l’agglomération de Mboko, chef-lieu du secteur de Tanganyika en territoire de Fizi. Il est également fait état de la présence de ces miliciens dans les localités de Swima, Kabumbe, Munene, Kasekezi et Makobola, dans le groupement de Babungwe-nord. Des affrontements en perspective donc entre les Fardc et les Maï Maï pour le contrôle de ces localités aujourd’hui déstabilisées sur le plan sécuritaire. Pour rappel, des hommes armés arrivés par bateaux avaient lancé une attaque tôt le jeudi 28 septembre contre la ville d’Uvira située au bord du lac Tanganyika. L'armée régulière a riposté et a détruit deux embarcations des assaillants qui dans leur débandade, se sont repliés les hauteurs des collines surplombant la ville. 

La CNPSC est un mouvement fondée en 2013 et emmené par un ex-officier des Fardc en rupture de ban. Originaire du territoire de Fizi au Sud-Kivu, le commandant William Amuri, alias Yakutumba, quitte l'armée en 2007. Aujourd'hui, il affirme disposer de dix mille hommes répartis sur deux fronts : l'un au nord vers Uvira et l'autre au sud vers Kalemie. Son mouvement, qui se nourrit notamment des taxes prélevées dans les zones minières, affirme mener une « guerre de libération » et Uvira n'est qu'une étape dans son plan de conquête du pays.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le centre d'Uvira quelques heures après l'incursion des rebelles

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