Référendum : la majorité bat en retraite

Jeudi 14 Septembre 2017 - 19:30

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Le porte-parole de la majorité présidentielle, André Alain Atundu Liongo, a fait savoir au cours d’un point de presse animé mercredi à Kinshasa que la famille politique du chef de l’État n’a jamais levé une telle option. Et d’ajouter que le Bureau politique, la seule instance habilitée à prendre position au nom de la plate-forme présidentielle, n’a mandaté personne pour défendre un quelconque projet de référendum.

 

 

 

Référendum, le mot était il y a peu sur toutes les lèvres. La rumeur publique faisait état de la volonté de la coalition au pouvoir de soumettre ce projet au souverain primaire afin de faire sauter quelques dispositions constitutionnelles qui empêchent l’actuel chef de l’État à se représenter pour un troisième mandat. L’effervescence, qui avait gagné les esprits au sein de la majorité présidentielle (MP) où certains cadres n’hésitaient plus à s’afficher comme soutenant cette approche, avait éveillé quelques soupçons. La dernière sortie médiatique de Prince Willy Mishiki (un allié de la majorité), qui ne s’est pas fait prier pour louer un tel projet censé, selon lui, résoudre définitivement la crise politique en RDC, avait suffi pour convaincre l’opinion sur la volonté de la majorité présidentielle de changer la donne constitutionnelle via le référendum.

Cette campagne amorcée de manière sournoise par la famille politique de Joseph Kabila n’a hélas pas trouvé du répondant auprès de la population qui paraît avoir d’autres préoccupations. Bien plus, la campagne n’a pas produit l’effet escompté à la suite de la contradiction apportée par l’opposition qui, à coup d’arguments juridiques, a démontré l’inutilité d’une telle démarche qui n’a pas sa raison d’être dans le contexte politique de l’heure. À l’Union pour la nation congolaise (UNC), on soutient que « tout référendum sur les dispositions verrouillées de la Constitution est constitutif de coup d’État constitutionnel ». Aussi le projet référendaire caressé par la majorité viserait-il à rompre l’équilibre sociopolitique obtenu à Sun City après la partition du pays et la disparition de tant des Congolais à la suite des guerres de rébellion, pense-t-on. Si la MP persistait dans sa logique de changer la Constitution, fait-on observer, elle porterait la responsabilité devant l’histoire des conséquences qui en résulterait.

Autre argument développé par l’opposition consiste à dire que l’entreprise de révision ou de modification de la Constitution est l’œuvre d’un pouvoir légitime. Or, aujourd’hui la RDC ne dispose d’aucune institution légitime tant au niveau national que provincial. Ce qui la met à porte-à-faux vis-à-vis d’une action censée être revêtue du sceau de la légalité. Embrayant sur ce registre, la Monusco a, par l’entremise de sa porte-parole, jugé d’inopportune l’organisation d’un référendum dans le contexte politique actuel du pays. Rappelant les dispositions pertinentes de l’Accord de la Saint-Sylvestre qui interdit l’organisation d’un référendum pendant la période de transition, Fabienne Pompey a, au cours du dernier point de presse hebdomadaire de la Monusco, indiqué :  « La tenue d’un référendum serait un retour en arrière d’autant plus que le compromis politique du 31 décembre 2016 a fait objet d’un consensus de l’ensemble de la classe politique ».

Acculée de toute part, la MP a finalement dû battre en retraite. Est-ce que ce projet a-t-il germé, oui ou non, dans la tête des cadres de ce regroupement politique ? En tout cas, la tendance là-bas est de rejeter ou mieux d’ignorer carrément cette perspective qui n’aurait jamais constitué une source de préoccupation dans la plate-forme présidentielle, à en croire son porte-parole Alain Atundu. «Je n’ai jamais reçu l’ordre de l’autorité morale, ni du secrétaire général, ni encore moins du bureau politique, d’inscrire la majorité sur la voie des préparatifs d’un quelconque référendum », s’est-il contenté de dire mercredi dernier lors d’une conférence de presse.

Au fait, selon lui, tout n’est que pure spéculation. À la suite de ce cinglant démenti de la MP, tout porte à croire que les uns et les autres, tant du côté de l’opposition que de la majorité, ont finalement intégré dans leur subconscient la nécessité de mettre le cap sur l’organisation des élections avec, en prime, la publication d’un calendrier électoral accepté par toutes les forces politiques et sociales du pays.

 

 

 

Alain Diasso

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